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guérir

vt (ghé-rir. La Mothe le Vayer assurait que guarir est aussi bon que guérir, qu'il appelle efféminé et d'enfant de Paris qui change l'a en e ; mais Vaugelas constatait que guérir avait pris le dessus. Au XVIe siècle, Bèze disait : La plupart prononcent guarir et garison, mais la vieille prononciation guairir et guairison me paraît préférable. Au XVIIe siècle garir, forme ancienne, était encore usitée : Et toutes, pour garir, se reforçaient de boire. [Régnier, Satires])
  • 1Délivrer de maladie, faire revenir en santé. Pour tout l'or du monde, il ne voudrait pas avoir guéri une personne avec d'autres remèdes que ceux que la faculté permet. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Je ne vois rien de plus ridicule qu'un homme qui se veut mêler d'en guérir un autre. [Molière, Le malade imaginaire] Ami, depuis trois jours tu n'es d'aucune fête, Dit-elle, que fais-tu ? pourquoi veux-tu mourir ? Tu souffres ; l'on me dit que je peux te guérir ; Vis et formons ensemble une seule famille : Que mon père ait un fils, et ta mère une fille. [A Chénier, Idylles, le Malade]

    Par extension. Guérir un rhume. Le quinquina guérit la fièvre d'accès.

    Absolument. Tu frappes et guéris, tu perds et ressuscites. [Racine, Athalie] [Sydenham] guérissait parce qu'il avait de l'expérience et qu'il savait attendre. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    L'art de guérir, la médecine. S'ils [les magistrats] avaient la véritable justice, si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n'auraient que faire de bonnets carrés : la majesté de ces sciences serait assez vénérable d'elle-même. [Pascal, Pensées]

    Fig. et familièrement. Cela ne guérit de rien, cela ne sert à rien.

    On dit de même : De quoi guérira, de quoi me guérira cela ? De quoi est-ce que tout cela guérit ? [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

  • 2 Fig. Guérir quelqu'un, faire disparaître en lui ce qui est comparé à une maladie. La mail qui me blessait a daigné me guérir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Je vais vous l'expliquer et veux bien vous guérir D'une erreur dangereuse où vous semblez courir. [Corneille, Nicomède] Si l'aveuglement des peuples n'eût pas éte incurable, elle [la reine] aurait guéri les esprits, et le parti le plus juste aurait été le plus fort. [Bossuet, Oraisons funèbres] J'attends avec ardeur Cette eau sainte, cette eau qui peut guérir mon coeur. [Voltaire, Zaïre]

    Guérir quelqu'un de quelque chose, lui ôter quelque inclination, quelque habitude qui n'est pas bonne. Le plaisir que je prenais à le relire sans cesse me guérit un peu des romans. [Rousseau, Les confessions]

    Guérir de, se dit avec un infinitif. Un soupir, une larme à regret épandue M'aurait déjà guéri de vous avoir perdue. [Corneille, Polyeucte]

    Il se dit aussi des choses qu'on guérit. J'ai peur que je ne vous épouvante trop, et que le remède dont je veux guérir votre ennui [chagrin] ne soit plus violent que le mal. [Voiture, Lettres] Le temps, qui guérit tout, guérira tes douleurs. [Godeau, Poésies, 2e part. 2e églogue.] Aussitôt qu'un État devient un peu trop grand, Sa chute doit guérir l'ombrage qu'elle [Rome] en prend. [Corneille, Nicomède] Du prince la raison a guéri le caprice. [Rotrou, Venceslas] Le trépas vient tout guérir ; Mais ne bougeons d'où nous sommes ; Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes. [La Fontaine, Fables] Les hommes, n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de ne point y penser. [Pascal, Pensées] Par le travail, on charmait l'ennui, on guérissait la langueur de la paresse et les premières rêveries de l'oisiveté. [Bossuet, Oraisons funèbres] Le monde endort les chagrins, mais il ne les guérit pas. [Massillon, Avent, Afflict.] J'ai révélé mon coeur au Dieu de l'innocence ; Il a vu mes pleurs pénitents ; Il guérit mes remords, il m'arme de constance ; Les malheureux sont ses enfants. [Gilbert, Ode imitée de plusieurs psaumes]

  • 3 vi Recouvrer la santé. Il [le médecin] m'ordonne des remèdes, je ne les fais pas et je guéris. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] C'était demander à un mourant s'il voulait guérir. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]

    Fig. L'auditeur peut avoir de la commisération pour Antiochus, pour Nicomède, pour Héraclius ; mais, s'il en demeure là, et qu'il ne puisse craindre de tomber dans un pareil malheur, il ne guérira d'aucune passion. [Corneille, 2e disc.] Je guéris, et mon coeur, en secret mutiné, S'imposa cet exil dans un séjour champêtre. [Corneille, Oedipe] Le sage guérit de l'ambition par l'ambition même. [La Bruyère, II] Les femmes guérissent de leur paresse par la vanité ou par l'amour. [La Bruyère, III] Athènes tomba, parce que ses erreurs lui parurent si douces qu'elle ne voulut pas en guérir. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence] Il est des blessures Dont un coeur généreux peut rarement guérir. [Voltaire, Tancrède]

    Familièrement. On ne guérit point de la peur, de l'ivrognerie, de la passion du jeu, etc. c'est-à-dire être peureux, ivrogne, joueur, sont des défauts qui ne se corrigent pas. Et activement : On ne guérit point la peur, l'ivrognerie, etc.

  • 4Il se dit des maladies qui s'en vont. Cette blessure est légère et guérira bientôt.
  • 5Se guérir, vpron Être guéri. Il est des maladies dont on ne peut se guérir. Nous guérissons infailliblement tous ceux qui se guérissent d'eux-mêmes. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    Fig. Par le commerce ils se seraient éclairés à la Chine, humanisés dans l'Inde, guéris de tous leurs préjugés avec les Européens. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

  • 6Recevoir guérison, en parlant de la maladie, de la lésion. Son mal se guérit. Ces fièvres se guérissent par le quinquina.
  • 7Se procurer la guérison à soi-même. Il s'est guéri par sa persévérance à suivre le régime qui lui avait été recommandé.

    Fig. Sitôt que sur un vice ils pensent me confondre, C'est en me guérissant que je sais leur répondre. [Boileau, Epîtres]

PROVERBES

C'est un saint qui ne guérit de rien, se dit d'un homme qui a peu de crédit.

Médecin, guéris-toi toi-même, c'est-à-dire gardez pour vous-même les avis que vous donnez aux autres.

Quand on est mort, c'est pour longtemps ; On est guéri du mal de dents, De la potence et du carcan, Anc. chanson.

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