aliéner
vt (a-li-é-né. La syllabe én prend l'accent grave quand la syllabe qui suit est muette, il aliène, excepté au futur et au conditionnel, il aliénera)	 
- 1Transférer à un autre une propriété. Aliéner son bien, son revenu. Dieu, quoiqu'il vous en ait laissé l'usage [des biens ecclésiastiques], n'en a aliéné ni le fonds, ni la propriété, puisqu'il peut vous les ôter par la mort, par l'injustice des hommes.... [Massillon, Usage des biens ecclés.]Fig. Il ne vous est pas permis d'aliéner un pareil soin . [Rousseau, I, 17]
- 2 Fig. Rendre hostile. Par là il aliéna les esprits des peuples . [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Je choquerai le maître qui m'emploie ; j'aliénerai de moi le protecteur qui m'a placé . [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 18]Par ses fureurs déplacées, elle aliène l'esprit de son fils.... [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]S'ALIÉNER, v. réfl. 
- 3Être aliéné, vendu. Cette terre ne peut s'aliéner. Si un homme peut légitimement s'aliéner à un autre . [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]Il n'est pas permis de s'aliéner à des princes auxquels on ne doit rien . [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]
- 4S'aliéner, se séparer. Toute société partielle s'aliène de la grande . [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]
- 5S'abstraire. Je sais aussi m'aliéner, talent sans lequel on ne fait rien qui vaille . [Diderot, Lettr. à Mme Riccoboni]
- 6Tourner à la folie. Son esprit s'aliène. Cet homme s'est aliéné tout à coup.
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ALIÉNER. - REM. J. J. Rousseau a dit : Aliéner la tête, pour rendre fou. Je ne suis ni jour ni nuit un seul instant sans souffrir, ce qui m'aliène tout à fait la tête.... Lettre à Moultou, 18 janv. 1761.
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