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appas

nm pl. (a-pâ ; l's se lie)
  • 1Les beautés qui dans une femme excitent le désir. Cette ardeur que j'ai pour ses appas, Bérénice en mon sein l'a jadis allumée. [Racine, Bérénice] Ses périls, ses respects et surtout vos appas, Tout cela de son coeur ne vous répond-il pas ? [Racine, Bajazet] Une maîtresse serait sans appas pour vous. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Et déjà leurs appas ont un charme si fort.... [Malherbe, Sonnet au Dauphin.] Mais n'est-ce point assez célébrer notre belle ? Quand j'aurai dit les jeux, les ris et la sequelle, Les grâces, les amours, voilà fait à peu près ! - Vous pourrez dire encor les charmes, les attraits, Les appas. [La Fontaine, Clymène, 462] D'Estrée à son amant prodiguait ses appas. [Voltaire, La Henriade]
  • 2En parlant des choses, attraits. Arbres épais, et vous, prés émaillés, La beauté dont l'hiver vous avait dépouillés, Par le printemps vous est rendue ; Vous reprenez tous vos appas. [Molière, La princesse d'Élide] Si pour vous la retraite avait quelques appas. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Ce noeud n'a-t-il pas des appas ? [Molière, Les femmes savantes] Tous les biens de ce monde ont pour moi peu d'appas. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Mais l'argent, dont on voit tant de gens faire cas, Pour un vrai philosophe a d'indignes appas. [Molière, Les femmes savantes] Suivant de l'honneur les aimables appas. [Malherbe, II, 1] Seigneur, ainsi qu'à vous la liberté m'est chère ; Quoique né sous un roi, j'en goûte les appas. [Voltaire, Brutus] Y trouver des appas [aux plus cruels supplices]. [Corneille, Polyeucte]

REMARQUE

Appas est le pluriel de appât. L'ancienne orthographe était appast ; au pluriel, appasts ou appas. La faute a été de faire de ce mot unique deux mots différents. De là toute sorte d'irrégularités qu'on trouve dans les auteurs ; d'abord la plus forte de toutes, qui est appas au singulier. Qui dort en sûreté sur un pareil appas, Et le plaint, ce galant, des soins qu'il ne prend pas. [Molière, L'école des femmes] Si jamais une flamme eut pour vous quelque appas. [Corneille, Sertorius] Puis appas dit pour appâts ; mais ceci n'est qu'une affaire d'orthographe. .... ce blé couvrait d'un lacs Les menteurs et traîtres appas. [La Fontaine, Fables] Enfin l'emploi de appas pour exprimer les attraits qu'un homme peut avoir : Si Votre Majesté Est curieuse de beauté, Qu'elle fasse venir mon frère ; Aux plus charmants il n'en doit guère.... Là-dessus Astolphe répond.... Voyons si nos beautés en seront amoureuses, Si ses appas le mettront en crédit. [La Fontaine, Joc.] Le seul remède aujourd'hui à apporter à la confusion serait d'assigner à appas, substantif pluriel, le sens spécial de beautés qui attirent ; puis, cela fait, de ne voir aucune différence entre appas et appâts, au pluriel, pour signifier ce qui amorce, ce qui charme, ce qui attire ; fusion qui, ne faisant que rétablir la réalité du fait, aurait l'avantage d'ôter l'apparence d'irrégularité au cas où nos bons auteurs ont dit appas ce que nous disons aujourd'hui appâts.

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3Dans le langage familier, appas se dit particulièrement de la gorge et de la poitrine des femmes.
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