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autre

adj. et pron. (ô-tr')
  • 1 Adj. Qui n'est pas la même personne ou la même chose. D'autres causes. D'autre part. D'un autre côté. Il pense une chose, il en dit une autre. Parler d'autre chose. Se retirer dans quelque autre pays. On ne fit autre chose cette nuit-là que de veiller. Il n'avait d'autre titre à régner que la force. Nul autre que vous ne m'a parlé de cette affaire. Sans autre rempart que d'un bois fragile. [Bossuet, Sermons] On se voit d'un autre oeil qu'on ne voit son prochain. [La Fontaine, Fables] Tout étant réglé il n'en fut autre chose [on n'y changea rien]. [Sévigné, 22] Autres sont les temps de Moïse, autres ceux de Josué. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Autre chose d'agir avec un père, autre chose de répondre devant un juge. [Bossuet, II, Pénit. 1] Autre est de danser et de faire des festins ; autre de connaître la nature des choses. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne] D'autres temps, d'autres soins. [Racine, Mithridate] D'autres temps, d'autres moeurs. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] La justice, le glaive en main, Est un pouvoir autre qu'humain. [Malherbe, VI, 16] Je suis toujours le même et mon coeur n'est point autre. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Avec un autre sort il prit un coeur tout autre. [Corneille, Pertharite, roi des Lombards] Poussé par un tout autre intérêt que celui de l'équité. [La Bruyère, 1] Qui n'a de remède Autre que d'obéir à la nécessité. [Malherbe, VI, 16] Ne trouve en Chapelain.... Autre défaut, sinon qu'on ne le saurait lire. [Boileau, Satires] Des spéculations qui ne lui sont d'autre conséquence, sinon qu'il en tirera vanité. [Descartes, Discours de la méthode] Sans faire passer ces choses pour autres qu'elles ne sont. [Voiture, Lettres]

    C'est tout un ou tout autre ; il n'y a pas de milieu.

    Fig. et familièrement. C'est une autre paire de manches, c'est une affaire toute différente.

  • 2Le second par une certaine similitude. Il le regarde comme un autre lui-même. Il fallut réveiller d'un profond sommeil cet autre Alexandre. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il parle comme un autre Élie Devant cette autre Jézabel. [Racine, Athalie]
  • 3Différent, mais supérieur d'une façon quelconque. C'est bien un autre homme. Ce vin-ci est bien un autre vin que celui d'hier. On lui offrait dix mille francs ; mais aujourd'hui on lui fait de bien autres propositions.
  • 4De temps à autre, par fois.

    D'année à autre, d'année en année ; de jour à autre, de jour en jour. Il augmente d'année à autre sa réputation. [La Bruyère, 10]

  • 5Pron. indéfini. J'aime mieux que vous l'appreniez d'un autre que de moi. Je suis père, seigneur, et faible comme un autre. [Racine, Iphigénie en Aulide] Une autre de César a surpris la tendresse. [Racine, Britannicus] Une autre cependant a fléchi son audace ; Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce. [Id. Phèd. IV, 5] Qu'autres que vous soient désirées, Qu'autres que vous soient adorées, Cela se peut facilement. [Malherbe, V, 28]

    Populairement. Ah ! cet autre ! Écoutez ce que vous dit cet autre ! Cette locution s'emploie pour faire entendre que l'on ne croit pas aux paroles de quelqu'un.

    Autre part, ailleurs. C'est un livre que j'ai cherché partout, mais je ne l'ai pu trouver autre part que là. Vous ne le trouverez point autre part.

    Prendre quelqu'un pour un autre, le juger autrement qu'il ne faut. Vous voulez me faire votre dupe : vous me prenez pour un autre. Vous avez montré à ceux qui vous renvoyaient à Dole qu'ils vous prenaient pour un autre. [Voiture, Lettres]

    Fig. Il n'en fait pas d'autres, c'est-à-dire il fait toujours les mêmes sottises.

    En voici bien d'une autre, voici quelque chose de plus étonnant. Bon, dit Climène, en voici bien d'une autre ; Ma chère soeur, quelle idée est la vôtre. [Voltaire, Filles de Minée.]

