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céder

vt (sé-dé ; la syllabe cé prend l'accent grave devant une syllabe muette, je cède, excepté au futur et au conditionnel où l'accent aigu est conservé, je céderai : mauvaise et inutile contradiction)
  • 1Laisser une chose à quelqu'un. Céder le haut du pavé à quelqu'un. Il céda la victoire à l'ennemi. Que cédé-je à mon frère en cédant vos États ? [Corneille, Nicomède] Sans regret il vous quitte, il fait plus, il vous cède. [Corneille, Polyeucte] J'ai cédé mon amant, tu t'étonnes du reste. [Racine, Bajazet] Elle lui céderait une indigne victoire. [Racine, Mithridate] Le parti le plus sûr, c'est de respecter fort les procureurs du roi et leurs clercs, de fuir toute rencontre avec eux, tout démêlé, de leur céder non-seulement le haut du pavé, mais tout le pavé s'il se peut. [Courier, Lettres de France et d'Italie]
  • 2 Terme de commerce et de jurisprudence. Transporter la propriété d'une chose à une autre personne. Céder un magasin, un fonds, un cheval, une créance, un bail, ses droits, ses prétentions.
  • 3 vi Plier, fléchir sous le poids, sous la pression. La porte céda sous nos efforts. Le plancher surchargé a cédé. Cette voûte cédera. Des tumeurs molles et qui cèdent à la pression du doigt. Ses greniers cédaient sous le poids du grain.
  • 4 Fig. En parlant des personnes, ne pas s'opposer, ne pas résister. Ne cède pas à l'adversité. Céder aux circonstances. J'ai cédé à mon penchant. Les autres cédèrent à l'habitude. Je cédais au sommeil. Cédant à la crainte, à la colère. Je suis vaincu du temps, je cède à ses outrages. [Malherbe, II, 12] Nous n'avons point d'amis qui ne cèdent au nombre. [Corneille, Sertorius] On dira que je cède à la difficulté. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Un homme dont le corps a cédé aux tourments. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Prince, sans l'irriter, cédons à cet orage. [Racine, Britannicus] Je suivais mon devoir et vous cédiez au vôtre. [Racine, Andromaque] Son téméraire orgueil, que je vais redoubler, Croira que je lui cède et qu'il m'a fait trembler. [Racine, Iphigénie en Aulide] Le roi de son pouvoir se voit déposséder, Et lui-même au torrent est contraint de céder. [Racine, ib. V, 3] Aux cris d'un vil oiseau vous cédez sans combat. [Boileau, Le lutrin] Deux fois, en grand politique, ce judicieux favori sut céder au temps et s'éloigner de la cour. [Bossuet, Oraisons funèbres] Poussin, rappelé de Rome à Paris, y céda à l'envie et aux cabales ; il se retira. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]

    Absolument. A la fin il céda. Tu céderas, ou tu tomberas sous ce vainqueur, Alger, riche des dépouilles de la chrétienté. [Bossuet, Oraisons funèbres] Du moins s'il faut céder.... [Racine, Mithridate] L'univers a cédé ; cédons, mon cher Zamore. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

  • 5Dans le même sens, en parlant des choses. Tout cède à un travail opiniâtre. Comme j'ai fait céder mon amour au devoir. [Corneille, Le Cid] Je sais ta passion et suis ravi de voir Que tous ses mouvements cèdent à ton devoir. [Corneille, Le Cid] Enfin ma bonté cède à ma juste fureur. [Corneille, Polyeucte] Leur vaine amitié cède à leur politique. [Corneille, Nicomède] Ma générosité cède enfin à sa haine. [Corneille, ib. III, 4] Peu savent, comme vous, s'appliquer ce remède [la patience], Et dans leur intérêt [affliction], toute leur vertu cède. [Corneille, Horace] La constance du pape Libère cède aux ennuis de l'exil. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Je vois que la raison cède à la violence. [Racine, Phèdre] Et que me direz-vous qui ne cède, grands dieux ! à l'horreur de vous voir expirer à mes yeux. [Racine, ib. I, 3] Dont la beauté ne cédait qu'à celle d'Achille. [Fénelon, Télémaque] Que l'éclat de l'ancien temple céderait à la majesté du nouveau. [Massillon, Myst. Nouvelle vie.] Ce nom si redoutable à qui tout autre cède. [Voltaire, Tancrède] Dès sa première jeunesse, tout cédait aux lumières de son esprit. [Bossuet, Oraisons funèbres] Tout devait céder à ses désirs fougueux. [Fénelon, Télémaque]
  • 6Se reconnaître au-dessous de quelqu'un, et aussi être au-dessous de quelqu'un. Et comme ses rivaux lui cèdent en mérite. [Corneille, Don Sanche] Les Gaulois ne leur cédaient pas en courage. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Le roi ne cédait à personne ni pour la taille ni pour la mine. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Elle ne cède point à la reine pour communier souvent. [Sévigné, 411] Il aurait été tenté de nous regarder comme des intelligences supérieures, s'il n'avait éprouvé combien nous lui cédions à d'autres égards. [Diderot, Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient]

    On dit aussi le céder, dans le même sens. Il le cède en habileté à son frère. Il ne le cède à personne en vertu. L'Académie ne donne pas cette tournure ; mais elle est continuellement employée, et, à l'historique, on voit qu'Amyot s'en est servi.

  • 7tre diminué, en parlant d'un mal physique, cesser. La violence du mal ne cédant pas aux remèdes. Quand la douleur vient à céder. Le mal paraissait céder.
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