démembrer
vt (dé-man-bré)
- 1Découper un corps par membres.
On écorche, on taille, on démembre Messire loup ; le monarque en soupa, Et de sa peau s'enveloppa
. [La Fontaine, Fables]Écorcher, démembrer un pauvre animal sans défense
. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]Par exagération et familièrement, tirer quelqu'un avec violence.
L'une le tire d'un côté, l'autre de l'autre ; on le démembre peut-être à l'heure que je vous parle : est-ce que vous souffrirez cela ?
[Dancourt, Foire de Besons, sc. 6]Ah ! monsieur, touchez là.... - Cet homme assurément prétend me démembrer
. [Regnard, Le légataire universel]Fig.
Condillac ne fait que démembrer Locke, et il s'égare toutes les fois qu'il marche sans lui
. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne] - 2Diviser les parties d'un tout ; détacher quelque partie de ce qui formait un corps. Démembrer un État. Démembrer un ministère.
Rome voit par leurs mains [de César et de Pompée] démembrer sa puissance
. [Brébeuf, Pharsale, I][Il François 1er] chargea l'agent de l'empereur de mander à son maître la résolution où il était de passer plutôt toute sa vie en prison que de rien démembrer de ses États
. [Rollin, Traité des Études]Je parlerai pour démembrer les évêchés trop étendus, parce qu'on m'a dit que ce serait un grand bien
. [Maintenon, Lettres]Il sentait ses forces s'affaiblir, et craignait qu'après lui cet empire français, ce grand trophée de tant de travaux et de victoires, ne fût démembré
. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]Terme féodal. Démembrer un fief, en faire le démembrement.
- 3Se démembrer, vpron Être démembré, être divisé. L'empire de Charlemagne se démembra sous ses faibles successeurs.
Le sort des petits États est de s'étendre ; celui des grands, de se démembrer
. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]
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