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prince

nm (prin-s')
  • 1Celui qui possède une souveraineté, ou qui est d'une maison souveraine. Auprès des princes il est aussi dangereux et presque aussi criminel de pouvoir le bien que de vouloir le mal. [Retz, Mémoires] Un prince sera la fable de toute l'Europe, et lui seul n'en saura rien....ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui du prince qu'ils servent, et ainsi ils n'ont garde de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes. [Pascal, Pensées] Soit qu'il [Dieu] élève les trônes, soit qu'il les abaisse, soit qu'il communique sa puissance aux princes, soit qu'il la retire à lui-même et ne leur laisse que leur propre faiblesse. [Bossuet, Oraisons funèbres] Quelque haut qu'on puisse remonter pour rechercher dans les histoires les exemples des grandes mutations, on trouve que jusqu'ici elles sont causées ou par la mollesse ou par la violence des princes. [Bossuet, ib.] Quelle cruauté que la guerre ! et pourquoi tous ces princes se persécutent-ils les uns les autres, et font-ils périr tant d'hommes ? [Maintenon, Lettres] Je n'aurais jamais cru qu'on pût être prince et sensible. [Maintenon, Lettres] Les aises de la vie, l'abondance, le calme d'une grande prospérité font que les princes ont de la joie de reste pour rire d'un nain, d'un singe, d'un imbécile et d'un mauvais conte. [La Bruyère, IX.] Les princes ressemblent aux hommes : ils songent à eux-mêmes, suivent leur goût, leurs passions, leur commodité, cela est naturel. [La Bruyère, IX.] On garde le souvenir des mauvais princes, comme on se souvient des incendies et des pestes. [Voltaire, Histoire de Charles XII] Les princes sont les administrateurs et non pas les maîtres des nations ; voilà ce que dit la philosophie, et cette vérité a même échappé à des empereurs despotiques. [Condillac, Hist. III, 5]

    Très haut, très puissant et très excellent prince, formule dont on se servait dans les actes publics en parlant du roi.

    On disait : très haut et très puissant prince, en parlant des princes qui n'étaient pas rois.

    Princes du sang, ceux qui sont sortis de la maison royale ou impériale par la branche masculine.

    Princes étrangers, ceux qui viennent d'une maison souveraine étrangère, ou qui en ont le rang.

    Absolument. Les princes, les enfants, les frères ou les oncles du souverain.

    Préséance des princes du sang, prérogative qui fut débattue pour la première fois, en 1583, entre le cardinal de Guise et Charles de Bourbon.

    Princes possessionnés, se dit des princes du sang qui jouissaient d'un droit de souveraineté dans quelques provinces.

    Monsieur le Prince, se disait, absolument, du premier prince du sang, à la cour de France.

    Le Prince Noir, surnom donné à Édouard, prince de Galles, fils d'Édouard III ; il gagna la bataille de Poitiers.

    Vivre en prince, tenir un état de prince, avoir un équipage de prince, être vêtu en prince, vivre splendidement, avoir un grand équipage, être magnifiquement vêtu.

    Familièrement. Comme un prince, très bien. Il est habillé comme un prince, et bon garçon au dernier point. [Sévigné, 316] On me donna une belle chambre où il y avait un bon lit, et l'on me servit comme un prince. [Lesage, Guzman d'Alfarache]

    Ironiquement. L'ami du prince, l'agent des plaisirs secrets d'un prince ou de quelque personnage puissant.

    Un bon prince, un prince qui gouverne bien. Le troupeau est-il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? image naïve des peuples et du prince qui les gouverne, s'il est bon prince. [La Bruyère, X.]

    Fig. et familièrement. Il est bon prince, se dit d'un homme d'un caractère facile, qui ne se fâche pas. M. des Soupirs est bon prince, il entend raillerie autant qu'homme du monde. [Dancourt, Été des coquettes, SC. 7]

  • 2 Absolument, avec l'article défini. Le souverain du pays dont on parle. Je définis la cour un pays où les gens, Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu'il plaît au prince. [La Fontaine, Fables] La monarchie se perd, lorsque le prince, rapportant tout uniquement à lui, appelle l'État à sa capitale, la capitale à sa cour, et la cour à sa personne. [Montesquieu, L'esprit des lois] Si le prince savait, dit le peuple ; ces paroles sont une espèce d'invocation, et une preuve de la confiance qu'on a en lui. [Montesquieu, ib. XII, 23]
  • 3Le prince se dit quelquefois du gouvernement dans les États républicains. Le corps entier considéré par les hommes qui le composent s'appelle prince, et, considéré par son action, il s'appelle gouvernement. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Le Prince, titre d'un ouvrage de Machiavel.

    On appelle, en droit, prince, le gouvernement quel qu'il soit. Fait du prince, un acte de gouvernement qui fait fonction de force majeure, et auquel on ne peut résister.

  • 4Les princes de la terre, les hommes du rang le plus élevé. Telle est la destinée des rois et des princes de la terre d'être établis pour la perte comme pour le salut du reste des hommes. [Massillon, Petit carême]
  • 5Le prince des ténèbres, le démon.

