Voir les citations avec "damner"

damner

vt (dâ-né)
  • 1Condamner aux peines de l'enfer. Dieu damnera les méchants. C'est une assez plaisante chose d'être hérétique pour cela ; je croyais bien qu'on fût damné pour n'avoir pas de bonnes pensées, mais qu'on le soit pour ne pas croire que tout le monde en a, vraiment je ne le pensais pas. [Pascal, Les provinciales]

    Dieu me damne ! locut. interject. Ahi, ahi, doucement ; Dieu me damne, mesdames, c'est fort mal en user. [Molière, Les précieuses ridicules]

  • 2Causer la damnation. Les plaisirs innocents le deviennent bien [péchés mortels] par l'excès de l'attachement, selon la doctrine des saints, et seuls ils ont pu damner le mauvais riche pour avoir été trop goûtés. [Bossuet, Oraisons funèbres] On peut dire que l'ignorance damne plus de princes et de grands que de personnes de la condition la plus vile. [Massillon, Av. Épiph.] Au lieu de ces moeurs molles et mondaines qui aussi bien vous damneront, ne refusez rien à vos passions. [Massillon, Car. Salut.] Au lieu de ce confesseur indulgent qui vous damne, mettez-vous au large, n'en ayez point du tout. [Massillon, ib.] Ce n'est pas l'endurcissement qui vous damnera ; c'est une sensibilité de conscience qui vous amuse et ne vous corrige point. [Massillon, Car. Sur la rechute.]
  • 3Réputer digne de la damnation. Vous damnez les gens de bien, parce qu'ils ajoutent à leur piété quelques endroits qui vous ressemblent. [Massillon, Car. Injust. du monde.] Vous damnez le juste sur les marques les plus légères et les plus excusables de l'humanité et de la faiblesse. [Massillon, ib.] On ne sait à qui en croire, nous dit-on tous les jours ; les uns vous damnent, les autres vous sauvent. [Massillon, Carême, Samaritains.] Ce rêveur fanatique Damnant le genre humain qu'il prétend convertir. [Voltaire, Disc. 5] Ami, ne préviens point le jugement céleste ; Respecte ces mortels, pardonne à leur vertu : Ils ne t'ont point damné ; pourquoi les damnes-tu ? [Voltaire, Loi natur. 3e part.]
  • 4 Fig. Faire damner quelqu'un, le tourmenter ou l'impatienter à l'excès. Lauzun le fit damner [Tessé], et se fit prier longtemps, en lui faisant accroire qu'il savait mieux qu'il ne disait. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Vous me feriez damner, ma mère ; je vous di Que j'ai vu, de mes yeux, un crime si hardi. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]
  • 5Se damner, vpron Attirer sur soi les peines de l'enfer. Quoi ! disent ils, si ces choses-là n'étaient, des religieux les publieraient-ils, et voudraient-ils renoncer à leur conscience et se damner par ces calomnies ? [Pascal, Les provinciales] Il y a des gens qui se damnent si sottement. [Pascal, Conv. 3] L'un se damne comme un désespéré ; l'autre comme un indolent qui se laisse tranquillement entraîner par les flots. [Massillon, Car. Vérité de la religion.] On sait en général que le grand nombre se damne. [Massillon, ib. Petit nombre.] On l'autorise [le pénitent] dans son erreur, on l'entretient dans son libertinage, on le damne et on se damne avec lui. [Bourdaloue, Carême, Sur les tentations.]

    Fig. Se damner, s'impatienter, faire du mauvais sang, au point de jurer, de sacrer. Et j'entends dire chaque jour De la fenêtre où je me damne : La maison de Monsieur Vautour Est celle où vous voyez un âne. [Désaugiers, M. Vautour, sc. 4]

  • rechercher