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comédie

nf (ko-mé-die)
  • 1Pièce de théâtre qui est la représentation, en action, des caractères et des moeurs des hommes, et d'incidents ridicules, plaisants ou intéressants. Voici une comédie dont on a fait beaucoup de bruit, qui a été longtemps persécutée ; et les gens qu'elle joue ont bien fait voir qu'ils étaient plus puissants en France que tous ceux que j'ai joués jusqu'ici. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Je dis que le grand art est de plaire et que, cette comédie ayant plu à ceux pour qui elle est faite, je trouve que c'est assez pour elle, et qu'elle doit peu se soucier du reste. [Molière, Critique de l'école des femmes] Moquons-nous de cette chicane où ils veulent assujettir le goût du public, et ne consultons dans une comédie que l'effet qu'elle fait sur nous. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Il est très assuré, sire, qu'il ne faut plus que je songe à faire des comédies, si les tartuffes ont l'avantage ; qu'ils prendront droit par là de me persécuter plus que jamais, et voudront trouver à redire aux choses les plus innocentes qui pourront sortir de ma plume. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Personnage de comédie, personnage qui n'a que l'apparence de l'autorité, du crédit. Je doutais qu'il pût être une âme assez hardie Pour ériger Carlos en roi de comédie. [Corneille, Don Sanche]

  • 2Chez les Grecs, la comédie ancienne, celle où l'on mettait sur la scène les citoyens mêmes d'Athènes avec leurs noms ; la comédie moyenne, celle où on les y mettait sans les nommer ; la comédie nouvelle, celle où l'on ne mit plus que des personnages d'imagination. Des succès fortunés du spectacle tragique Dans Athènes naquit la comédie antique. [Boileau, L'art poétique] Le théâtre perdit son antique fureur ; La comédie apprit à rire sans aigreur. [Boileau, ib.]

    Comédie latine, celle que les Romains imitèrent de la comédie grecque, et surtout de la comédie nouvelle. Ils distinguaient la comédie palliata, où les personnages étaient grecs, ou revêtus du pallium ; la comédie togata, où ils étaient revêtus de la toge, c'est-à-dire romains ; la comédie praetextata, où les personnages étaient romains, mais des hautes familles ; et la comédie tabernaria, où l'on faisait agir et parler les habitués des tavernes.

    Comédie française, la comédie illustrée par Molière, Regnard et leurs successeurs, produit d'un art beaucoup plus développé.

    Comédie historique, celle où un trait d'histoire, un événement historique est représenté.

    Comédie héroïque, celle où les personnages appartiennent à un ordre supérieur, rois, princes, etc. Tel est le Don Sanche d'Aragon de Corneille.

    Comédie pastorale, celle dont l'action se passe entre des bergers.

    Comédie de ballet, comédie mêlée de ballets.

    Comédie de genre, comédie comparée aux tableaux de genre et où l'on représente quelque scène d'intérieur.

    Comédie féerie, celle où l'on fait intervenir des fées, des génies, des enchanteurs et autres personnages de ce genre, et qui permet, au moyen de machines, d'exécuter des changements à vue de décors ou de costumes. On l'appelait autrefois comédie à machines.

    Comédie à couplets ou à ariettes, ou mêlée de couplets, c'est ce qu'on appelle plus souvent comédie-vaudeville, ou, par abréviation, vaudeville ; c'est une comédie dans laquelle on intercale des couplets, uniquement à cause de l'agrément du chant.

    Comédie italienne ; c'est au fond la même chose que nos anciennes soties : c'est la représentation d'une action qui se passe entre des personnages de convention qui représentent par une sorte d'assimilation comprise de tout le monde les membres de la société réelle. Ces personnages sont surtout le père Cassandre, vieux bourgeois ou maître de maison ridicule et trompé ; Colombine ou Isabelle, sa fille ; Arlequin, l'amoureux de Colombine ; Paillasse, le valet fainéant et gourmand ; Gilles, le beau Léandre, le fat ou le petit-maître ridicule, etc.

    Comédie de caractère, celle qui a pour objet le développement d'un caractère. Comédie de moeurs, celle qui offre la peinture des moeurs. Comédie d'intrigue, celle qui, par la multiplicité des incidents, a pour but d'intéresser et d'amuser. Comédie anecdotique, celle dont le fond est une anecdote. Comédie épisodique, plus souvent nommée comédie à tiroirs, celle dont les scènes ont peu de liaison entre elles.

    Comédie larmoyante, celle où, pour intéresser le spectateur, on cherche les situations touchantes et tristes, comme dans Mélanide de La Chaussée. La comédie larmoyante était fort estimée dans le siècle dernier. La comédie larmoyante qui, à la honte de la nation, a succédé au seul vrai genre comique, porté à sa perfection par l'inimitable Molière. [Voltaire, Correspondance]

    La haute comédie, celle qui se propose particulièrement la peinture des moeurs et des caractères et qui n'emploie que des personnages de la meilleure compagnie, comme le Misanthrope.

