montre
- 1Action de montrer ; sens qui n'est guère usité que dans la locution : faire montre, montrer avec une sorte d'étalage.
Elle.... Étale ses beautés, fait montre de ses charmes
. [Malherbe, V, 23]Quand un discours naturel peint une passion, ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre
. [Pascal, Pensées]Vous avez beau faire montre d'une vaine intrépidité
. [Massillon, Carême, Evid. de la loi.]Autant pour faire montre de leur crédit que pour obtenir quelque nouveau privilége
. [Anquet. Ligue, I, 240] - 2Ce qu'on montre pour faire juger du reste, échantillon. Une montre de blé, d'avoine.
Le corps de la pièce sera semblable à l'endroit vulgairement appelé la montre, et, au cas qu'il se trouve d'une qualité inférieure, la pièce d'étoffe sera confisquée
. Arrêt du C. 15 août 1724]Acheter du blé sur montre, l'acheter d'après l'échantillon que le vendeur a apporté au marché.
Fig.
Voilà une petite montre de ce grand commerce de friperie que l'on exerce à la cour
. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour]Conserve à nos neveux une montre fidèle Des exquises beautés que tu tiens de son zèle
. [Molière, Val-de-Grâce.] - 3Ce qu'un marchand étale devant sa boutique, pour montrer quelle sorte de marchandise il vend. Tout cela n'est mis que pour servir de montre.
Le brodeur et le confiseur seraient superflus, et ne feraient qu'une montre inutile, si l'on était modeste et sobre
. [La Bruyère, VIII]Faire des montres, étaler des marchandises de moindre qualité.
Le marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire
. [La Bruyère, VI]Ne point faire de montre, c'est-à-dire faire voir d'abord ce qu'on a de plus beau, de meilleur.
- 4Boîte vitrée dans laquelle les orfévres, bijoutiers, etc. mettent leurs marchandises, afin qu'on les voie sans pouvoir y toucher.
- 5Ce qui sert d'enseigne, d'annonce.
Semblables à ces figures de carton qui servent de montre à une fête publique, ils [certains grands] jettent feu et flamme, tonnent et foudroient
. [La Bruyère, IX.]Fig.
Hypocrites qui, outrageant la vertu dans leurs coeurs, abusent de son image qui leur sert de montre pour se concilier la faveur des hommes
. [Bossuet, Sermons] - 6Montre d'orgues, devanture qui simule les tuyaux d'orgues, et qui cache les véritables tuyaux.
- 7Endroit d'une salle d'armes où sont placés, dans une espèce de râtelier, les fleurets des élèves.
- 8Lieu où les marchands de chevaux font voir leurs chevaux à vendre.
La manière dont ils essayent et conduisent ces mêmes chevaux. Prenez-y garde, la montre est trompeuse.
- 9Nom que les fabricants de porcelaine donnent aux pyroscopes.
- 10Apparence.
Il est des choses qui ont une montre douteuse, et qu'on ne peut tenir pour honnêtes, que premièrement on n'en fasse l'interprétation
. [Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 16]Quand sur une si belle montre on a essayé du personnage
. [La Bruyère, XV]C'est une question agitée si la réalité nous importe plus que la montre
. [Le P. Courbeville, dans DESFONTAINES]La montre des blés est belle, ils annoncent une bonne récolte.
N'être que pour la montre, se dit de certaines choses qui ne sont que pour l'apparence et dont on ne se sert point.
Ce sont les vignes de la Courtille, belle montre, peu de rapport, ou, simplement, belle montre, peu de rapport, se dit pour exprimer que la personne ou la chose dont on parle, a de belles apparences auxquelles ne répond nullement la réalité.
Le proverbe de la Courtille : belle montre, peu de rapport
. [Cyrano de Berg. Pédant joué, II, 2] - 11 Fig. Parade, étalage.
Si les médecins n'avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n'eussent des bonnets carrés..., jamais ils n'auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette montre si authentique
. [Pascal, Pensées]Malheur à vous, hypocrites.... qui n'avez qu'une vaine montre et une fausse apparence de probité
. [Bourdaloue, Avent, 55]On dirait qu'il a du zèle pour moi, mais ce n'est qu'une idole et qu'une vaine montre de zèle
. [Bourdaloue, 5e dimanche après la Pentecôte, Dominic. t. II, p. 742] - 12Autrefois, revue de gens de guerre.
