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aviser

vt (a-vi-zé)
  • 1 Familièrement, apercevoir. Je l'avisai dans la foule. Si pour mon infortune il ne m'eût avisé. [Molière, Les fâcheux] Furieuse elle approche, et le loup qui l'avise.... [Régnier, Satires] Le roi, après avoir parlé à quelques-uns, avise enfin ce chapeau gris. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Quand notre hôte charmé m'avisant sur ce point.... [Boileau, Satires]

    Terme de chasse. Aviser le gibier, l'apercevoir.

  • 2Donner avis. Va le faire aviser que je suis ici. [Molière, La princesse d'Élide] De ta femme il fallut moi-même t'aviser. [Molière, L'amphytrion] Le prince de Conti et M. de Luxembourg avisèrent Clermont de s'attacher à la Choin, et de paraître vouloir l'épouser. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]
  • 3 Terme de commerce. Aviser quelqu'un, lui adresser une lettre d'avis.

    Commander quelque chose par lettre à son correspondant....

  • 4 vi Faire réflexion, prendre garde à, pourvoir à. Aviser à un moyen. Avisez à ce que vous devez faire. Nous aviserons. On avisa à ce qu'il fût bien logé. Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire De me l'avoir promis et vous rire de moi. [Malherbe, V, 29] Or avisons aux lieux qu'il vous faut habiter. [La Fontaine, Fables] C'est à moi de choisir, c'est à vous d'aviser à quel choix vos conseils me doivent disposer. [Corneille, La mort de Pompée] Une seconde fois avisez, s'il vous plaît, à traiter Laodice en reine comme elle est. [Corneille, Nicomède] Je vais consulter un avocat et aviser des biais que j'ai à prendre. [Molière, Les fourberies de Scapin]

    Imaginer. Qui vous a fait aviser de ce tour ? [La Fontaine, Conf.] Sans aller de surcroît aviser sottement De se faire un chagrin qui n'a nul fondement. [Molière, Coc. imag. 13] Certains impertinents de laquais qui viennent provoquer les gens et les faire aviser de boire lorsqu'on n'y songe pas. [Molière, L'avare]

  • 5S'aviser, vpron S'imaginer de, remarquer, trouver. S'aviser d'un expédient, d'un stratagème. Si je ne m'étais avisé plus tôt d'écrire. Personne ne s'avise, de lui-même, du mérite d'autrui. [La Bruyère, 2] Il ne s'avisait guère de ce qui pouvait faire plaisir aux autres. [Fénelon, Télémaque] Je me suis avisé trop tard que c'est demain St Remy. [Bossuet, Lett. abb. 92] Avez-vous remarqué ce commencement oh ! oh ! voilà qui est extraordinaire, oh ! oh ! comme un homme qui s'avise tout d'un coup. [Molière, Les précieuses ridicules] Mais je m'avise [je fais réflexion]. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] J'ai ajouté non-seulement tous les ornements dont j'ai pu m'aviser, mais encore.... [Fontenelle, I, Oracl. Préface] Il y avait un homme qui depuis six jours était à l'agonie, on ne savait plus que lui ordonner, et tous les remèdes ne faisaient rien ; on s'avisa à la fin de lui donner de l'émétique. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Tu ne t'étais jamais avisé de lui faire le moindre petit présent. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Le monarque des dieux s'avisa, pour bien faire.... [La Fontaine, Fables] Laisse-les venir ; je te les sacrifierai de la plus cruelle manière dont jamais femme se soit avisée. [La Fontaine, Psyché, liv. I, p. 64]
  • 6Avoir l'audace, la témérité de. Si vous vous avisez de mal parler de moi, vous vous en repentirez. Je voudrais que quelqu'un s'avisât de vous donner des coups de bâton, vous verriez de quelle manière.... [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Jouez ces pièces à Nankin ; mais ne vous avisez pas de les représenter aujourd'hui à Paris ou à Florence. [Voltaire, Correspondance] Vous vous êtes avisés de l'attaquer sans qu'on s'en aperçoive. [Pascal, Les provinciales] Hors vous et moi, monsieur, je ne crois pas que personne s'avise de courir maintenant les rues. [Molière, Le sicilien, ou L'amour peintre] Voir sa vie, son repos et ses biens dépendre du premier téméraire qui s'avisera de.... [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Bon ! voilà ce qu'il nous faut, qu'un compliment de créancier ! De quoi s'avise-t-il de nous venir demander de l'argent, et que ne lui disais-tu que monsieur n'y est pas ? [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

PROVERBES

Un fou avise bien un sage, c'est-à-dire, un bon conseil peut venir d'où on ne l'attend pas.

Un verre de vin avise bien un homme, c'est-à-dire l'excitation que donne un coup de vin ne nuit pas.

On ne s'avise jamais de tout.

REMARQUE

Dans aviser, le sens d'apercevoir est le plus ancien, mais il est devenu familier. Les puristes du XVIIe siècle le condamnaient ; toutefois il a survécu, et heureusement, car c'est un des jolis mots de notre langue.

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