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durer

vi (du-ré)
  • 1Être dur contre les causes de destruction, continuer d'être, persister à être. Les pyramides d'Égypte, si anciennes, durent encore.

    Fig. Quand on saura mon crime et que ta flamme dure. [Corneille, Le Cid] Dure à jamais le mal, s'il y faut ce remède ! [Corneille, Horace] Dure, dure à jamais l'esclavage de Rome ! [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Tant qu'il verra durer ces restes du parti. [Corneille, La mort de Pompée] Ni que des sentiments que j'aime à voir durer.... [Corneille, Nicomède] Vous ne voyez donc pas qu'elle a peine à durer [ma haine] ? [Corneille, Sertorius] Et n'eût tout mon bonheur que deux jours à durer. [Corneille, ib. V, 5] La mémoire de Sem a toujours duré dans le peuple hébreu. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

    Durer à quelqu'un, en parlant d'un sentiment, d'une idée, persister en lui. C'est le dernier remède ; et s'il y faut venir, Et que de mes malheurs cette pitié vous dure. [Corneille, Le Cid] Si l'envie que vous avez de me connaître vous dure encore, venez. [Scarron, Le Roman comique] Ah ! méritez, mon fils, que cet amour vous dure. [Rotrou, Venceslas]

    Faire durer, prolonger. On fera durer cette privation aussi longtemps qu'on voudra. [Bossuet, Pass.]

  • 2Ne pas s'user, ne pas dépérir facilement. Ce drap dure beaucoup. Meubles faits de manière à durer longtemps. [Fénelon, Télémaque]

    Il est bien neuf, il durera longtemps, se dit d'un niais qui n'a pas vu le monde.

  • 3Il se dit du temps qui se prolonge. Marcelle en ma faveur agit trop lentement, Et laisse trop durer cet ennuyeux moment. [Corneille, Théodore et Héraclius] Et nos jours criminels ne pourront plus durer Qu'autant qu'à sa clémence il plaira l'endurer. [Corneille, Horace] Mes amis, l'hiver dure, et ma plus douce étude Est de vous raconter les faits des temps passés. [Voltaire, Gertrude.] Puisse ce sentiment que je vous inspire aujourd'hui durer autant que ma vie, dit Corinne, ou du moins puisse ma vie ne pas durer plus que lui ! [Staël, Corinne, ou l'Italie]
  • 4Sembler long. Ce n'est qu'avec ceux que j'aime que les heures ne me durent pas. [Guez de Balzac, Correspondance] Ce sont les seuls charmes.... qui sont capables d'évoquer la paix et de la faire voir encore à la terre après une si longue absence et qui lui dure si fort. [Guez de Balzac, Discours à la Régente] Un moment loin de vous me durait une année. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] J'eus l'honneur de voir Mme de Maintenon, avec qui je fus une bonne partie d'une après-dînée, et elle me témoigna même que ce temps-là ne lui avait pas duré. [Racine, Lett. à Boileau, 5] Je sais que ce délai lui dure autant qu'à moi. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

    Impersonnellement. Il me dure que vous soyez de retour.

  • 5En parlant des personnes, continuer à vivre. Il s'est fait admirer tant qu'ont duré ses frères. [Corneille, Horace] Son fils ne dura guère. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

    Fig. Se conserver dans ses dignités, dans son crédit, dans sa fortune, etc. Il est aisé de durer, quand on s'accommode aux conjonctures. [Massillon, Vérité de la religion.]

  • 6Supporter, rester, vivre avec. Et je ne puis Durer plus longuement à la peine où je suis. [Régnier, Élégies] Quelle sécheresse de conversation ! on n'y dure point, on n'y tient pas. [Molière, Les précieuses ridicules] Pensez-vous que je puisse durer à ses turlupinades perpétuelles ? [Molière, Critique de l'école des femmes] Il a tant bu que je ne pense point qu'on puisse durer contre lui. [Molière, George Dandin] Ne pouvant plus durer en tel tourment. [La Fontaine, Rich.] La petite vérole le prit avec une telle corruption qu'on ne pouvait durer dans la chambre. [Sévigné, 128] Il aimait Veret [un château], quand il n'était pas obligé d'y demeurer ; il ne peut plus y durer, parce qu'il n'ose en sortir. [Sévigné, 343] Elle était assise, elle ne peut durer au lit. [Sévigné, Lett. 20 avril 1672] Aurait-on pu durer huit jours chez vous avec un coeur droit et sincère ? [Fénelon, Dialogues des morts]

    Ne pouvoir durer avec quelqu'un, ne pouvoir plus vivre avec lui. Il faudrait une plus grande pénétration et une plus grande patience que la mienne pour pouvoir vous entendre et pour pouvoir durer avec vous. [Baron, Homme à b. fort. I, 4] Comme en revenant à nous, nous n'y trouvons que nous-mêmes, c'est-à-dire un coeur vide de vrais plaisirs, nous ne pouvons durer avec nous-mêmes. [Massillon, Myst. Pentecôte.] Un si aimable homme et une femme si merveilleuse ne duraient pas aisément ensemble. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Augicourt se contenta de dire qu'il l'avait bien servi [M. de Louvois], mais qu'il n'y avait plus moyen de durer avec lui. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Familièrement. Ne pouvoir durer en place, être agité, tourmenté. Cette personne ne saurait durer en place. [Sévigné, 507]

    Ne pouvoir durer en sa peau, être agité, tourmenté par quelque désir. Tant se la mit le drôle en la cervelle, Que dans sa peau peu ni point ne durait. [La Fontaine, Coc.]

    Ne pouvoir durer de froid, de chaud, au froid, au chaud, en être extrêmement incommodé.

    PROVERBE

    Il faut faire vie qui dure, se dit quand on parle de ménage et qu'on veut empêcher la dissipation de la fortune, de la santé, des forces.
    Afin de faire vie qui dure. [Sévigné, 506]

    On dit, dans le même sens, faire feu qui dure. Buvez, mangez, dormez, et faisons feu qui dure. [Racine, Les plaideurs]

    Durer se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

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- REM. Dans durer deux heures, durer n'est actif qu'en apparence ; il est neutre en réalité : Les deux heures que le dîner a duré, et non durées ; même remarque que pour coûter.

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