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échauffer

vt (é-chô-fé)
  • 1Rendre chaud. Le soleil échauffe la terre. Les oiseaux échauffent leurs petits sous leurs ailes.
  • 2Causer un excès de chaleur dans l'économie animale. Les liqueurs alcooliques échauffent le corps.

    Absolument. Ce n'est pas par la nature des aliments que le maigre échauffe. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Dans le langage vulgaire, se dit pour constiper. Certains aliments échauffent.

    Terme de vénerie. Échauffer les faisans, leur donner une nourriture échauffante, afin d'exciter à la ponte les jeunes femelles.

  • 3Il se dit aussi de l'action qui cause une sorte de fermentation et d'altération dans les substances organiques. Ils y contractaient une moisissure, une espèce de mousse qui les échauffait. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]
  • 4 Fig. Échauffer quelqu'un, lui donner une sorte de chaleur morale qui l'excite, l'enflamme, l'irrite. S'il est prompt et bouillant, le roi ne l'est pas moins ; Et comme à l'échauffer j'appliquerai mes soins.... [Corneille, Nicomède] Laissons cette matière qui t'échauffe un peu trop. [Molière, Critique de l'école des femmes]

    Il se dit aussi des choses. Pour échauffer notre amour. [Bossuet, Euch. 3] Échauffant par mes pleurs ses soins trop languissants. [Racine, Bajazet] Échauffer mes transports trop lents, trop retenus. [Racine, Phèdre] Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Et de sang tout couvert échauffant le carnage. [Racine, Andromaque]

    Absolument. Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil de l'hiver. [Vauvenargues. Max. CLIX.]

  • 5 Familièrement. Échauffer les oreilles, impatienter, irriter. Retire-toi, te dis-je, et ne m'échauffe pas les oreilles. [Molière, L'avare] Qu'elle ne vienne pas m'échauffer les oreilles. [Molière, Les femmes savantes]

    Échauffer le sang, la bile, la tête à quelqu'un, l'irriter. Mes yeux sont trop blessés ; et la cour et la ville Ne m'offrent rien qu'objets à m'échauffer la bile. [Molière, Le misanthrope] Si vous m'échauffez la tête, je vous ferai rire d'une autre sorte. [Molière, L'avare] Il ne fallait pas grand'chose pour leur échauffer la tête. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 6 Terme de vénerie. Échauffer la voie, la suivre avec ardeur.
  • 7 Terme de manufacture. Échauffer une étoffe, la rider en la foulant trop.
  • 8S'échauffer, vpron Devenir chaud. Les continents s'échauffent pendant l'été. Il avait la fièvre et ne put s'échauffer auprès d'un bon feu. Pulchérie répétait des vers, en se promenant à grands pas pour s'échauffer. [Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 531, dans POUGENS]
  • 9Se donner une irritation. Ne courez pas tant, vous vous échaufferez. Il s'est échauffé en travaillant trop.

    On dit de même : Il est trop sédentaire ; son sang s'échauffe.

  • 10 Fig. S'animer, s'exciter. Puisque chacun, dit-il, s'échauffe en ce discord. [Corneille, Horace] Tu me contais alors l'histoire de mon père ; Tu sais combien mon âme, attentive à ta voix, S'échauffait au récit de ses nobles exploits. [Racine, Phèdre] Mon homme s'échauffa là - dessus d'un zèle dévot. [Pascal, Les provinciales] Un homme s'échauffe lui-même par de faux raisonnements. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même] À mesure qu'il s'échauffait contre l'Église. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] On dira peut-être que le sujet ne valait guère la peine qu'on s'échauffât ; car de quoi s'agissait-il ? de savoir si les fleurs et les fruits suffisaient pour établir les genres.... [Fontenelle, Eloge des académiciens] Puis, s'échauffant peu à peu, il se répandit en reproches et en injures contre les Romains en général et personnellement contre Quintius. [Rollin, Histoire ancienne] Le peuple s'échauffera pour un acteur comme il aurait fait pour les affaires. [Montesquieu, L'esprit des lois]
  • 11Se mettre en colère, s'emporter. C'était se moquer que de s'échauffer ainsi pour rien. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    S'échauffer en son harnois, parler de quelque chose avec beaucoup de véhémence et d'émotion.

  • 12 Par extension. La dispute s'échauffe. Le jeu s'échauffe. Les brigues s'échauffent. [Vaugelas, Q. C. liv. IV, dans RICHELET] La guerre s'échauffe tous les jours. [Sévigné, 148] De parole en parole le différend s'échauffa jusqu'à tel point que la femme demanda son bien et voulut se retirer chez ses parents. [La Fontaine, Vie d'Ésope.] Si, pour éprouver et châtier ses enfants, il [Dieu] permet que la persécution s'échauffe contre eux. [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte] Le premier ministre des Indes et le nôtre soutinrent dignement les droits de leurs maîtres ; la querelle s'échauffa. [Voltaire, Babouc.]
  • 13 Terme de chasse. S'échauffer sur la voie, se dit des chiens qui suivent la voie avec trop d'ardeur.
  • 14On dit que des substances organiques, grains, farines, etc. s'échauffent, quand elles ont subi un commencement de fermentation par la chaleur succédant à l'humidité. Ce grain, cette farine risque de s'échauffer dans ce lieu.

    PROVERBE

    Les cabaretiers, le mauvais train échauffent les maisons, c'est-à-dire ils y logent les premiers, sitôt qu'elles sont bâties et avant qu'elles soient sèches.
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