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conseil

nm (kon-sèll, ll mouillées, et non kon-sey')
  • 1Opinion exprimée pour engager à faire ou à ne pas faire. Donner un conseil. Je ne veux plus écouter tes pernicieux conseils. [Fénelon, Télémaque] Suivre le conseil flatteur des insensés. [Fénelon, ib. II] Un généreux conseil est un puissant secours. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Je suis homme aussi de conseil. [Molière, Le sicilien, ou L'amour peintre] Détourne, roi puissant, détourne tes oreilles De tout conseil barbare et mensonger. [Racine, Esther] Tite Live dit que le premier degré de mérite pour un homme qui commande est de pouvoir par lui-même prendre un bon parti ; que le second est de savoir au moins suivre un bon conseil ; mais que de ne pouvoir faire ni l'un ni l'autre, c'est la marque d'un petit esprit. [Rollin, Traité des Études] Également estimable et de ce qu'elle savait trouver les sages conseils et de ce qu'elle savait les recevoir. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Prendre conseil de quelqu'un, le consulter. Ou demain je ne prends conseil que de moi-même. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Il a pris les conseils de Narbal pour les principales affaires. [Fénelon, Télémaque] Mme la duchesse de Bourgogne appela Mme de Nogent à qui elle allait volontiers au conseil, quand elle ne savait plus où elle en était. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Prendre conseil de quelque chose, se déterminer en considération d'une chose. Le meilleur serait de prendre conseil de la raison. [Pascal, Les provinciales] Cet orateur, prenant conseil de la nécessité, résolut de s'aller confiner à Cyzique. [Desfont. Exil de Cicéron.]

    Familièrement. Prendre conseil de son bonnet de nuit, prendre le temps de la nuit pour réfléchir.

    Ne prendre conseil que de sa passion, n'écouter qu'elle. Je ne prendrai conseil que de mon désespoir. [Corneille, Polyeucte]

    Écouter les conseils de la raison, de la passion, de la vengeance, se laisser conduire par la raison, par la passion, par la vengeance.

    Être de bon conseil, ou être un homme de bon conseil, avoir la prudence nécessaire pour donner de bons avis.

  • 2 Terme de religion. Ce qui se conseille, par opposition à ce qui est de précepte, à ce qui se commande. Aux autres elles [les retraites] sont de conseil ; mais à ceux-ci elles sont très souvent d'obligation, parce qu'elles leur deviennent un moyen unique pour se sauver. [Bourdaloue, Dominicales, IV, Caract. du chrét. 169] Les apôtres ne donnent pas la soumission aux puissances comme une chose de simple conseil. [Bossuet, Avert. 5] Les âmes retirées embrassent certains moyens de pur conseil. [Massillon, Carême, Tiédeur, 1] Les conseils sont donnés pour faciliter les préceptes. [Fénelon, Traité de l'éducation des filles]
  • 3Résolution, parti, dessein. Il a de tout conseil son âme dépourvue. [Malherbe, I, 4] Et quel sage conseil en mon mal puis-je prendre ? [Régnier, Élégies] Hélas ! de quel conseil est capable mon âme ? [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] En ces extrémités quel conseil dois-je prendre ? [Corneille, ib. III, 3] C'est dans notre destin le seul conseil à prendre. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Quoi ! tous deux ! et sitôt que le conseil est pris. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Le conseil le plus prompt est le plus salutaire. [Racine, Bajazet] Paul Émile avait près de soixante ans ; mais l'âge, sans rien diminuer de ses forces, n'avait fait que lui ajouter une maturité de conseil et de prudence. [Rollin, Histoire ancienne]

    Absolument, résolution habile. Il ne laissait rien à la fortune de ce qu'il pouvait lui ôter par conseil et par prévoyance. [Bossuet, Oraisons funèbres] Plein d'expédients et de conseils dans la mauvaise fortune. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 4 Au pluriel, vues, principes qui dirigent. Il n'y eut dès lors en ses conseils qu'irrésolution et faiblesse. Qui veut entendre combien la raison préside dans les conseils de ce prince, n'a qu'à prêter l'oreille quand il lui plaît d'en expliquer les motifs. [Bossuet, Oraisons funèbres] Confonds dans ses conseils une reine cruelle. [Racine, Athalie] D'où naît dans ses conseils cette confusion ? [Racine, Athalie] Approche, heureux appui du trône de ton maître, âme de mes conseils.... [Racine, Esther] À ses conseils secrets je fus associé. [Voltaire, Les Scythes]
  • 5En parlant de la Providence, décrets. Ces trois choses unies dans l'ordre des temps, l'étaient encore beaucoup davantage dans l'ordre des conseils de Dieu. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] J'ai travaillé à vous faire voir sans interruption la suite des conseils de Dieu dans la perpétuité de son peuple. [Bossuet, ib. II, 8] Cette Église, toujours attaquée et jamais vaincue, est un miracle perpétuel, et un témoignage éclatant de l'immutabilité des conseils de Dieu. [Bossuet, ib. II, 13] Qui est entré dans les conseils de Dieu ? [Bossuet, ib. II, 7] Dieu qui rapporte tous ses conseils à la conservation de sa sainte Église. [Bossuet, Oraisons funèbres] Une pénétration des mystères et des conseils de Dieu. [Massillon, Carême, Prière.] J'entrerai avec David dans les puissances du Seigneur ; et j'ai à vous faire voir les merveilles de sa main et de ses conseils ; conseils de juste vengeance sur l'Angleterre ; conseils de miséricorde pour le salut de la reine, mais conseils marqués par le doigt de Dieu, dont l'empreinte est si vive et si manifeste, qu'on ne peut résister à cette lumière. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Se dit aussi au singulier. Êtes-vous entré dans le conseil de Dieu ? Dict. de l'Acad.

