piller
- 1Dépouiller, avec violence, de ses biens une ville, une maison, etc.
La flotte.... Croit surprendre la ville, et piller la contrée
. [Corneille, Le Cid]On leur promit [aux soldats réformés] des monastères à piller
. [Bossuet, Déf. Variat. 1er disc. 58]Brennus marcha avec le gros de l'armée du côté de Delphes, pour piller les richesses immenses du temple d'Apollon
. [Rollin, Histoire ancienne]Faria, envoyé contre des corsaires malais, chinois et d'autres pirates, alla piller les tombeaux des empereurs de la Chine, dans l'île de Calampia
. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]Le peuple qui pille les boutiques de boulangers n'en prend pas conseil dans les livres
. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]Il se dit des personnes dans un sens analogue.
Un chevalier, dit-elle, m'a pillée
. [Voltaire, Ce qui pl. aux dames.]Les cris des Polonais, que nos alliés pillent impitoyablement et qu'ils insultent, se firent entendre
. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]Absolument.
Là [les Indes] il n'y a que des misérables qui pillent, et des misérables qui sont pillés
. [Montesquieu, L'esprit des lois] - 2Enlever, emporter par pillage.
Vos effets ont été pillés tant par les archers que par vos propres domestiques
. [Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane]Piller une collation, un dessert, se jeter sur une collation, sur un dessert, pour emporter les fruits, les confitures, etc.
- 3Commettre des exactions, des concussions. Les provinces étaient pillées par les proconsuls romains.
Faire des gains illicites, mettre à contribution.
Ces gueuses, pour piller la dupe qui leur rit
. [Corneille Th. Le galant doublé]Oh ! par ma foi, monsieur le commissaire, nous vous pillerons, vous qui pillez les autres
. [Dancourt, Les bourgeoises à la mode]Fig.
Un nocturne larron, comme un hôte introduit, A, l'épée à la main, la menace à la bouche, Honteusement pillé la pudeur de sa couche
. [Ponsard, Lucrèce, V, 4] - 4En fait de littérature et de beaux-arts, prendre chez autrui des choses qu'on donne comme siennes.
Mais parlez-moi donc des poésies de cet homme [le roi de Prusse] qui a pillé tant de vers et tant de villes
. [Voltaire, Correspondance]Ce qu'il [La Beaumelle] pille, il l'appelle ses pensées
. [Voltaire, ib. 18 déc. 1752]Lorsque les historiens sont contemporains, il est difficile, au bout de quelque temps, de savoir qui est celui qui a pillé l'autre
. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]Comme il s'approprie, sans esprit, l'esprit des autres ! comme il gâte ce qu'il pille !
[Voltaire, Candide, ou L'optimiste]Un bel esprit, beau de l'esprit qu'il pille
. [Béranger, Bonne fille.]Fig.
Monsieur Bourguignon, vous avez pillé cette galanterie-là quelque part
. [Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard] - 5En parlant des chiens, se jeter sur les animaux, sur les personnes.
Et puis, quand le chasseur croit que son chien la pille, Elle [la perdrix] lui dit adieu....
[La Fontaine, Fables].... Car étant de nature à piller ses pareils, mainte mésaventure L'aurait fait retourner chez lui Avec cette partie [oreilles] en cent lieux altérée
. [La Fontaine, ib. X, 9]Il se dit, dans le même sens, des personnes.
On nous voit tous, pour l'ordinaire, Piller le survenant, nous jeter sur sa peau
. [La Fontaine, Fables]Il démêle un sot de cent pas, Le poursuit, l'aboie et le pille
. [Deshoul. Poés. t. II, p. 141]Pille, terme dont on se sert pour exciter un chien à se jeter sur le gibier, pour lui faire entendre de manger un morceau qu'on lui jette, et aussi pour agacer un chien contre un autre.
Il me semble qu'il est comme ces chiens, a qui l'on dit longtemps : Tout beau, et puis tout d'un coup, pille
. [Sévigné, 499] - 6À certains jeux de triomphe, piller ou faire pille, avoir le droit, dans certains cas, de prendre pour soi toutes les cartes d'une même couleur.
Se dit à l'hombre, pour prendre plus de cartes qu'on ne doit.
- 7Se piller, vpron Se prendre l'un à l'autre ce que l'on a.
Se piller, se jeter l'un sur l'autre.
Enfin tout d'un coup ils se pillèrent avec tant d'animosité et de furie, que les musiciens craignirent pour leurs jambes, et gagnèrent au pied, laissant leurs orgues à la discrétion des chiens
. [Scarron, Le Roman comique]
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