compagnie
- 1Réunion de personnes qui ont quelque motif de se trouver ensemble.
Je vous laisse parmi vos myrtes et vos orangers où vous n'êtes jamais en meilleure compagnie que quand personne n'est avec vous
. [Guez de Balzac, Correspondance]On se promène ou seule ou en compagnie
. [Sévigné, 582]Ses biens aux pauvres départis, Il s'en va seul sans compagnie
. [La Fontaine, Oies.]En compagnie D'un sien ami
. [La Fontaine, Berc.].... Si notre compagnie, Lui dirent-ils, vous pouvait être à gré, Et qu'il vous plût achever cette traite Avecque nous, ce nous serait honneur
. [La Fontaine, Orais.]Dans la solitude, il [le perroquet] est compagnie ; dans la conversation, il est interlocuteur
. [Buffon, Perroquet.]Tenir, faire compagnie à quelqu'un, rester avec lui, l'entretenir.
Personne ne me tient compagnie
. [Sévigné, 98]Le cardinal me tient très bonne compagnie
. [Sévigné, 216]Votre aimable idée m'a tenu fidèle compagnie
. [Sévigné, 71]Combien le feu tient douce compagnie !
[Béranger, Chansons]On le porta en silence dans la chambre où il devait être enfermé ; cette chambre [à la Bastille] était occupée par un vieux solitaire de Port-Royal, qui y languissait depuis deux ans : tenez, lui dit le chef des sbires, voilà de la compagnie que je vous amène
. [Voltaire, L'ingénu]Dame, demoiselle de compagnie, dame ou demoiselle placée auprès d'une personne pour lui tenir compagnie.
En bonne compagnie, accompagné de beaucoup de monde.
Je vais vous y remettre en bonne compagnie
. [Corneille, Nicomède]Ou qu'il voit la justice en grande compagnie, Mener tuer un homme avec cérémonie
. [Boileau, Satires]Fausser compagnie, se dérober d'une compagnie ou manquer à s'y trouver, quitter les gens.
Bon ! le voilà qui fausse compagnie
. [Racine, Les plaideurs]Jouer à la fausse compagnie, quitter un parti, trahir ceux avec qui on est associé.
De compagnie, ensemble.
Prête à mourir de compagnie
. [La Fontaine, Matr.]Deux grands auteurs rimant de compagnie
. [Racine, Épig.]Et mon âme et mon corps marchent de compagnie
. [Molière, Les femmes savantes]Il nous eût d'un bâton chargés de compagnie
. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] - 2Société de personnes se voyant habituellement pour le plaisir de causer, de jouer, etc. Introduire quelqu'un dans une compagnie. Il est très aimable en compagnie. Aimer la compagnie.
Toute la compagnie arriva en bonne santé
. [Bossuet, Lett. 132]Il pria la compagnie d'y souper
. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]Nous nous sommes une compagnie
. [Sévigné, 562]Mme Tambonneau avait trouvé le moyen de voir la meilleure et la plus importante compagnie de la cour
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Mais que vois-je ? de bons amis Que rassemble un couvert bien mis ; Asseyez-vous, me dit la compagnie
. [Béranger, Académie et caveau.]Être en compagnie, avoir du monde.
Il est en compagnie
. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]On disait autrefois, mais on ne dit plus : Il est compagnie, c'est-à-dire c'est une personne qu'on ne voit que rarement et en cérémonie ; il se croit compagnie, c'est-à-dire ce subalterne se familiarise trop.
Bonne compagnie, société de gens distingués par leur éducation et leur politesse.
Il m'a dit qu'il voyait bonne compagnie
. [Sévigné, 515]Vous voyez ce que c'est que de voir bonne compagnie
. [Sévigné, 37]Il voit que le nom de bonne compagnie n'est pas un vain nom, quoiqu'il soit souvent usurpé
. [Voltaire, La princesse de Babylone]Ces croquants-là vous disent plus de sottises dans une brochure de deux pages, que la meilleure compagnie de Paris ne peut dire de choses agréables et instructives dans un souper de quatre heures
. [Voltaire, L'homme aux quarante écus]Nos petits-maîtres et nos petites-maîtresses s'y seraient ennuyés sans doute, ils prétendent être la bonne compagnie ; mais ni M. André ni moi ne soupons jamais avec cette bonne compagnie-là
. [Voltaire, ib.]J'ai souffert qu'elle ait vu les belles compagnies
. [Molière, L'école des maris]La bonne compagnie chez vous ne déjeune pas, parce qu'elle a trop soupé
. [Voltaire, Correspondance]Être de bonne compagnie, être bonne compagnie, avoir de bonnes manières.
Mon fils est de bonne compagnie
. [Sévigné, 44]Que je fusse peuple à la guinguette et bonne compagnie au Palais-Royal
. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]Être de bonne compagnie, être aimable, agréable.
Elle est toujours de très bonne compagnie
. [Sévigné, 181]En bonne compagnie, avec des gens comme il faut. Et par extension, votre portrait est dans mon cabinet en bonne compagnie.
Mauvaise compagnie, gens de mauvais ton ou de mauvaises moeurs. Il voit une mauvaise compagnie. Il est en mauvaise compagnie.
Être de mauvaise compagnie, être mauvaise compagnie, avoir un mauvais ton.
Être de mauvaise compagnie, être mauvaise compagnie, être triste, maussade.
