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mâcher

vt (mâ-ché)
  • 1Broyer avec les dents. Mâcher du pain, de la viande. La pythie mâchait du laurier ; elle en jeta en passant sur le feu sacré quelques feuilles mêlées avec de la farine d'orge. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]

    Absolument. S'il avait peine à bien mâcher Faute de dents en la gencive ! [Scarron, Poés. div. Oeuv. t. VII, p. 193] Les chats ne peuvent mâcher que lentement et difficilement : leurs dents sont si courtes et si mal posées qu'elles ne leur servent qu'à déchirer et non pas à broyer les aliments. [Bossuet, Quadrup. t. I, p. 381]

    Familièrement. Mâcher de haut, manger sans appétit.

    Mâcher à vide, mâcher sans avoir rien sous la dent. ....Simonide, Qui dit, pour être sain, qu'il faut mâcher à vide. [Régnier, Satires] Les gens qui sont priés pourront mâcher à vide. [Hauteroche, Les apparences trompeuses] Nous les attachions au râtelier [les chevaux], où nous les laissions fort bien mâcher à vide. [Lesage, Guzman d'Alfarache] Ne pouvant trouver des pensées nouvelles, ils [les académiciens dans leurs discours de réception] ont cherché des tours nouveaux, et ont parlé sans penser, comme des gens qui mâcheraient à vide. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

    Fig. Se repaître de fausses espérances. Cette légère amorce, irritant tes désirs, Fait que l'illusion d'autres meilleurs plaisirs Vient la nuit chatouiller ton espérance avide, Mal satisfaite après de tant mâcher à vide. [Corneille, Mélite]

    Fig. et familièrement. Mâcher à quelqu'un sa besogne, la lui préparer, en faire ce qu'il y a de plus difficile.

    Il faut lui mâcher tous ses morceaux, il faut tout lui mâcher, il a besoin qu'on lui explique les choses les plus simples.

    Mâchez-lui les morceaux, et il les avalera, c'est-à-dire faites-lui le plus difficile de la besogne, et il achèvera le reste.

    Fig. Ne point mâcher une chose à quelqu'un, dire durement, sans adoucissement, une chose désagréable ou fâcheuse. Je vous parle un peu franc, mais c'est là mon humeur ; Et je ne mâche point ce que j'ai sur le coeur. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    On dit dans le même sens : ne pas mâcher le mot. Là je verrai de quoi il tourne ; je ne leur mâcherai pas le mot, Corresp. de Klinglin, t. I, p. 292.

  • 2Serrer entre les dents sans broyer. Les enfants mâchent les hochets, quand ils sont près de faire des dents. C'était [dans les journées de Juillet 1830] la bouche aux vils jurons Qui mâchait la cartouche, et qui, noire de poudre, Criait aux citoyens : mourons ! [Barbier, Ïambes et poésies]

    Ce cheval mâche son frein, se dit d'un cheval qui joue avec son mors et qui le ronge. Son cheval [du soldat] mâche un frein blanc d'écume. [Hugo, Les orientales]

    Fig. Se mâcher le coeur, se tourmenter, se ronger d'impatience. Qui ronge ses poumons et se mâche le coeur. [Régnier, Épîtres]

  • 3 Familièrement. Manger avec sensualité, avec gourmandise. Il aime à mâcher.

    Vieilli en ce sens.

  • 4Se mâcher, V. réfl. Être mâché. Une viande tendre qui se mâche facilement.

    Fig. Avec ellipse de se, laisser mâcher, donner à une chose le temps d'être préparée, acceptée. Les choses en cet état, j'estimai qu'il les fallait laisser reposer et mâcher, ne les point gâter par un empressement à contre-temps. [Saint-simon, t. VIII, p. 233, éd. CHÉRUEL.]

    PROVERBE

    Quand on est vieux, il faut mâcher et marcher.
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