    On dit dans le même sens : Le prince de ce monde. [Pascal, Pensées]

  • 6Celui qui, sans être de maison souveraine, possède des terres ayant le titre de principauté, ou celui à qui un souverain a donné ce titre. Un prince d'Allemagne. Monsieur le prince un tel. Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. [La Fontaine, Fables]
  • 7Princes de l'Église, les cardinaux, les évêques. Les évêques se laissent appeler princes de l'Église (au lieu de révérends pères en Dieu) par ceux qui leur dédient des thèses. [De Caillières, 1690]

    Le prince des apôtres, saint Pierre.

    Les princes des apôtres, saint Pierre et saint Paul.

  • 8Il se dit de ceux qui ont une domination, un empire. En se rendant ainsi les facteurs et les négociants de tous les peuples, ils [les Phéniciens] étaient devenus les princes de la mer. [Rollin, Histoire ancienne]
  • 9 Fig. Le premier en mérite, en talent. Vous imitez l'humeur de Cicéron, ce prince des orateurs. [Costar, Apologie de Voiture] N'espérez donc plus rien, mon père, de ce prince des philosophes [Aristote], et ne résistez plus au prince des théologiens [saint Augustin], qui décide ainsi ce point.... [Pascal, Les provinciales] Les nouveaux antagonistes d'Homère ne pouvaient supporter l'idée qu'un homme fût réputé pendant vingt-six siècles le prince des poëtes. [Quatremère de Quincy, Inst. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 102]

    Prince des médecins, surnom qui fut donné à Avicenne, vers la fin du Xe siècle.

    Par antiphrase, le prince des fous, des sots, l'homme le plus fou, le plus sot. Un accident fâcheux que je lui voulais dire Se pouvait éviter sans ce prince des fous. [Scarron, Dom Japhet d'Arménie]

  • 10 Terme d'histoire romaine. Le prince du sénat, le sénateur que le censeur nommait le premier en lisant la liste des sénateurs.

    Prince de la jeunesse ou de l'ordre équestre, sous la république, celui que le censeur nommait le premier, en faisant le dénombrement de cet ordre de citoyens.

    Plus tard, le prince de la jeunesse, le jeune prince de la famille impériale que l'empereur mettait à la tête des fils de sénateurs pour la célébration de jeux troyens.

    Dans l'armée, les princes, jeunes soldats qui, originairement, formaient la première ligne de bataille de la légion ; dans la suite ils furent placés au second rang.

  • 11Chez les Hébreux, les princes du peuple, ceux qui étaient à la tête des tribus. Il [Moïse] les établit princes du peuple, pour commander les uns mille hommes, les autres cent, les autres cinquante, et les autres dix. [Sacy, Bible, Exode, XVIII, 25] Nahasson, fils d'Aminabad, sera le prince de sa tribu. [Sacy, ib. Nomb. II, 3]

    Princes de la captivité, nom donné à ceux d'entre les Juifs qui, pendant la captivité, gouvernaient le peuple.

    Princes de la synagogue, nom de ceux qui présidaient les assemblées populaires ou religieuses.

    Prince des prêtres, le grand prêtre en exercice.

  • 12Dans le moyen âge, titre du chef de différentes confréries joyeuses. Prince des sots.

    Titre qu'on mettait en tête des ballades, parce qu'on les adressait à celui qui avait eu le prix l'an d'avant, et qui était dit roi des poëtes.

  • 13 Terme de métallurgie. Une des principales pièces de l'ordon d'un marteau.

PROVERBES

Ce sont jeux de prince, qui ne plaisent qu'à ceux qui les font ; ou c'est jeu de prince qui ne plaît qu'à celui qui le fait ; ou, absolument, ce sont jeux de prince, amusements ou jeux dans lesquels on se met peu en peine du mal qui peut en résulter pour les autres. Le bon homme disait : ce sont là jeux de prince, Mais on le laissait dire. [La Fontaine, Fables] Une chose assez plaisante et dont la reine [Christine de Suède visitant l'Académie française] se mit à rire toute la première, ce fut que, le secrétaire voulant lui montrer un essai du Dictionnaire qui occupait dès lors la compagnie, il ouvrit par hasard son portefeuille au mot jeu, où se trouva cette phrase : jeux de prince qui ne plaisent qu'à ceux qui les font, pour signifier des jeux qui vont à fâcher ou à blesser quelqu'un. [D'olivet, Hist. de l'Acad. franç.] Suivant un autre récit, plus authentique, la reine de Suède.... rougit et parut émue.... le Dictionnaire venait de lui rappeler ce que, trois mois auparavant, elle avait fait à Fontainebleau, et quel sanglant jeu de prince elle y laissa sur son passage. [Villemain, Préface du dict. de l'Académie, 1835] .... Ce sont là jeux de prince ; On respecte un moulin, on vole une province. [Andrieux, Meunier Sans Souci.]

Les princes ont les mains longues, leur pouvoir s'étend loin.

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