diantre

• 1Mot qu'on emploie par euphémisme pour diable. Mais quand il faut payer, au diantre le teston. [Régnier, Satires]

  Diantre soit de.... se dit pour envoyer au diable la personne ou la chose qui importune. Que le diantre vous emporte ! [Sévigné, 343] Encor ! diantre soit fait de vous ! Si.... je le veux. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Diantre soit de la folle avec ses visions ! [Molière, Les femmes savantes] Diantre soit des femmes qui fourrent des épingles partout ! [Beaumarchais, Le mariage de Figaro, ou La folle journée]

  On peut supprimer la préposition de. Holà ! ho ! doucement ; diantre soit la coquine ! [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

  Cela ne vaut pas le diantre, cela est très mauvais. Ah ! ah ! ceci ne vaut pas le diantre pour M. Mignard. [Dancourt, Le chevalier à la mode]

• 2Il s'emploie comme une sorte d'exclamation ou de jurement. D'où diantre a-t-il sitôt appris cette aventure ? [Molière, L'école des femmes] Et qui diantre vous pousse à vous faire imprimer ? [Molière, Le misanthrope] C'est une chose sacrée que l'argent du jeu ; diantre, ce sont des fonds pour le plaisir, où l'on ne touche point pour le nécessaire. [Dancourt, Les bourgeoises à la mode] Et que diantre voulez-vous que je vous dise, mesdames ? [Dancourt, ib. V, 6] Qui diantre me poussait à vouloir être de l'Académie ? [Courier, Lettres de France et d'Italie]
• 3Diantre suivi d'un complément a le même sens que diable en un même emploi, et signifie singulier, mauvais, diabolique. Qu'on est aisément amadoué par ces diantres d'animaux-là ! [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Quelle diantre de cérémonie est-ce là ? [Molière, L'avare] Il me sera aisé de lui faire des plaintes de ces diantres de chemins. [Sévigné, 334] Le Rhône, ce diantre de Rhône. [Sévigné, 39] Je voudrais que vous fussiez étranglé par votre gorge avec votre diantre de collier. [Regnard, Sérénade]