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disgrâce

nf (di-sgrâ-s')
  • 1Perte des bonnes grâces d'une personne puissante. Encourir la disgrâce du prince. Il a soutenu héroïquement sa disgrâce. [Sévigné, 348] Le meilleur de tous les biens, s'il y a des biens, c'est le repos, la retraite, et un endroit qui soit son domaine ; N*** a pensé cela dans sa disgrâce, et l'a oublié dans la prospérité. [La Bruyère, VIII] La disgrâce éteint les haines et les jalousies. [La Bruyère, XII] Rien n'est si voisin de la faveur que la disgrâce. [Maintenon, Lettres] Pour languir dans l'éclat d'une illustre disgrâce. [Voltaire, Sémiramis] La disgrâce jette je ne sais quoi de touchant sur les grandes vertus et les qualités éminentes. [Mairan, Éloges, Card. Polignac.] Albuquerque mourut à Goa en 1515, sans richesses, et dans la disgrâce d'Emmanuel, auquel on l'avait rendu suspect. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Par analogie. Tous les hommes sont dans la disgrâce de Dieu. [Pascal, Juifs, 1] Lorsque nous avons été assez malheureux que de tomber dans la disgrâce de Dieu. [Massillon, Car. Temples.] L'homme est maintenant en disgrâce chez tous ceux qui pensent. [Vauvenargues. Max. CCXIX.] Nous sommes tombés d'un tourbillon dont nous étions le centre, dans le tourbillon du soleil d'aujourd'hui ; d'astres que nous étions nous sommes devenus lune, ayant par faveur autour de nous une autre petite lune pour nous consoler dans notre disgrâce. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard]

  • 2État, par rapport aux événements, comparé à la disgrâce par rapport à une personne. Enfin donc ton amour ne craint plus de disgrâce. [Corneille, Le menteur] J'ai le coeur au-dessus des plus fières disgrâces. [Corneille, Le Cid] Voilà ce que c'est que du monde ; la moindre disgrâce nous fait mépriser de ceux qui nous chérissaient. [Molière, Les précieuses ridicules] J'en juge par moi-même ; et la moindre disgrâce, Lorsque je suis à jeun, me saisit, me terrasse. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] J'ai cru que notre mariage n'était qu'un adultère déguisé, qu'il nous attirerait quelque disgrâce d'en haut. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Ah ! malheur ! ah ! disgrâce, ah ! pauvre seigneur Sganarelle, où pourrais-je te rencontrer ? [Molière, L'amour médecin] Et qui peut mieux que vous consoler sa disgrâce ? [Racine, Bérénice] La mort n'est point pour moi le comble des disgrâces. [Racine, Bajazet] La Discorde, qui voit leur honteuse disgrâce, Dans les airs cependant tonne, éclate, menace. [Boileau, Le lutrin] Je cours trouver Lucain ; plein d'une noble audace, De la liberté sainte il chanta la disgrâce. [Legouv. Épichar. et Nér. I, 3]
  • 3Mauvaise grâce. Elle a de la disgrâce dans le maintien. Cet homme met de la disgrâce jusque dans le bien qu'il fait. On aura craint sans doute la disgrâce attachée à la forme didactique, qui effarouche la plupart des lecteurs. Mém. sur les finances de l'Anglet. trad. de l'anglais, Mayence, 1768, introd. p. 1] C'est à de tels contrastes [la rudesse et la servilité] qu'il faut attribuer la disgrâce allemande, que l'on se plaît à contrefaire dans les comédies de tous les pays. [Staël, De l'Allemagne]

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- REM. Bussy Rabutin a dit faire des disgrâces, par opposition à faire des fortunes : Le même caprice qui fait faire des fortunes prodigieuses à de certaines gens, fait faire à d'autres de grandes disgrâces sans fondement, Lett. à Mme de Sévigné, 23 déc. 1670. Cela est peu correct, ce semble.

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