Ce qu'il y eut en cette montre [le spectacle, le défilé du triomphe du consul Cornélius] de plus regardé, fut une troupe de Crémonais et de Plaisantins, qui, en habit d'affranchis, voulurent marcher après son charriot
. [Malherbe, Tite Live, l. XXXIIIe, ch. 23]Et comme en une montre où les passe-volants... sont les plus insolents
. [Régnier, Satires]Il avait quatre cents hommes d'armes qui étaient payés à la montre, sans avoir ni contrôleur, ni inspecteur
. [Duclos, Oeuv. t. II, p. 402]Fig. et familièrement. Passer à la montre, être acceptable, en parlant soit des personnes soit des choses.
Chez les provinciaux on prend ce qu'on rencontre, Et là, faute de mieux, un sot passe à la montre
. [Corneille, Le menteur]Ainsi Richard.... Vécut longtemps, et fit force bon tours, Dont celui-ci peut passer à la montre
. [La Fontaine, Richard Minutolo.]Revue passée pour le payement de la solde.
Par extension, un mois, un quartier de solde. Cette compagnie a touché sa montre.
Montre sèche, revue où on ne donnait point d'argent.
- 13Ancien terme de guerre. Manoeuvre pour cacher son vrai dessein à l'ennemi.
Après diverses montres de différents côtés et avoir menacé plusieurs de nos places, le prince d'Orange tourna tout à coup sur Namur
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]On dit aujourd'hui démonstration.
- 14La platine qui indique les heures dans une horloge ou une montre. Les horloges dans les églises avaient des montres dedans et dehors.
On dit aujourd'hui cadran.
- 15Petite horloge qui se porte ordinairement dans une poche destinée à cet usage. Montre d'or, d'argent. Monter sa montre. Ma montre va bien, va mal. Mettre une montre à l'heure.
Ceux qui jugent d'un ouvrage par règle sont, à l'égard des autres, comme ceux qui ont une montre à l'égard des autres ; l'un dit : il y a deux heures ; l'autre dit : il n'y a que trois quarts d'heure ; je regarde ma montre ; je dis à l'un : vous vous ennuyez ; et à l'autre : le temps ne vous dure guère ; car il y a une heure et demie
. [Pascal, Pensées]En ouvrage de goût, en musique, en poésie, en peinture, c'est le goût qui tient lieu de montre ; et celui qui n'en juge que par règle en juge mal
. [Voltaire, Rem. Pens. Pasc. 48]Montre à répétition, voir RÉPÉTITION.
Montre en bague, montre qui se porte au doigt à l'aide d'une bague où elle est enchâssée.
Si jamais vous voulez orner le doigt de quelque illustre dame espagnole d'une montre en bague.... cela ne se fait que dans mon village, et on y sera à vos ordres
. [Voltaire, Correspondance]Montre marine, montre faite avec beaucoup de précision, en sorte qu'elle conserve toujours l'heure, soit du premier méridien, soit de tout autre lieu dont le méridien est connu. En comparant cette heure avec celle que le calcul donne à bord dans le moment d'une observation, on en déduit le méridien sur lequel on se trouve, c'est-à-dire la longitude du lieu qu'on occupe ; c'est ainsi qu'une montre marine donne les longitudes.
L'Académie avait proposé, en 1767, pour sujet d'un prix la construction d'une montre marine
. [Condorcet, Courtanvaux.]La difficulté était de faire une horloge qui pût marcher régulièrement sur un vaisseau sans cesse agité par les flots ; Sully, artiste anglais établi à Paris, construisit une montre marine en 1726 ; cette horloge n'était qu'un essai
. [Bailly, Hist. de l'astr. mod. t. III, p. 111]Une montre bien réglée dans un port dont la position est connue, et qui, transportée sur un vaisseau, conserverait la même marche, indiquerait, à chaque instant, l'heure que l'on compte dans ce port
. [Laplace, Expos. I, 12]Montre d'ivrogne, celle qu'on peut monter en tournant à droite ou à gauche.
Terme de marine. Montres à dérive, à sillage, appareils dont le but est d'indiquer à tout moment le nombre des degrés de la dérive, le nombre des noeuds du sillage.
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