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quand

conj. (kan ; le d se lie et se prononce t : quand on a, kan-t on a)
  • 1Dans le temps où. J'irai vous trouver, mais je ne puis dire quand. Mais quel autre intérêt Nous fait tous deux aînés quand et comme il vous plaît ? [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Amour ! amour ! quand tu nous tiens, On peut bien dire : adieu prudence. [La Fontaine, Fables] Quand Pompée vient s'emparer de Jérusalem, quand Crassus pille le temple, quand Pompée fait passer le roi juif Alexandre par la main du bourreau, quand Antoine donne la Judée à l'Arabe Hérode, quand Titus prend d'assaut Jérusalem, quand elle est rasée par Adrien, il ne se fait aucun miracle. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Quand on voyage de Saint-Dizier à Moyenvic, on dit : c'est le cardinal de Fleury qui a donné toutes ces terres à la France. [Voltaire, Mél. hist. Mens. impr. test. Albéroni.]
  • 2Il marque quelquefois, ainsi que lorsque, une simple corrélation entre deux membres de phrase. Je sens ce que je perds, quand je vois ce qu'il vaut. [Corneille, Le Cid] On ne se trompe pas quand on attribue tout à la prière. [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 3Lorsqu'il y a dans la phrase deux ou plusieurs verbes régis par quand, on peut mettre que devant le second, au lieu de répéter quand ; on a soin de ne pas changer le mode. Quand un livre au Palais se vend et se débite, Que chacun par ses yeux juge de son mérite, Que Bilaine l'étale au deuxième pilier, Le dégoût d'un censeur peut-il le décrier ? [Boileau, Satires] Quand j'aurai reçu de vos nouvelles, que vous m'aurez dit que vous m'aimez toujours, que M. le maréchal m'aura dit la même chose, je serai tranquille sur tout le reste. [Rousseau, Correspondance]
  • 4Il se construit avec jusqu'à. Dieu détermine jusqu'à quand doit durer l'assoupissement, et quand aussi doit se réveiller le monde. [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 5 Interrogativement. Quand ? dans quel temps ? Quand la marierons-nous, quand aurons-nous des gendres ? [La Fontaine, Fables] Nous voulons être à Dieu, mais quand ? toujours pour l'avenir et jamais pour le jour présent. [Bourdaloue, Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 294] Petit-Jean : Quand je vois.... - L'Intimé : Quand aura-t-il tout vu ? [Racine, Les plaideurs] Quand verrai-je, ô Sion, relever tes remparts Et de tes tours les magnifiques faîtes ? Quand verrai-je de toutes parts Tes peuples en chantant accourir à tes fêtes ? [Racine, Esther] Quand Dieu par plus d'effets montra-t-il son pouvoir ? [Racine, Athalie] Mon très cher ange, si vous êtes à Lyon, j'irai à Lyon ; si vous êtes à Paris, j'irai à Paris ; mais quand ? je n'en sais rien. [Voltaire, Correspondance]

    Il se construit avec les prépositions à, de, depuis, pour, jusque. À quand la partie est-elle remise ? Depuis quand est-il ici ? Pour quand est la réunion ? Jusqu'à quand le sanctuaire et le pouvoir de Dieu seront-ils foulés aux pieds ? [Sacy, Bible, Daniel, VIII, 13] Je connais Don César. - La chose est difficile ; D'où ? comment ? et de quand ? [Corneille Th. D. Cés. d'Aval. V, 1] Et depuis quand, seigneur, tenez-vous ce langage ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Jusqu'à quand souffre-t-on que ce peuple respire ? [Racine, Esther] Fantôme horrible, arrête ! Arrête ! Hé depuis quand, couverts de leurs lambeaux, Ces spectres déchaînés sortent-ils des tombeaux ? [Ducis, Macbeth]

    À quand, suivi d'un infinitif, équivaut à quand avec le verbe au futur de l'indicatif. ....Mais enfin à quand rendre [quand est-ce que vous rendrez] ? [Corneille, Le menteur]

