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farouche

adj. (fa-rou-ch')
  • 1Qui n'est point apprivoisé. Les bêtes farouches.

    Fig. Ils ne songent point à donner des bornes à leurs passions ; au contraire, ils les traitent délicatement.... ils nourrissent ces bêtes farouches. [Bossuet, Sermons]

    Terme de manége. Cheval farouche, cheval qui craint la présence de l'homme.

    Familièrement. Cet homme n'est pas farouche, se dit d'un homme qui se laisse corrompre facilement par l'intérêt. Cette femme n'est pas farouche, se dit d'une femme qui écoute facilement les propos de galanterie. En même temps que sa bouche Me disait : je ne veux pas, Ses yeux me disaient tout bas : Je ne suis pas si farouche. [Mme de La Sablière, dans RICHELET]

    Fig. Il s'y rencontre même des mots si farouches pour nos vers [ne se prêtant pas à la versification], que j'ai été contraint d'avoir souvent recours à d'autres qui n'y répondent qu'imparfaitement et ne disant pas tout ce que mon auteur veut dire. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ]

  • 2Qui fuit la société. Il était farouche dans sa jeunesse.
  • 3Qui a une rudesse sauvage. Nos farouches vertueux ne veulent point de tempérament et de milieu. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] Eh ! a-t-on jamais vu de plus farouche esprit ? [Molière, La princesse d'Élide] Souvent de tous nos maux la raison est le pire ; C'est elle qui, farouche au milieu des plaisirs, D'un remords importun vient brider nos désirs. [Boileau, Satires] Sans parents, sans amis et sans concitoyens, Oublié sur la terre et loin de tous les miens, Par les vagues jeté sur cette île farouche [l'Angleterre], Le doux nom de la France est souvent sur ma bouche. [Chénier, Fragments.]

    Substantivement. Ces moeurs austères dont vous parlez sont proprement le caractère d'un sauvage et d'un farouche. [Pascal, Les provinciales]

    Il se dit de même de l'air, du regard, des manières, des sentiments, etc. La vertu n'a garde d'être austère et farouche ; elle ne détruit pas la nature, elle en corrige seulement l'imperfection. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] Les yeux égarés et le regard farouche. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Il rentre ; chacun fuit son silence farouche. [Racine, Britannicus] Je le vis, son aspect n'avait rien de farouche. [Racine, Iphigénie en Aulide] Chalcas s'est avancé, L'oeil farouche, l'air sombre, et le poil hérissé. [Racine, ib. v, 6] Que son farouche orgueil le rendait odieux ! [Racine, Phèdre] Ses yeux creux sont pleins d'un feu âpre et farouche ; ils sont sans cesse errants de tous côtés. [Fénelon, Télémaque] Son nom était Jacques Clément ; il était né dans un village de Bourgogne appelé Sorbonne, et alors âgé de vingt-quatre ans ; sa farouche piété et son esprit noir et mélancolique se laissèrent bientôt entraîner au fanatisme par les importunes clameurs des prêtres. [Voltaire, Ess. guerr. civ. France.]

  • 4Redoutable dans le combat. Mon armée, en silence, à leurs yeux étendue, N'offrait de tous côtés que farouches soldats. [Voltaire, La Henriade]
  • 5Dur, barbare, cruel. Peuples farouches. Et cette âme farouche Qui semble me flatter après tant de mépris. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Les menaces, les cris le rendront plus farouche. [Racine, Britannicus] Alvarez doit ici prononcer de sa bouche L'abominable arrêt de ce conseil farouche. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

    Il se dit aussi des choses. Ayons une valeur qui n'ait rien de farouche. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] La nature frémit d'un devoir si farouche. [Lamotte, Inès de Castro, IV, 1]

SYNONYME

FAROUCHE, SAUVAGE. Étymologiquement, le farouche est celui qui tient de la bête non apprivoisée ; le sauvage est celui qui appartient aux solitudes des forêts. Par conséquent, on est farouche par disposition de caractère et sauvage par absence de culture.

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