maudit, ite
part. passé (mô-di, di-t') de maudire
- 1Frappé de malédiction. Caïn maudit de Dieu.
Et le sang répandu de mille conjurés Rend mes jours plus maudits et non plus assurés
. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]Le mérite et l'esprit ne sont plus à la mode ; Un poëte.... s'y voit [à Paris] maudit de Dieu
. [Boileau, Satires]Substantivement, un maudit, une maudite, celui, celle contre qui une malédiction a été prononcée.
Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel
. [Sacy, Bible, Évang. saint Math. 25, 41]Je suis un fugitif, un profane, un maudit
. [Delavigne, Le paria]Par ses propres fureurs le maudit se dévoile ; Dans le démon vainqueur on voit l'ange proscrit
. [Hugo, Od. I, 4] - 2Digne de malédiction, en parlant des choses.
Et l'ingrat a pu faire un acte si maudit
. [Mairet, Soliman]Dis-nous les compagnons de tes maudites trames
. [Du Ryer, Scévole, V, 4]Maudite ambition, détestable manie
. [Corneille, Le Cid]Ces maudites maximes [des casuistes]
. [Pascal, Lettres] - 3Dont on se plaint avec impatience ou colère.
Ce maudit tailleur me fait bien attendre pour un jour où j'ai tant d'affaires
. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]Ô ciel ! que l'heure de manger Pour être mis dehors est une maudite heure !
[Molière, L'amphytrion]J'ai su faire des vers avant que de connaître Les chagrins attachés à ce maudit talent
. [Deshoul. Poés. t. I, p. 42]Une école maudite Me coûte, en un moment, douze trous tout de suite ; Que je suis un grand chien ! parbleu, je te saurai, Maudit jeu de trictrac, ou bien je ne pourrai
. [Regnard, Le joueur]J'ai été très fâché qu'on ait poussé trop loin la philosophie ; ce maudit livre du Système de la nature est un péché contre nature
. [Voltaire, Correspondance]J'ai cruellement souffert de ma maudite vessie durant une assez grande partie du mois de novembre
. [D'alembert, Lett. au roi de Pr. 13 déc. 1782] - 4Très mauvais.
Le style de la Calprenède est maudit en mille endroits
. [Sévigné, 67]J'ai vu Ariane [tragédie de Th. Corneille] pour elle seule [la Champmeslé] ; cette comédie est fade, les comédiens sont maudits ; mais, quand la Champmeslé arrive, on entend un murmure ; tout le monde est ravi, et l'on pleure de son désespoir
. [Sévigné, 1er avr. 1672] - 5 Par imprécation.
Maudit soit le butor, le maladroit ! Que maudit soit l'amour, et les filles maudites Qui veulent en tâter, puis font les chattemites !
[Molière, Le dépit amoureux]Martine : Que maudits soient l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui ! - Sganarelle : Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine !
[Molière, Le médecin malgré lui]Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve, Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve....
[Boileau, Épigr. XI]
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