    Figurément. Ceci est de la haute comédie, se dit de quelque tromperie, de quelque dissimulation bien menée ou très effrontée.

  • 3Représentation d'une pièce. Il joue très bien la comédie. Et j'ai maudit cent fois cette innocente envie, Qui m'a pris, à dîner, de voir la comédie. [Molière, Les fâcheux] Ainsi, quand Richelieu revenait de Mahon, Partout sur son passage il eut la comédie. [Voltaire, Les trois manières.]
  • 4Théâtre, lieu où jouent les comédiens. Il est allé à la comédie voir le Cinna de Corneille, le Tartuffe de Molière. La duchesse était à la comédie avec sa soeur. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Comédie-Française, le Théâtre-Français à Paris. Je ne connais pas Mlle Dubois ; je ne savais pas même quelle sorte d'emploi elle avait à la Comédie. [Voltaire, Correspondance]

    Portier de comédie, s'est dit autrefois de celui qui se tenait à la porte du théâtre pour recevoir l'argent.

    Fig. Celui qui n'ouvre pas la porte sans se faire payer. J'étais un franc portier de comédie. [Racine, Les plaideurs]

  • 5La troupe des comédiens d'un même théâtre. Toute la comédie paraît dans la cérémonie du Malade imaginaire.
  • 6L'art de composer des comédies. La comédie a été portée par Molière à une très grande perfection. Que la comédie était, comme beaucoup d'autres choses, fort en décadence. [Voltaire, Correspondance] Aussi, madame, n'ai-je rien dit qui aille à vous ; et mes paroles, comme les satires de la comédie, demeurent dans la thèse générale. [Molière, Critique de l'école des femmes] La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau quand elle est bien touchée ; mais la comédie a ses charmes, et je tiens que l'une n'est pas moins difficile que l'autre. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Je ne puis pas nier qu'il n'y ait eu des Pères de l'Église qui ont condamné la comédie ; mais on ne peut pas me nier aussi qu'il n'y en ait eu quelques-uns qui l'ont traitée un peu plus doucement. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Si l'emploi de la comédie est de corriger les vices, je ne vois pas par quelle raison il y en aura de privilégiés. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Il ne serait pas difficile de leur faire voir que la comédie, chez les anciens, a pris son origine de la religion et faisait partie de leurs mystères ; que les Espagnols nos voisins ne célèbrent guère de fête où la comédie ne soit mêlée ; et que, même parmi nous, elle doit sa naissance aux soins d'une confrérie à qui appartient encore aujourd'hui l'hôtel de Bourgogne. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] L'aimable comédie, avec lui [à la mort de Molière] terrassée, En vain d'un coup si rude espéra revenir, Et sur ses brodequins ne put plus se tenir. [Boileau, Epîtres]
  • 7Fait qui excite le rire. C'était une vraie comédie de voir la dispute de ces deux hommes.

    Donner la comédie, faire ou dire des choses qui sont comme une comédie pour ceux qui les voient ou les entendent. Je vous dirai tout franc que cette maladie, Partout où vous allez, donne la comédie. [Molière, Le misanthrope] Il disait au parterre : ris donc, parterre ; ce fut une seconde comédie que le chagrin de notre ami, il la donna en galant homme à toute l'assemblée. [Molière, Critique de l'école des femmes]

    Donner la comédie au public, tenir une conduite scandaleuse qui attire l'attention.

  • 8Feinte. Se donner dans l'église la comédie de son propre enterrement. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Le coeur se donne la comédie en lui-même. [Bossuet, Parole de Dieu, 3] Oh ! que, pour la punir de cette comédie, Ne lui vois-je une vraie et longue maladie ! [Boileau, Satires]

    Jouer la comédie, affecter des sentiments qu'on n'a pas. Je ne crois point qu'ils puissent jouer longtemps la comédie. [Sévigné, 583] Cela nous fit voir qu'on joue longtemps la comédie. [Sévigné, 149]

  • 9La Divine-Comédie, titre du poëme dans lequel Dante a décrit l'enfer, le purgatoire et le paradis.

PROVERBES

C'est le secret de la comédie, c'est-à-dire cela est su de tout le monde, comme les secrets des personnes de la comédie qui sont sus du public. Cela [les réunions chez Monseigneur] ne dura pas longtemps sans devenir le secret de la comédie. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

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- REM. 1. Au XVIIe siècle, comédie s'est dit au sens de pièce, tragédie ou autre. Voilà Bajazet ; si je pouvais vous envoyer la Champmeslé, vous trouveriez cette comédie belle. [Sévigné, 9 mars 1672] J'ai vu Ariane pour elle seule [la Champmeslé] : cette comédie est fade. [Sévigné, 1er avr. 1672] Ses premières comédies [de Corneille] sont sèches, languissantes, et ne laissaient pas espérer qu'il dût ensuite aller si loin, comme ses dernières font qu'on s'étonne qu'il ait pu tomber de si haut. [La Bruyère, I]

2. Le Théâtre Français, le seul où l'on joue régulièrement la tragédie, s'appelle absolument la Comédie Française.

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