Voir les citations avec "affront"

affront

nm (a-fron ; le t se lie : un affron-t odieux ; au pluriel l's se lie : des a-fron-z indignes)
  • 1Acte ou parole d'un mépris jeté en face. Les affronts à l'honneur ne se réparent point. [Corneille, Le Cid] Quand je lui fis l'affront. [Corneille, ib. 2] Dès que j'ai vu l'affront, j'ai prévu la vengeance. [Corneille, ib.] Si on veut vous faire un affront par des paroles. [Pascal, Les provinciales] Celui qui veut nous faire un affront. [Pascal, ib. 14] Le chevalier nous fit un grand affront. [Sévigné, 479] Voilà l'affront que je fais à vos lettres. [Sévigné, 324] Il faut que cette offense de Dieu, que cette perte de la grâce de Dieu me tienne plus au coeur que l'affront le plus sanglant qui me couvrirait de confusion. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 291]

    Boire, avaler, dévorer un affront, le souffrir patiemment.

    Essuyer un affront, le subir, le recevoir.

    Ne pouvoir digérer un affront, en garder le souvenir, en conserver du ressentiment.

  • 2Déshonneur, honte. Il fait affront à toute sa famille. Sauvez-moi de l'affront de tomber à leurs pieds. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Qui n'est point de son sang ne peut faire d'affront Aux lauriers immortels qui lui ceignent le front. [Corneille, Horace] Sauvons de cet affront mon nom et sa mémoire. [Racine, Bérénice] Mais si dans le combat le destin plus puissant Marque de quelque affront son empire naissant. [Racine, Bajazet] Pour éviter l'affront de tomber dans leurs mains. [Racine, Mithridate]
  • 3 Familièrement. Sa mémoire lui a fait un affront, la mémoire lui a manqué, il est resté court.
  • 4Faire l'affront de quelque chose à quelqu'un, le lui reprocher. Chut ! je veux à vos yeux leur en faire l'affront. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]
  • 5En avoir l'affront, ne pas réussir. S'il voulait m'aider à terminer cette affaire, je crois que je n'en aurais pas l'affront. [Sévigné, 565]

SYNONYME

1° FAIRE AFFRONT, FAIRE UN AFFRONT. Entre ces locutions est une nuance assez marquée ; le premier a plus d'étendue et annonce une suite d'actes d'où naissent la honte, le déshonneur ; au lieu que le second indique un seul acte. L'enfant qui fait affront à sa famille, est celui dont les habitudes vicieuses font rougir ses honnêtes parents ; le prédicateur à qui la mémoire fait un affront, est celui qui une fois manque de mémoire.

2° AFFRONT, INSULTE, OUTRAGE. Ces trois mots expriment une offense, et ils sont synonymes dans une grande étendue de leur signification. Quand, dans le Cid, le comte donne à D. Diègue un soufflet, il lui fait un affront, une insulte, un outrage, comme on voudra. Mais outrage, dérivant de la préposition outre, et indiquant que l'on passe toute mesure, est plus général et s'applique à tout ce qui offense ; aussi dit-on l'outrage du temps, tandis qu'on ne dit ni l'insulte ni l'affront du temps. En effet affront est ce qui s'attaque directement au front, à la face de la personne offensée, et n'implique pas, comme quelques-uns l'ont dit, la présence de témoins ; l'insulte est une agression physique ou morale. Mais ces deux mots se distinguent en ce que insulte est plus étendu, désignant ou pouvant désigner toute espèce d'agression offensante. Ainsi, dans cette phrase, Les tribuns à Rome avaient été créés pour protéger la plèbe contre les insultes des patriciens, affront ne conviendrait pas ; il ne dirait pas assez.

  • rechercher