Voir les citations avec "enrager"

enrager

vi (an-ra-jé. Le g prend un e devant a ou o : j'enrageai, nous enrageons)
  • 1Être pris de la rage. Ce chien a été mordu ; il est à craindre qu'il n'enrage.
  • 2 Par extension, souffrir une douleur excessive. Il enrage du mal de dents.

    Il n'enrage pas de mentir, ou il n'enrage pas pour mentir, c'est un grand menteur, c'est-à-dire que, mentir ne lui causant aucune souffrance, il s'abandonne à toute sorte de mensonges. En même temps la renommée, Qui souvent est mal informée Et n'enrage pas pour mentir. [Scarron, Virgile travesti] Pour le portrait de Mezzetin, La Fontaine a fait un sixain Où l'on voit cet acteur traité d'incomparable ; Si la Fontaine a cru la chose véritable, Je n'oserais le garantir : Mais je sais bien qu'étant fort porté pour la fable, Il n'enrage pas pour mentir. [Gacon, Épigramme.]

  • 3Être tourmenté d'un violent désir. Enrager de soif, de faim. Il enrage de jouer, de parler. Tantale enrage de manger ; De mets friands sa table on couvre. [Scarron, Virgile travesti]
  • 4Éprouver un violent dépit, une grande impatience. Mille fâcheux cruels, qui ne pensent pas l'être, De nos faits avec moi, sans beaucoup me connaître, Viennent se réjouir pour me faire enrager. [Molière, L'amphytrion] On sait assez que le destin Adresse là les gens quand il veut qu'on enrage. [La Fontaine, Fables] Les valets enrageaient, l'époux était à bout. [La Fontaine, ib. VII, 2] Quand vous devriez en enrager. [Sévigné, 441] Quelle sérénité ! savez-vous, quand j'enrage, Que j'enrage encor plus, si l'on n'enrage aussi ? [Piron, La métromanie, ou Le poète] Ces lentes formalités de justice qui tant de fois le firent enrager [le cardinal de Retz], comme lui-même le raconte. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Il se construit avec de et le verbe à l'infinitif. J'enrage de me taire et d'entendre mentir. [Corneille, Le menteur] J'enrage de trouver cette place usurpée, Et j'enrage de voir ma prudence trompée. [Molière, L'école des femmes] J'enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule malgré leur qualité. [Molière, Critique de l'école des femmes]

    Il se construit aussi avec que et le verbe au subjonctif. J'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas fait bien étudier dans toutes les sciences, quand j'étais jeune. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

    Fig. Il ferait enrager bête et marchand, ou la bête et le marchand, se dit d'un homme qui tracasse sur tout, qu'on ne saurait satisfaire sur rien.

    Prendre patience en enrageant, c'est-à-dire malgré soi.

REMARQUE

Enrager se construit avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer l'action : le chien a enragé et s'est enfui ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : le chien est enragé depuis hier.

+

5Enrager après, éprouver une violente passion pour. L'un enrage après les femmes, l'autre veut toujours avoir le ventre à table. [Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.]
  • rechercher