  • 6Quand, quand même, quand bien même, dans le sens de bien que, encore que ; ainsi employé, il sert à opposer entre les deux sens une condition qui, même accomplie, n'empêche pas ce qui est exprimé dans le principal des deux membres d'avoir lieu ; il se construit avec le conditionnel. Quand le malheur ne serait bon Qu'à mettre un sot à la raison, Toujours serait-ce à juste cause Qu'on le dit bon à quelque chose. [La Fontaine, Fables] Enfin quand il [le ciel] exposerait à mes yeux un miracle d'esprit, d'adresse et de beauté, et que cette personne m'aimerait avec toutes les tendresses imaginables, je vous l'avoue franchement, je ne l'aimerais pas. [Molière, La princesse d'Élide] Quatre-vingt-trois ans passés au milieu des prospérités, quand il n'en faudrait retrancher ni l'enfance où l'homme ne se connaît pas, ni les maladies où l'on ne vit pas, ni tout le temps dont on a toujours tant de sujet de se repentir, paraîtront-ils quelque chose à la vue de l'éternité ? [Bossuet, Oraisons funèbres] Quand la nature n'aurait pas donné à Mme Montausier tous ces avantages de l'esprit, elle aurait pu les recevoir de l'éducation. [Fléchier, Oraisons funèbres] Quand vous me haïriez, je ne m'en plaindrais pas. [Racine, Phèdre] Quand je n'aurais d'autre preuve de l'immatérialité de l'âme que le triomphe du méchant et l'oppression du juste en ce monde, cela seul m'empêcherait d'en douter. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Quand même se dit aussi avec l'indicatif. J'ai trouvé votre rondeau bien joli ; tout ce que vous touchez est toujours d'un agrément qui ne se peut comparer à nul autre, quand même votre coeur n'est pas de la partie. [Sévigné, à Bussy, 2 sept. 1687]

    On trouve quand en ce sens dans Corneille avec le futur de l'indicatif ; cela n'est plus usité. Mais, quand Sertorius ne l'épousera pas, Un autre hymen vous met dans le même embarras. [Corneille, Sertorius]

  • 7Quand et quand, loc. adv. Avec, en même temps (locution vieillie). Quand on dira : César fut maître de l'empire, Qu'on dise quand et quand : Brute le sut occire ; Quand on dira : César fut premier empereur ; Qu'on dise quand et quand : Brute en fut le vengeur. [J. Grevin, César, II, 1] Ainsi vous ne cherchiez que l'honnêteté, et vous avez trouvé quand et quand le délectable. [Guez de Balzac, Correspondance] La faveur que me font trois si excellentes personnes me soulage de toutes mes peines, et m'en donne quand et quand une nouvelle de ne pouvoir jamais m'en rendre digne. [Voiture, Lettres] Nos prières partirent l'une quand et quand l'autre. [Marivaux, Le paysan parvenu] Quand je n'avais plus rien, je renvoyais ma crosse et ma croix se promener dans les rues de Marseille, afin d'y trouver un acheteur de porte en porte ; on me les a toujours rapportées quand et quand des boisseaux d'écus. Paroles de M. de Belzunce, évêque de Marseille, dans les Souv. de la marq. de Créquy, t. II, ch. 8]
  • 8Quand et, avec (locution vieillie). Comme ils s'en revenaient menant leur butin quand et eux.... [Malherbe, Le XXXIIIe livre de Tite Live, chap. 37] Cambyse fit mourir sa soeur, venue quand et lui en Égypte. [Courier, Trad. d'Hérod.]

+

QUAND.
8Ajoutez :

La locution quand et a été employée sans et. Que l'on change de point de vue, et la formule deviendra une loi, en vertu de laquelle deux quantités ou deux grandeurs sont liées entre elles et changent l'une quand l'autre. [Cournot, Consid. sur la marche des idées, Paris, 1872, t. I, p. 265]

Cette locution n'est pas fautive ; même on pourrait l'interpréter autrement que par la suppression de et, en y voyant une ellipse : et changent, l'une [changeant] quand l'autre [change].

REMARQUE

Malherbe a employé quand bien au lieu de quand bien même, que nous disons aujourd'hui : Il y a longtemps que je ne puis plus ni perdre ni gagner ; c'est une opinion que je devrais avoir, quand bien je ne serais pas vieil, Lexique, éd. L. Lalanne. Corneille aussi : Mais, quand bien vous auriez tout lieu de vous en plaindre, Sophonisbe après tout n'est point pour vous à craindre, Sophonisbe, II, 1.

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