  • 6Autre forme un gallicisme, uni aux pronoms nous, vous. Nous autres bénissons notre heureuse aventure. [Corneille, Polyeucte] Vous autres, suivez-moi. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Nous autres, réunis sous de meilleurs auspices.... [Corneille, Nicomède] Vous autres, fortes têtes, Vous voilà ! vous prenez tous les gens pour des bêtes. [Gresset, Le méchant]
  • 7Autre avec ne ou avec sans. Autre n'a mieux que toi soutenu cette guerre ; Autre de plus de morts n'a couvert notre terre. [Corneille, Horace] Sans qu'autres que les deux qui vous parlaient là-bas De tout ce qu'elle a fait sachent plus que Phocas. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient]

    Autre avec que et ne. Madame, autre que moi n'a droit de soupirer. [Corneille, Le Cid] Comme autre qu'un Romain n'a pu l'assujettir. [Corneille, La mort de Pompée]

  • 8L'autre, les autres, servant de complément à l'un, les uns. Ils s'aiment l'un l'autre. Ils se poursuivaient les uns les autres. Ces dames sont aimables les unes pour les autres. Les uns et les autres sont venus vous voir.

    Qui voit l'un voit l'autre, il n'y a pas de différence entre eux.

    Il y en a d'uns et d'autres, c'est-à-dire il y en a de bons et de mauvais.

    L'un vaut l'autre, c'est-à-dire l'un n'est pas meilleur que l'autre.

    L'un portant l'autre, c'est-à-dire en compensant l'un par l'autre.

    L'autre jour, un jour indéterminé, mais peu éloigné. J'ai rencontré votre frère l'autre jour.

    Populairement. Comme dit l'autre, c'est-à-dire comme on dit.

  • 9Au pl. masc. Les autres, autrui. Il se méfie toujours des autres. Je me suis fait une petite destinée à part, avec laquelle je ne puis regretter aucune des folies des autres, attendu que je suis trop occupé des miennes. [Voltaire, Correspondance]

    D'autres, des personnes différentes de celle ou de celles dont il s'agit. D'autres vous diront. Ne parlez pas de cela à d'autres que vos amis.

  • 10À d'autres ! expression elliptique signifiant : contez cela à de plus crédules. Non ; à d'autres, dit-il ; on connaît votre style. [Boileau, Epîtres] À d'autres, je vous prie. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] À d'autres, je vous prie ; c'est moi, vous dis-je. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre]

    Parler de choses et d'autres, parler de diverses choses.

    Il en sait bien d'autres, il a bien d'autres moyens d'agir, de faire.

    J'en ai vu bien d'autres, j'ai vu des choses bien plus extraordinaires ou plus périlleuses.

    PROVERBE

    Autres temps, autres moeurs, les moeurs changent avec le temps.

REMARQUE

1. Après autre on met un ne explétif : il est autre qu'il ne paraît. Mais si la phrase est négative, on ne met pas ce ne : il n'est pas autre qu'il paraît.

2. Devant autre, tout s'accorde quand il signifie quelqu'un, quelconque : toute autre personne me le dirait que je ne le croirais pas. Il reste invariable quand il signifie tout à fait : depuis qu'elle est mariée, c'est une tout autre personne.

3. Faut-il dire : en voici bien d'un autre ou en voici bien d'une autre ? La seconde expression est préférable, parce que, dans ces sortes de phrases elliptiques, c'est le mot chose, aventure, qui est sous-entendu.

4. Lorsque l'un est précédé d'une préposition, la même préposition doit être répétée devant l'autre : je leur ai donné dix francs à l'un et à l'autre ; je suis content de l'un et de l'autre.

5. L'adjectif autre, employé avec un nom de nombre, doit toujours être placé après ce nom de nombre, contrairement à l'usage des méridionaux, qui disent les autres six, les autres vingt, au lieu de les six autres, les vingt autres.

6. Au lieu de que, on peut parfois mettre sinon après autre. Il n'a pas d'autre ressource, sinon une petite place.

7. Après à autre suivi d'un que, ne répétez pas la préposition à. Ne dites pas : on a offert cette place à un autre qu'à lui ; mais dites : à un autre que lui. Incorrection qui se trouve dans ce vers de MOL. Sgan. 16 : Et je le donnerais à bien d'autres qu'à moi ; et dans cette phrase de VOLT. Lettr. Mme du Deffant, 15 janv. 1760 : Ceux qui voudront de ces vieillards-là peuvent s'adresser à d'autres qu'à moi.

8. Pour l'accord du verbe avec l'un et l'autre, ni l'un ni l'autre, voir UN.

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