canaille
nf (ca-nâ-ll', ll mouillées, et non kana-ye)
- 1Vile populace.
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce, Est-ce un péché ?
[La Fontaine, Fables]Travailler est le fait de la canaille
. [La Fontaine, Papef.]Où Rabelais est mauvais, il passe bien au delà du pire ; c'est le charme de la canaille
. [La Bruyère, 1]Les Vaudois furent appelés par Maimbourg une canaille révoltée
. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]Ceux qui daignaient acheter les suffrages de la canaille qui composait les tribus
. [Rousseau, Du contrat social, ou Principes du droit politique]Spectateur dédaigneux des misères de la canaille
. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]Sénèque, qui connaissait l'esprit de la cour, de la ville et de la canaille
. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]Repoussé des hommes de son rang, il se livra aux vices de la canaille
. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque] - 2 Par extension, gens, quelle que soit leur condition, dignes de mépris ; en ce sens le pluriel est usité. Ces canailles-là.
Quoi ! vous continuez, canailles infidèles !
[Corneille, Médée]La canaille littéraire est ce que je connais de plus abject au monde
. [Voltaire, Correspondance]Je sais que, dès qu'on a donné un ouvrage passable, la canaille de la littérature jette les hauts cris
. [Voltaire, ib. 17 déc. 1766]Je veux élever Émile à la campagne, loin de la canaille des valets
. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]C'était [MM. les chambellans], vous disais-je, une canaille qu'il fallait laisser aboyer
. [Courier, Lettres de France et d'Italie]M. de Monaco se commit fort mal à propos en personne avec des canailles
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Par antiphrase.
Je crois qu'il se contentera d'aller en paradis, et qu'il ne quittera point ces canailles chrétiennes
. [Sévigné, 583] - 3 Par badinerie, en parlant d'enfants importuns. Faites taire cette petite canaille.
.... Ah ! le petit babouin ! Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise ! Et puis prenez de tels fripons le soin ! Que les parents sont malheureux, qu'il faille Toujours veiller à semblable canaille !
[La Fontaine, Fables] - 4 Populairement, il se prend comme adjectif indéclinable : des manières canaille, un propos canaille. Populairement aussi, on dit, en parlant d'un seul homme : c'est une canaille.
- rechercher