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démon

nm (dé-mon)
  • 1Dans le polythéisme ancien, génie, esprit bon ou mauvais. Que l'honneur de mon prince est cher aux destinées ! Que le démon est grand qui lui sert de support ! [Malherbe, II, 7] Que saurait enseigner aux princes Le grand démon qui les instruit. [Malherbe, III, 2] Or qu'en un saint ouvrage un saint démon m'appelle. [Régnier, Poem. s.] Un plus puissant démon veille sur vos années. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Leur chef nous a paru le démon des combats. [Corneille, La toison d'or] [Il] Respecterait en lui le démon de l'empire. [Corneille, Pulchérie] Ô ciel ! quel bon démon devers moi vous envoie, Madame ? [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Que les hommes, les dieux, les démons et le sort Préparent contre nous un général effort. [Corneille, Horace] Quel démon envieux M'a refusé l'honneur de mourir à vos yeux ? [Racine, Britannicus] Fatale furie Que le démon de Rome a formée et nourrie. [Racine, Mithridate] Les trois Furies, les trois Parques, les mauvais démons, la roue d'Ixion sont des chimères absurdes. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard] Platon avait imaginé les démons pour former une échelle par laquelle, de créature plus parfaite en créature plus parfaite, on montât enfin jusqu'à Dieu. [Diderot, Opinions des anciens philosophes]

    Le démon de Socrate, voix mystérieuse que Socrate disait lui parler et lui donner des conseils. On ne convient pas de ce qu'était ce génie, appelé ordinairement le démon de Socrate, d'un mot grec qui signifie quelque chose quitient du divin, conçu comme une voix secrète. [Rollin, Histoire ancienne] Le Démon de Socrate, titre d'un livre où M. Lélut cherche à prouver que le démon de Socrate était, chez ce philosophe, une hallucination de l'ouïe.

    Fig. La peine et la récompense sont les deux démons qui gouvernent les choses humaines. [Guez de Balzac, Socrate chrétien] Deux démons à leur gré partagent notre vie, Et de son patrimoine ont chassé la raison.... J'appelle l'un amour et l'autre ambition. [La Fontaine, Fables]

  • 2Dans la religion chrétienne, les diables, les esprits malins, par opposition aux anges. Que les démons et ceux qui les adorent Soient à jamais détruits et confondus ! [Racine, Esther] C'est une étrange vision, Et cependant, ange ou démon, J'ai vu partout cette ombre amie. [Musset, Poésies nouv. Nuit de décembre]

    Le diable, Satan, prince des démons, et principe du mal. Les ruses du démon. Et bravant du démon l'impuissant artifice, De la religion soutient tout l'édifice. [Racine, Esther] Vous irez crier partout qu'il faut être organe du démon pour vous imputer des choses dont il n'y a ni marque ni vestige dans vos livres. [Pascal, Les provinciales]

    Démon du midi, sorte de démon, signalé dans la Bible, et, par extension, nom donné à Philippe II, roi d'Espagne, à cause du mal qu'il faisait et de sa résidence dans un pays du midi.

    Fig. et familièrement, avoir de l'esprit comme un démon, avoir beaucoup d'esprit.

  • 3Personne méchante qui se plaît à tourmenter les autres. Cet homme est un vrai démon, un démon incarné.

    Faire le démon, faire du bruit, s'emporter.

    Fairel le petit démon, même sens, avec cette nuance qu'il s'agit alors de quelque résistance de la part d'une jeune femme, d'un jeune homme, résistance qu'on veut caractériser d'une façon aimable. Votre esprit contre moi fait le petit démon. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Il a fait le petit démon quand je lui ai dit que vous m'aviez envoyé de l'argent pour lui, il n'en a que faire. [Sévigné, 157]

    Faire le démon, se dit aussi en bonne part, en parlant d'une résistance ou d'une attaque honorable. Le maréchal de Créqui fait toujours le démon dans Trèves [assiégée]. [Sévigné, 214]

    Il se dit d'un enfant vif et malin. C'est un petit démon.

    Comme un démon, se dit sans y attacher nécessairement de mauvaise idée, pour signifier impétuosité, ardeur, violence, etc. Le petit-fils de St-Hérem, qui courait comme un démon à cheval avec le comte de Toulouse, tomba et fut trois heures sans connaissance. [Sévigné, 471]

  • 4La cause de l'inspiration, des impulsions bonnes ou mauvaises. Le démon de la guerre, des combats. Que faisonsnous, Romains ? Dit-il, et quel démon nous fait venir aux mains ? [Corneille, Horace] Quel démon vous irrite et vous porte à médire ? [Boileau, Satires] Dès lors que son démon commence à l'agiter, Tout, jusqu'à sa servante, est prêt à déserter. [Boileau, Satires] Eh ! que serait-ce donc si le démon du jeu Versait dans son esprit sa ruineuse rage ? [Boileau, Satires] Térence n'est pas possédé de ce démon-là. [Diderot, Sur Térence] Celui qu'un vrai démon [l'inspiration] presse, enflamme, domine, Ignore un tel supplice, il pense, il imagine. [Chénier, Élégies]

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- REM. Chateaubriand a donné à ce mot un féminin : Que faisait à cela mon élégante démone ? - Ma démone, comme un mauvais génie, se replongea dans l'abîme, Mém. d'outre-tombe (éd. de Bruxelles), t. I, Dernières lignes écrites à la Vallée-aux-Loups, etc.

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