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pique [1]

nf (pi-k')
  • 1Chez les anciens, arme formée d'un long bois garni d'un fer plat et pointu. Vous avez déjà, en animaux raisonnables et pour vous distinguer de ceux qui ne se servent que de leurs dents et de leurs ongles, imaginé les lances, les piques, les dards, les sabres et les cimeterres. [La Bruyère, XII] Un étranger disait à l'ambitieux Agésilas : Où fixez-vous donc les bornes de la Laconie ? Au bout de nos piques, répondit-il. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]
  • 2Arme d'hast, plus courte que la lance, employée autrefois pour armer certains corps d'infanterie. Par une ordonnance de Louis XIV, le tiers de chaque compagnie d'infanterie devait être armé de piques, pour arrêter l'effort de la cavalerie. Le maréchal de Saxe regrettait les piques. [St-foix, Ess. Paris, Oeuv. t. IV, p. 380] Vingt-cinq mille Suisses.... les uns armés de ces longues piques de dix-huit pieds que plusieurs soldats poussaient ensemble en bataillon serré, les autres tenant leurs grands espadons à deux mains, vinrent fondre à grands cris dans le camp du roi [François Ier], près de Marignan. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Avoir la pique basse, la croiser en avant, pour combattre. Notre cavalerie, qu'ils attendaient derrière des haies les piques baissées, s'avança, mais n'osa jamais les joindre. [Pellisson, Lettres historiques]

    Fig. J'avais, sans nul appui, le ministère et l'intérieur du roi contre moi, et dans la cour force piques baissées sur moi par la peur et la jalousie qu'on avait prise. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Lever la pique, cesser de combattre, se rendre.

    Fig. Il a passé par les piques, se dit de quelqu'un qui s'est trouvé en plusieurs occasions dangereuses, ou qui a souffert quelque perte, quelque dommage en des affaires qu'il a eues.

  • 3 Terme de marine. Négocier à la longueur de la pique, traiter à la pique, s'est dit de navires interlopes qui, dans les mers du Sud ou ailleurs, se tenant à l'abri de rochers ou d'une côte élevée, envoyaient secrètement quelques hommes à terre pour s'informer si on pouvait trafiquer en sûreté. À l'égard de celles [cargaisons] qui sont moindres, et dont les barques anglaises, hollandaises, françaises et danoises sont ordinairement chargées, on les porte dans les esterres.... on avertit les habitants des environs par un coup de canon.... c'est particulièrement la nuit qu'on fait ce commerce ; mais il faut être sur ses gardes, toujours armé, et ne laisser jamais entrer dans le bâtiment plus de monde, qu'on ne se trouve en état d'en chasser, s'il leur prenait envie de faire quelque insulte ; on appelle cette manière de trafiquer, traiter à la pique. Voir du P. Labat, 1742, VII, 224, année 1701]
  • 4Il se dit du fer, indépendamment du bois. Le roi Salomon fit donc faire deux cents piques d'or du poids de six cents sicles. [Sacy, Bible, Paralip. II, IX, 15]
  • 5Longueur, hauteur d'une pique. C'est un spectacle de voir les pélicans raser l'eau, s'élever de quelques piques au-dessus, et tomber le cou raide et leur sac à demi plein. [Buffon, Pélican.]

    Fig. Vous en êtes à cent piques, se dit à quelqu'un qui ne devine pas.

    Familièrement. Être à cent piques au-dessus de quelqu'un, lui être bien supérieur ; au-dessous de quelqu'un, lui être bien inférieur. Hier au soir, Mme du Fresnoy soupa chez nous ; c'est une nymphe, c'est une divinité ; mais Mme Scarron, Mme de la Fayette et moi, nous voulûmes la comparer à Mme de Grignan, et nous la trouvâmes cent piques au-dessous. [Sévigné, 115] Je trouve que l'esprit des affaires que vous avez est une sorte d'intelligence qui est cent piques au-dessus de ma tête. [Sévigné, à Mme de Grignan, 5 juin 1689] Vous seriez étonné de vous trouver de cent piques au-dessous de nous. [Marivaux, la Double surpr. de l'amour, I, 7]

  • 6Autrefois, soldats qui portaient la pique dans un régiment. Faire défiler les piques.
  • 7Demi-pique ou esponton, arme plus courte que la précédente, qui a servi à armer les officiers d'infanterie.
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