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courroux

nm (kou-rou ; l'x se lie : un kou-rou-z aveugle)
  • 1Sentiment d'irritation : s'emploie en poésie et dans le style soutenu. Et même ses courroux, tant soient-ils légitimes, Sont des marques de son amour. [Malherbe, I, 5] Et si de mes discours vous entrez en courroux. [Régnier, Élégies] Sans de l'une ou de l'autre allumer le courroux. [Corneille, Don Sanche] Je sais que mes crimes Vous ont causé souvent des courroux légitimes. [Rotrou, Venceslas] Je ne sais qui me tient, infâme, Que je ne t'arrache les yeux, Et ne t'apprenne où va le courroux d'une femme ? [Molière, L'amphytrion] Mais si la cruelle Se met en courroux Au récit fidèle Des maux que je sens pour elle, Oiseaux, taisez-vous. [Molière, La princesse d'Élide] Quoi ! Tout ce grand projet qui m'a mise en courroux. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Il se met en courroux. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Un aveu dont d'abord elle a paru contente Faute d'avoir le temps de s'en mettre en courroux. [La Fontaine, Fianc.] Laisse-t-elle un moment respirer son époux, Ses valets sont d'abord l'objet de son courroux. [Boileau, Satires] Un esclave est pour elle un objet de courroux. [Racine, Alexandre le grand] Je ne condamne plus un courroux légitime. [Racine, Andromaque] Poursuivez, s'il le faut, un courroux légitime. [Racine, Bajazet] Et ce juste courroux, Ainsi qu'à tous les Grecs, seigneur, vous rend à vous. [Racine, ib. II, 5] Ce courroux enflammé. [Racine, ib. III, 1] Jouissez à loisir d'un si noble courroux. [Racine, ib. III, 6] Dieu parle, et d'un mortel vous craignez le courroux ! [Racine, Esther] Comment ce courroux si terrible En un moment s'est-il évanoui ? [Racine, ib. II, 9] Croyez-moi, plus j'y pense et moins je puis douter Que sur vous son courroux ne soit près d'éclater. [Racine, Athalie] Ces nations frémissaient de courroux. [Fénelon, Télémaque]

    Il se dit aussi de quelques animaux nobles ou féroces. Le courroux du lion.

  • 2 Fig. Où la vague en courroux semblait prendre plaisir à feindre de le rendre [le corps de Pompée] et puis le ressaisir. [Corneille, La mort de Pompée] Ma fortune va prendre une face nouvelle, Et déjà son courroux semble s'être adouci. [Racine, Andromaque] Des astres ennemis j'en crains moins le courroux. [Racine, Esther] Comme Neptune de son trident apaise les flots en courroux. [Fénelon, Télémaque]

SYNONYME

COURROUX, COLÈRE. Ces deux mots diffèrent non par le sens qui est le même, mais par l'emploi ; c'est-à-dire que colère appartient à tous les styles, tandis que courroux n'appartient qu'au style soutenu et à la poésie.

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