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noircir

(noir-sir)
  • 1 vi Devenir noir. Ces tableaux noircissent en vieillissant. Dans ces riches vallons la moisson jaunira, Sur ces coteaux riants la grappe noircira. [Delille, Les Géorgiques, traduction de Virgile]
  • 2 vt Rendre noir. Noircir une muraille. Se noircir les cheveux, les sourcils.

    Obscurcir. Soudain un sombre orage enveloppe les airs, Et, roulant et l'horreur et la nuit sur leurs têtes, Noircit l'onde en courroux de la nuit des tempêtes. [Delille, Énéide]

    En serrurerie, faire chauffer des pièces d'ouvrage et les frotter avec de la corne de boeuf pour les garantir de la rouille.

  • 3 Familièrement. Noircir du papier, écrire. L'honneur.... Quel est-il ?... L'ambitieux le met souvent à tout brûler.... Ce poëte à noircir d'insipides papiers. [Boileau, Satires]
  • 4 Fig. Faire naître de sombres idées, attrister. La vie se passe sans jouir d'une présence si chère ; je ne puis m'accoutumer à cette dureté ; toutes mes pensées et toutes mes rêveries en sont noircies. [Sévigné, 13 nov. 1675] Vous vous vantez de ne rien faire dans votre cabinet ; il me semble pourtant que vous êtes une substance qui pense beaucoup ; que ce soit du moins d'une couleur à ne vous point noircir l'imagination. [Sévigné, à Mme de Grignan, 3 juill. 1680] Les sujets de chagrin qui ont noirci votre joie naturelle, et la gaieté et la vivacité de votre belle jeunesse. [Sévigné, à du Plessis, 20 août 1690] Voilà un des chagrins de l'absence ; c'est qu'elle noircit toutes choses. [Sévigné, 11 oct. 1679] Mais quoi ! ma goutte est passée, Mes chagrins sont écartés : Pourquoi noircir ma pensée De ces tristes vérités ? [Chaulieu, Sur la goutte.] Ce spectacle tout seul soulève tous les sens, trouble la raison, noircit l'imagination. [Massillon, Carême, Mort.]
  • 5 Fig. Rendre noir, faire passer pour méchant, infâme. Et ce lâche attentat n'est qu'un trait de l'envie Qui s'efforce à noircir une si belle vie. [Corneille, Nicomède] S'il m'a voulu noircir d'un opprobre éternel. [Corneille, ib. IV, 2] Si vous pouviez savoir avec quel déplaisir Je vois qu'envers mon frère on tâche à me noircir. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Et même selon notre célèbre père Lamy, il est permis aux prêtres et aux religieux de prévenir ceux qui les veulent noircir par des médisances, en les tuant pour les en empêcher. [Pascal, Les provinciales] De ce même pinceau dont j'ai noirci les vices.... [Boileau, Satires] J'ignore de quel crime on a pu me noircir. [Racine, Britannicus] Moi, que j'ose opprimer et noircir l'innocence ! [Racine, Phèdre] De quoi te chargeais-tu ? pourquoi ta bouche impie A-t-elle, en l'accusant, osé noircir sa vie ? [Racine, ib. IV, 5] C'est une mauvaise action de noircir dans l'esprit du prince le dernier de ses sujets. [Montesquieu, Lettres persanes] Souvent d'affreux soupçons l'innocent est noirci. [Briffaut, Ninus, III, 2]

    Il se dit, dans le même sens, de choses auxquelles on donne une fâcheuse apparence. .... Ses scrupules, ses relâchements, ses oppositions, en augmentant et noircissant les doses, on en ferait fort bien votre ami le scélérat. [Sévigné, 22 janv. 1674] On tenta tous les moyens de noircir sa conduite, ce qui n'était pas facile. [Mairan, Éloges, Petit.] C'est moi dont on blâmera la violence, dont on noircira le caractère. [Staël, Delphine]

  • 6Se noircir, vpron Devenir noir. Cela s'est noirci à la fumée. Un fleuve y serpentait, et ses flots divisés Baignaient, dans cent canaux, les champs fertilisés ; Je le voyais briller à travers les campagnes, Se noircir quelquefois de l'ombre des montagnes. [Saint-lambert, Saisons, II]

    Le temps se noircit, le ciel se noircit, c'est-à-dire le temps devient obscur, le ciel se couvre de nuages.

  • 7 Fig. Se faire tort, se rendre odieux, infâme. Mais que, sans se noircir, il [Auguste] ne puisse quitter Le fardeau que sa main est lasse de porter. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Après l'indigne amour dont son coeur s'est noirci ! Je cherche à m'en venger, c'est tout ce que j'espère. [Quin. Mère coq. IV, 7] Je ne me noircis pas pour le justifier. [Racine, Bajazet]

    Se diffamer l'un l'autre. Les calomnies atroces dont les chrétiens se noircissaient réciproquement. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

SYNONYME

NOIRCIR, DÉNIGRER. Quoique ces deux mots aient le même radical (niger, noir), cependant le sens en est différent : noircir, c'est imputer des actions noires ; dénigrer, c'est détracter. De là résulte que noircir ne peut se dire que des personnes ou de leurs actes, tandis que dénigrer se dit et des personnes et des choses : on dénigre un homme, mais aussi on dénigre un tableau, une oeuvre, etc. Noircir se dit surtout des actions ou des sentiments que l'on attribue à quelqu'un ; et dénigrer, du jugement qu'on en porte : je dénigre un tel, en disant que j'en ai mauvaise opinion, ce qui est mon jugement ; je le noircis, en lui attribuant des actes ou des pensées cruelles, envieuses, etc.

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