  • 6La personne dont on prend avis. Hazaël en avait fait son conseil et son ami. [Fénelon, Télémaque] Chercher tant d'éclaircissements et aller à tant de conseils. [Bourdaloue, Carême, II, Parf. observat. de la loi, 204] Phorbas était du roi le conseil et l'appui. [Voltaire, Œdipe] Vous faut-il d'autre conseil que moi quand il s'agit de donner bataille ? [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Sicinius.... fit approcher Brutus son conseil et son oracle. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]

    Avocat chargé de la cause de quelqu'un. Tout accusé a le droit de se choisir un conseil.

    Conseil judiciaire, personne nommée pour assister un prodigue dans certains actes.

  • 7Assemblée qui a à délibérer sur certaines affaires publiques ou privées. Ils n'ont pas appelé ma voix à leur conseil. [Rotrou, Antigone] Oui, tandis que vos rois délibèrent ensemble, Et que tout se prépare au conseil qui s'assemble.... Assemblez le conseil, il en décidera. [Corneille Th. Le comte d'Essex] Les vieillards qui formaient le conseil. [Fénelon, Télémaque] Manassès, plutôt que de répudier cette étrangère à quoi le conseil de Jérusalem voulut l'obliger, embrassa le schisme des Samaritains. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Il choisit parmi tout le peuple ce qu'il y avait de meilleur pour former le conseil public qu'il appela le sénat. [Bossuet, ib. III, 7] La patrie, au milieu des embûches, des traîtres, Remonte en sa mémoire, a recours aux ancêtres, Cherche ce qu'ils feraient en un danger pareil, Et des siècles vieillis assemble le conseil. [Chénier, Poésies diverses, p. 224] L'abominable arrêt de ce conseil farouche. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

    Tenir conseil, se consulter sur ce qu'il convient de faire. Monsieur, on tient conseil et le roi vous demande. [Rotrou, Antigone] Vous tiendrez avec eux votre conseil de famille. [Sévigné, 339] Dieu tient conseil en lui-même. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

    Fig. La sagesse n'était pas appelée au conseil de ce voyage. [Sévigné, 233]

    Fig. Il a bientôt assemblé son conseil, c'est-à-dire il a bientôt pris son parti.

    Fig. En langage de marine, on dit, quand il fait calme, que les vents sont au conseil.

    Séance d'un conseil. Il allait au conseil dont l'heure qui pressait A tranché ce discours qu'à peine il commençait. [Corneille, Le Cid]

    Chambre du conseil, chambre où les juges se retirent pour délibérer.

    Grand conseil, petit conseil, nom des assemblées qui gouvernent les cantons suisses.

    Conseil des Anciens, conseil des Cinq-Cents, nom des deux assemblées dans la constitution de 1795, lors de l'établissement du Directoire ; la première, composée de 250 membres, approuvait ou rejetait les propositions de la seconde qui, composée de 500 membres, avait seule le droit de faire les propositions des lois.

  • 8Nom de différents corps chargés de délibérer ou donner leur avis sur des affaires publiques. Conseil exécutif. Conseil d'administration. Conseil de surveillance.

    Conseil général de département, et, absolument, conseil général, assemblée de notables élus par les administrés pour assister l'administration du préfet.

    Conseil d'arrondissement, assemblée de notables auprès du sous-préfet, chargée d'opérer la sous-répartition des impositions entre les communes.

    Conseil de préfecture, sorte de tribunal administratif dans chaque département, présidé par le préfet.

    Conseil municipal, assemblée de notables qui assistent le maire dans l'administration de la commune. Il s'est appelé aussi conseil de ville.

    Conseil supérieur de l'instruction publique, conseil présidé par le ministre, composé d'archevêques, d'évêques, de ministres protestants, d'un rabbin, de conseillers d'État, de membres de la magistrature et de l'Institut, de membres du conseil de l'université, d'inspecteurs généraux, recteurs et professeurs de facultés, et appelé à donner son avis sur différentes affaires.

