pareil, eille
- 1Qui est de même forme, de même caractère, de même apparence, de même quantité. Nos crimes sont pareils, ainsi que nos misères . [Corneille, Horace]D'une fureur pareille ils courent à l'autel . [Corneille, Polyeucte]Nos termes sont pareils par leur courte durée ; Qui de nous des clartés de la voûte azurée Doit jouir le dernier ? [La Fontaine, Fables]Nous pensons si fort les mêmes choses, nos peines, nos intérêts sont si pareils, que ce serait une violence de ne se pas voir . [Sévigné, 466]Peut-être punit-on en matière pareille Et celui qui consent et celui qui conseille . [Corneille Th. Le galant doublé]Déesse, venge-toi : nos causes sont pareilles . [Racine, Phèdre]Chrysippe, homme nouveau.... arrive.... jusqu'à donner en revenu à l'une de ses filles pour sa dot ce qu'il désirait lui-même d'avoir en fonds pour toute fortune pendant sa vie ; une pareille somme est comptée dans ses coffres pour chacun de ses autres enfants . [La Bruyère, VI]Le mouvement que je fais est déterminé par un principe qui sent ; mon semblable se meut ; il y a donc en lui un pareil principe . [Condillac, Art de rais. IV, 3]Toutes choses pareilles, tout étant égal d'ailleurs. Il se dit aussi des personnes. Mais après que, pafreils de force et de courage, Ils ont gardé longtemps un égal avantage . [Rotrou, Antigone]Sans pareil, excellent. Il est d'un sang-froid sans pareil, d'une probité sans pareille. La valeur de son père, en son temps sans pareille.... [Corneille, Le Cid]C'est un homme sans pareil, c'est un homme d'un très grand mérite, et aussi, en mauvaise part, un homme extraordinaire en ce qu'il fait ou dit. À nul autre pareil, même signification. Avec une innocence à nulle autre pareille . [Molière, L'école des femmes]
- 2Tel, de cette espèce, de cette nature. Un pareil ouvrage annonce du génie. Pour de pareils amis il faut se faire effort . [Corneille, Nicomède]Tu te trouverais mal d'un pareil stratagème ; Je vois de loin, j'atteins de même . [La Fontaine, Fables]On voit bien qu'une pareille liberté n'était qu'un nom . [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]
- 3 Substantivement. Il se dit de personnes ou de choses semblables, équivalentes. C'est un homme qui n'a pas son pareil. Il a un beau cheval de carrosse, mais il ne peut trouver le pareil. Sa résolution a si peu de pareilles . [Corneille, Polyeucte]Moins j'aurai de pareils, et plus j'aurai raison . [Destouches, Homme singul. I, 4]En approchant pour la première fois d'une dame aimable, polie, éblouissante, d'une femme d'un état supérieur au mien, dont je n'avais jamais abordé la pareille . [Rousseau, Les confessions]Précédé de l'adjectif possessif, il désigne les gens de l'état, du caractère, etc. de la personne dont il s'agit. Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître, Et pour leur coup d'essai veulent des coups de maître . [Corneille, Le Cid]Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables . [La Fontaine, Fables]Voilà de vos pareils les discours ordinaires . [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]Je croirais qu'il n'a point son pareil, sans la notoriété qui dit les d'Hacqueville . [Sévigné, 215]Il n'a point son pareil d'ici jusqu'à Rouen . [Corneille Th. Dom Bertran de Cigarral]Mais moi qui vois plus loin, qui, par un long usage..., Ai vu de mes pareils les revers éclatants . [Racine, Bajazet]Dédaigneux et fiers, ils n'abordent plus leurs pareils . [La Bruyère, VIII]C'est à Votre Majesté qu'il appartient de donner à ses pareils de si utiles leçons . [D'alembert, Lett. au roi de Pr. 15 déc. 1774]
- 4 nf La pareille (sous-entendu un nom vague tel que chose, part), le même traitement qu'on a fait ou qu'on a reçu. Il lui fallut à jeun retourner au logis.... Serrant la queue et portant bas l'oreille : Trompeurs, c'est pour vous que j'écris, Attendez-vous à la pareille . [La Fontaine, Fables]Je suis homme aussi de conseil, et je pourrai vous rendre la pareille . [Molière, Le sicilien, ou L'amour peintre]
- 5À la pareille, loc. adv. De la même manière. Qu'un chacun doucement s'excuse à la pareille . [Régnier, Satires]Il prend donc les menus [poissons], puis leur parle à l'oreille ; Et puis il feint à la pareille D'écouter leur réponse . [La Fontaine, Fables]J'espère qu'en recevant ceci vous vous moquerez de moi, comme je prends quelquefois la liberté de me moquer de vous ; il faut nous excuser à la pareille . [Sévigné, 10 juill. 1680]Nous devons nous aimer à la pareille, pour nous être toujours si bien entendus . [Sévigné, à Bussy, 16 mai 1672]En rendant même traitement qu'on a reçu. Une coutume des Grecs, qui, lorsqu'il était arrivé quelque accident à quelqu'un, comme quand sa maison avait été brûlée.... lui prêtaient de l'argent à la pareille, c'est-à-dire à condition ou dans le dessein qu'il leur en ferait autant dans un accident semblable . [Bossuet, Usure, 4]Souvent ceux qui les environnent [les princes] s'épargnent les uns les autres, pour ainsi dire à la pareille . [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte]Elliptiquement. Si vous me faites ce plaisir là, à la pareille. Si vous n'en usez pas bien, à la pareille. 
- 6 nm Dans le langage familier, du pareil, de l'étoffe pareille. Vous aurez de la peine à trouver du pareil.
REMARQUE
Corneille a dit pareil que, comme on dit le même que : Lis un livre dévot, simple et sans éloquence, Avec plaisir pareil Que ceux où se produit l'orgueil de la science En son haut appareil, Imit. I, 5.
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PAREIL.Au commencement du XVIIe siècle, on faisait un emploi général du substantif pareille, sans l'assujettir à être toujours avec la, c'est-à-dire aussi bien avec l'article un que sans article. Quel esprit que la raison conseille, S'il est aimé, ne rend point de pareille ?
 [Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne] Il peut bien y avoir du manquement en la chose donnée, parce qu'on lui doit une pareille ; mais, pour le regard de l'affection, il n'y en a point
. [Malherbe, ib.]
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