Voilà ce qui compose une femme d'assez mauvaise compagnie
. [Sévigné, 252]Nous nous vantons de ne nous point ennuyer ; nous sommes si glorieux que nous ne voulons pas nous trouver de mauvaise compagnie
. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales] - 3Assemblée libre ou sous le patronage de l'État pour la culture des sciences et des lettres. L'Académie française est une compagnie.
Il les a réunis [les gens de lettres] en une compagnie célèbre
. [La Bruyère, Disc. à l'Ac. fr.]Comment oser blâmer les sciences devant une des plus savantes compagnies de l'Europe ?
[Rousseau, Disc. sur les sciences et les arts]Compagnie se dit aussi des maisons religieuses et des colléges. La compagnie de Jésus est la société des jésuites. La compagnie de Sorbonne. La compagnie de l'Oratoire.
Tout notre corps est responsable des livres de chacun de nos pères [jésuites] ; cela est particulier à notre compagnie
. [Pascal, Les provinciales]Se dit également de l'ordre des avocats, des anciennes corporations et de celles des officiers ministériels.
Anciennement, corps établi par autorité du roi pour rendre la justice. Les parlements, les chambres des comptes étaient des compagnies souveraines ou supérieures.
J'entends dire de quelques particuliers ou de quelques compagnies : tel et tel corps se contestent l'un à l'autre la préséance
. [La Bruyère, XIV] - 4 Terme de commerce. Réunion de capitalistes, de négociants.
Société industrielle formée d'actionnaires. Les compagnies des chemins de fer. Compagnies d'assurances. Les grandes compagnies industrielles.
Un tel et compagnie (par abréviation Cie), formule de raison commerciale pour un tel et ses associés.
Compagnie des Indes, association établie par Colbert pour le commerce de l'Inde, avec privilége exclusif.
La compagnie des Indes, fondée avec des peines extrêmes par le grand Colbert, fut pendant quelques années une des plus grandes ressources du royaume
. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]Lalli fut persécuté par plusieurs membres de la compagnie des Indes et sacrifié par le parlement
. [Voltaire, Correspondance]Bâtiments de compagnie, bâtiments armés par une compagnie considérable et privilégiée de négociants.
En Angleterre, la compagnie des Indes, société commerciale qui, ayant le privilége du commerce de l'Inde, a fini par faire la conquête de ce pays et par en expulser la compagnie française. Compagnie des grandes Indes, réunion de toutes les associations commerciales qui s'étaient formées en Hollande à la fin du XVIe siècle et au commencement du XVIIe.
Terme d'arithmétique. Règle de compagnie, règle de trois composée qui sert à trouver quelle part peut avoir à la perte ou au gain chacun des marchands à proportion des fonds qu'il a mis.
- 5 Terme de guerre. Troupe de gens de guerre.
Corps de troupes ou division de corps de troupes commandée par un capitaine. Compagnie de grenadiers. Compagnie de dragons.
Charge de capitaine. Il a eu permission du roi de vendre sa compagnie. Autrefois en France on avait le droit, comme on l'a encore en Angleterre, de se démettre, pour une somme d'argent, du droit de commander une compagnie.
Compagnie franche, troupe irrégulière qui ne fait pas partie des cadres de l'armée.
Compagnies d'ordonnances, c'étaient des compagnies franches de gendarmes, de chevau-légers du roi, de la reine, du Dauphin et de Monsieur ; ces compagnies n'entraient jamais en corps de régiments.
Compagnies d'ordonnance, compagnies de gens d'armes organisées sous Charles VII.
Les grandes compagnies, troupes d'aventuriers qui s'étaient formées pendant les longues guerres entre l'Angleterre et la France au XIVe siècle, et qui ravagèrent ce dernier pays.
Compagnie de Jehu ou de Jésus ou du Soleil, associations royalistes qui se formèrent dans le midi de la France après la chute de Robespierre et qui égorgèrent pendant plus d'un an les adhérents du parti contraire.
- 6 Terme de chasse. Une compagnie de perdrix, une troupe de perdrix.
Bêtes de compagnie, marcassins, jeunes sangliers qui vont encore en troupes. Ce sanglier a quitté les compagnies, il commence à aller seul.
Fig. Il est bête de compagnie, se dit d'un homme qui aime la société et qui se laisse facilement mener où l'on veut.
Terme de fauconnerie. On dit qu'un oiseau est de bonne compagnie quand il n'est pas sujet à s'enfuir.
- 7Union charnelle de l'homme et de la femme. Vieilli en ce sens.
Tu feras Que de ta fille il ait la compagnie
. [La Fontaine, Herm.]
PROVERBES
Par compagnie on se fait pendre, c'est-à-dire on fait, en faveur de la compagnie à laquelle on appartient, des choses condamnables.
Il n'est si bonne compagnie qui ne se sépare.
Il vaut mieux être seul qu'en mauvaise compagnie.
SYNONYME
1° COMPAGNIE, SOCIÉTÉ, dans le sens d'association. Les sociétés savantes, les compagnies savantes ; la société des jésuites, la compagnie des jésuites : entre ces locutions, il n'est pas possible, dans l'usage, d'apercevoir aucune nuance réelle ; sinon que quand il s'agit des membres rassemblés on dit plutôt compagnie que société : il lut son mémoire devant la compagnie.
2° BONNE SOCIÉTÉ, BONNE COMPAGNIE., La bonne société c'est la société composée des personnes qui occupent un haut rang dans une ville, dans le monde. À ce sens, bonne compagnie ajoute une idée d'élégance, idée qui n'est pas nécessairement comprise dans bonne société.
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