cornu, ue
- 1Qui a des cornes. Les diables cornus. Front cornu.
Un animal cornu blessa de quelque coups Le lion, qui, plein de courroux....
[La Fontaine, Fables] - 2Qui a des coins ou angles saillants. Un pain cornu. Une pièce de terre cornue.
Du fond de cet antre pierreux, Entre deux montagnes cornues
. [Voltaire, Poèmes et épîtres]Terme de logique. Argument cornu, sorte d'argument.
On donnait le nom de cornu à cet argument-ci : Vous avez ce que vous n'avez pas perdu ; or vous n'avez pas perdu des cornes ; donc vous avez des cornes
. [Condillac, Hist. anc. III, 18]On appelait aussi de ce nom le dilemme, parce qu'il frappe de deux côtés (argumentum cornutum utrinque jeriens)
- 3 Fig. Lièvres cornus, idées folles, extravagantes, ainsi dites parce que les lièvres n'ont pas de cornes.
Et de lièvres cornus le cerveau [ils] nous barbouillent
. [Régnier, Satires]Raisons cornues, raisonnements cornus, raisons bizarres, étranges.
Tous vos beaux arguments cornus Pour me persuader de vivre Et pour m'obliger à vous suivre, N'étaient donc que pour m'attraper
. [Scarron, Virgile travesti]Visions cornues, idées folles, extravagantes.
Peut-être sans raison Me suis-je en tête mis ces visions cornues
. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]J'aime mieux.... Que d'aller follement, égaré dans les nues, Me lasser à chercher des visions cornues
. [Boileau, Epîtres] - 4 Terme de botanique. Dont le style ou les anthères sont en forme de corne.
Blé cornu, blé affecté de l'ergot.
- 5 Terme de vétérinaire. Cheval cornu, jument cornue, animal chez lequel la hanche, très prononcée, forme une forte saillie, défaut dû, soit à une conformation vicieuse, soit simplement à la maigreur.
PROVERBE
À mal enfourner, on fait les pains cornus, c'est-à-dire un commencement malhabile fait que la chose ne vient pas à bien.
- rechercher