    Conseil académique, conseil présidé par le recteur, composé d'un inspecteur de l'académie, d'un fonctionnaire de l'enseignement, du préfet ou de son délégué, de l'évêque ou de son délégué, d'un ministre protestant ou rabbin, s'il y a lieu ; du procureur général près la cour d'appel, des membres du conseil général, et chargé, conjointement avec le recteur, d'administrer l'académie.

    Conseil de l'université, conseil qui assiste le ministre de l'instruction publique dans ses fonctions.

    Conseil de guerre, assemblée des officiers généraux d'une armée pour délibérer sur le parti à prendre en des circonstances importantes ou difficiles.

    Conseil de fabrique, assemblée des notables d'une paroisse qui se forme pour délibérer sur les intérêts de la fabrique d'une église.

    Conseil de commerce, assemblée de notables commerçants.

    Conseil de prud'hommes (voir PRUD'HOMME).

  • 9Nom de diverses juridictions.

    Conseil de guerre, tribunal qui exerce la justice militaire.

    Conseil de révision, tribunal militaire auquel on en appelle des arrêts des conseils de guerre.

    Conseil de révision, assemblée annuelle dans chaque département pour prononcer sur les dispenses de service militaire.

    Conseil nautique, conseil établi dans certains ports pour examiner la conduite des officiers de marine qui ont commandé un ou plusieurs bâtiments.

    Conseil des prises, commission extraordinaire établie autrefois en temps de guerre, pour juger les prises de navires capturés sur l'ennemi.

    Conseil de discipline (voir DISCIPLINE).

    Terme de droit. Conseil de famille, assemblée de parents, présidée par le juge de paix, pour régler les intérêts des mineurs et des interdits.

    Autrefois, grand conseil, cour souveraine où les conseillers ne servaient que par semestre et qui connaissait des appellations de la prévôté de l'hôtel, des différends entre présidiaux, des matières bénéficiales, des contrariétés d'arrêt.

    Conseil des Dix, tribunal secret à Venise, qui, chargé de veiller à la sûreté de l'État, avait des pouvoirs illimités.

    Le conseil aulique, l'un des tribunaux suprêmes de l'empire d'Allemagne, où se jugeaient les procès des princes.

    Conseil provincial d'Artois, conseil souverain d'Alsace, de Roussillon, juridictions qui tenaient lieu de parlement dans les provinces.

  • 10Nom de différents conseils qui siégent ou siégeaient auprès du souverain. Conseil de cabinet, conseil le plus intime du prince.

    Conseil des ministres, ou, absolument, le conseil, la réunion des ministres assemblés pour délibérer sur les affaires de l'État. On dit aussi en ce sens conseil de cabinet.

    Conseil d'État, corps qui a dans ses attributions la charge de préparer les lois, ordonnances et règlements, de résoudre les difficultés en matière administrative et de juger les appels du contentieux administratif.

    Autrefois, conseil d'État se disait du conseil particulier où le roi examinait avec ses ministres les affaires de paix, de guerre, de politique étrangère.

    Conseil d'État se disait aussi d'un corps qui, en assemblée générale, était chargé de prononcer sur les demandes en cassation des arrêts des cours souveraines ; il s'appelait alors conseil des parties et conseil privé.

    Conseil d'en haut, conseil où présidait le roi et où se trouvaient le chancelier, les ministres d'État et autres personnes.

    Conseil de conscience, conseil particulier où étaient le roi, son confesseur et quelques autres et où l'on décidait diverses matières concernant le clergé ou l'état ecclésiastique.

    Le conseil privé, conseil particulier du souverain.

    Autrefois conseil des dépêches, celui où se traitaient devant le roi les affaires de haute administration intérieure.

    Autrefois conseil du roi, assemblée qui connaissait de tout ce qui intéressait l'administration générale du royaume.

    Conseil des princes, des grands seigneurs, des communautés, l'assemblée de leurs intendants, avocats et autres pour régler l'administration de leur maison.

PROVERBES

La nuit porte conseil, c'est-à-dire il faut réfléchir avant de prendre une résolution. Après que la nuit nous aura donné conseil. [Sévigné, 363]

À nouvelles affaires, nouveaux conseils, c'est-à-dire il ne faut pas trop prévoir les inconvénients, il faut se décider suivant les cas.

À parti pris point de conseil, c'est-à-dire les conseils sont inutiles quand la chose est décidée.

À chose faite, conseil pris, même sens.

On ne pèche point quand on pèche par conseil, c'est-à-dire il n'y a pas de faute quand on a pris avis de gens honnêtes et habiles.

Ce conseil-là est bon, mais il n'en faut guère user, se dit d'un avis qu'on ne veut pas suivre.

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11Arbre des conseils, le figuier des pagodes, ficus religiosa, L., BAILLON, Dict. de bot. t. I, p. 247.

REMARQUE

Ajoutez : à propos de ce vers de Philippe Mouskes : Mais or n'iert mais qui me consaut, Chronique, V. 9374, M. de Reiffenberg remarque en note : " On disait encore sous le gouvernement autrichien [en Belgique] les consaux pour les conseils de l'État. "

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