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mur

nm (mur)
  • 1Ouvrage de maçonnerie dressé et portant en terre sur des fondements, ou sur un plancher artificiel. Un mur solide. Le mur s'écroula. Ainsi tel autrefois qu'on vit avec Faret Charbonner de ses vers les murs d'un cabaret.... [Boileau, L'art poétique] Vous êtes en des lieux soumis à sa puissance [de Néron] ; Ces murs mêmes, seigneur, peuvent avoir des yeux. [Racine, Britannicus] Des murs de ce palais ouvrez-lui la barrière. [Racine, Bajazet] Et jusqu'au pied des murs que la mer vient laver. [Racine, ib. V, 11] Déjà leurs mains [des Cosaques] avides de pillage s'étendaient, quand tout à coup tous sont détruits, écrasés, lancés dans les airs avec ces murs [du Kremlin] qu'ils venaient dépouiller. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Ne laisser que les murs, se dit de celui qui emporte tout ce qui est dans une maison, dans un appartement. ....La nuit passée, un nombre de bandits N'a laissé que les murs dans le prochain logis. [Regnard, Les folies amoureuses]

    Entre quatre murs, dans un logis non meublé. Elle vit sous un toit entre quatre murs tout dépouillés. [Diderot, Le père de famille]

    Entre quatre murs, se dit aussi pour en prison. On l'a mis entre quatre murs.

    Fig. Être au pied d'un mur sans échelle, manquer une affaire, une entreprise pour ne s'être pas pourvu de ce qui était nécessaire.

    Fig. Mettre un homme au pied du mur, le forcer à prendre un parti, ou bien le réduire à ne pouvoir rien répondre. Ils sont au pied du mur par notre concert. [Bossuet, Lett. quiét. 288] Le procureur général continuait ses difficultés, et, lorsqu'on croyait l'avoir mis au pied du mur, il en inventait de nouvelles. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Par plaisanterie, on dit qu'un mur crève de rire, pour exprimer qu'il est crevassé, ruineux.

    Il vaudrait autant se battre la tête contre un mur, c'est se donner la tête contre un mur, c'est donner de la tête contre un mur, se dit pour exprimer qu'on s'efforce inutilement.

    Vous tirerez aussitôt, vous tirerez plutôt de l'huile d'un mur, se dit à celui qui veut avoir de l'argent d'un avare, ou obtenir quelque chose d'un homme dur.

    Cet homme tirerait de l'huile d'un mur, par son adresse et par son industrie il tirerait de l'argent, des secours, d'où les autres n'en pourraient jamais tirer.

  • 2Gros mur, un des principaux murs sur lesquels porte tout le bâtiment.

    Mur de face, gros mur qui est à la face du bâtiment.

    Mur latéral, celui qui forme l'un des côtés.

    Mur de pignon, mur qui s'élève jusqu'au-dessous du toit, le supporte et en a la forme.

    Mur de refend, voir REFEND.

    Mur de parpaing, mur formé de pierres qui en traversent l'épaisseur.

    Mur de clôture, mur qui enferme les cours, les jardins, les parcs, etc.

    Mur d'appui, celui qui n'est qu'à la hauteur d'un mètre ou environ.

    Murs d'un parc, d'un jardin, les murs qui enferment un parc, un jardin.

    Mur de terrasse, mur qui retient les terres d'une terrasse, d'une plate-forme, d'un boulevard.

    Mur de dossier, celui qui s'élève au-dessus d'un toit et auquel sont adossés des tuyaux de cheminée.

    Aile de mur, partie d'un mur de dossier qui excède l'emplacement qu'occupent les tuyaux de cheminée, et qui a ordinairement la forme d'un trapèze

    Mur bouclé ou soufflé, celui dans lequel le parement est détaché de la masse.

    Mur en ailes, mur qui sert à arc-bouter un mur de face ou un pignon.

    Mur en l'ait, mur qui porte à faux.

    Mur en décharge, mur dont le poids est allégé par des arcades.

    Mur de douve, mur intérieur d'un réservoir.

    Mur planté, mur fondé sur pilotis ou sur une grille de charpente.

    Mur mitoyen, voir MITOYEN.

  • 3Murs d'une ville, ou, absolument, les murs, les murs qui entourent une ville. Il est doux de revoir les murs de la patrie. [Corneille, Sertorius] Dans les murs, hors des murs, tout parle de sa gloire. [Corneille, Horace] Et de Jérusalem l'herbe cache les murs ! [Racine, Esther] Quelle gloire il acquit dans ces tristes combats Perdus par les chrétiens sous les murs de Damas ! [Voltaire, Zaïre] Que tous les protestants, à la fois accablés, Dans les murs, hors des murs, soient en foule immolés. [Chénier M. J. Charles IX, IV, 5] Diodore de Sicile rapporte que des écrivains postérieurs à Ctésias bornaient la hauteur de ces murs [de Babylone] à cinquante coudées, et c'est l'opinion suivie par Strabon ; or cinquante coudées du grand stade de Babylone vaudraient environ 13 mètres ou 71 de nos pieds. [Gosselin, Instit. Mém. inscr. et belles-lett. t. VI, p. 127]
  • 4Murs, au pluriel, se dit quelquefois pour ville. Depuis combien de temps êtes-vous dans nos murs ? Du fleuve ainsi dompté [le Rhin] la déroute éclatante à Wurts jusqu'en son camp va porter l'épouvante ; Wurts, l'espoir du pays et l'appui de ses murs. [Boileau, Epîtres] Attaquons dans leurs murs ces conquérants si fiers. [Racine, Mithridate]
  • 5Se dit de diverses murailles construites pour arrêter des invasions. Le mur d'Adrien, de Sévère. Après trois jours de marche, on arriva au mur de la Médie, qui a cent pieds de haut, vingt de large, et vingt lieues d'étendue. [Rollin, Histoire ancienne]
  • 6 Fig. Défense, protection. Je vais citer un prince aimé de la victoire ; Son nom seul est un mur à l'empire ottoman [contre l'empire ottoman]. [La Fontaine, Fables] Sparte avait subsisté longtemps, sans avoir d'autres murs ni d'autre défense que le courage de ses citoyens. [Rollin, Histoire ancienne]

    On s'en sert quelquefois pour exprimer que des soldats supportent le feu comme le ferait une muraille. Ces hommes-là sont des murs.

    Un mur d'airain, une défense dont rien ne peut triompher. Cet homme que Dieu avait mis autour d'Israël comme un mur d'airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l'Asie. [Fléchier, Oraisons funèbres]

  • 7 Fig. Mur de séparation, mur d'airain, se dit des causes qui séparent deux personnes. Il y a un mur d'airain entre ces deux hommes. Il [Jésus-Christ] a détruit ce mur de séparation qui l'éloignait de l'homme. [Massillon, Carême, Temples.] Cette passion [le goût des voluptés] seule éleva un mur de séparation entre Dieu et le pécheur. [Massillon, Carême, Prod.]
  • 8Dans les mines, mur se dit de la partie inférieure, par opposition à la partie supérieure qui se nomme le toit.
  • 9 Terme d'escrime. Tirer au mur, pousser de tierce ou de quarte à quelqu'un qui ne fait que parer. Parer au mur, parer les coups de celui qui tire au mur.
  • 10Grand mur, se dit, à la paume, du mur contre lequel il n'y a pas de toit.
  • 11 Terme de manége. Gratter le mur, se dit d'un écolier qui s'approche trop du mur.
  • 12Morts murs, parois d'un four de fusion.

    Proverbialement. Les murs ont des oreilles, c'est-à-dire quand on s'entretient de quelque chose de secret, il faut parler avec beaucoup de circonspection, de peur d'être écouté.

SYNONYME

MUR, MURAILLE. Muraille, représentant le pluriel neutre latin muralia, implique essentiellement une idée collective, ou, ce qui en dérive, une idée de grandeur et d'étendue, et se distingue par là de mur qui n'indique qu'un mur en particulier, ou en général un mur quelconque, grand ou petit.

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13Battre les murailles, les murs, se dit d'un homme ivre qui trébuche en marchant et va heurter les murailles. Puis, ronds comme des futailles, Du corps battant les murailles, Escortés de cent canailles Ils regagnent la maison. Chanson des trois frères quêteurs qui s'enivrent aux dépens du monastère] Le 22 août, en plein midi, le prévenu était ivre et battait les murs de la rue. [Gazette des tribunaux]
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