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quitte

adj. (ki-t')
  • 1Qui ne doit plus rien, qui s'est libéré de sa dette, en parlant des personnes. On croit que Monsieur le Prince n'en sera pas quitte pour quarante mille écus. [Sévigné, 43] Ce nouveau magistrat proposa une loi qui déclarait les débiteurs quittes de leurs dettes en payant à leurs créanciers la quatrième partie du principal. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]

    Fig. [Dans le monde] On reçoit et l'on rend, on est à peu près quitte. [Gresset, Le méchant]

    Fig. Il en mourra quitte, signifie qu'on se vengera tôt ou tard de l'offense faite.

    Quitte se dit aussi des immeubles. Un domaine franc et quitte de toutes dettes et hypothèques. Drusus donna à de pauvres habitants la même quantité de ces terres quittes et franches de toute contribution. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]

    Fig. Être quitte envers quelqu'un ou envers quelque obligation morale, s'être acquitté de ce qu'exigeait le devoir, la reconnaissance. Mais, quitte envers l'honneur et quitte envers mon père, C'est maintenant à toi que je viens satisfaire. [Corneille, Le Cid] Quoi ! le seigneur Ésope en croit donc être quitte Pour m'avoir en passant daigné rendre visite ? [Boursault, Ésope à la cour, I, 4] Soyez heureux, mes enfants, vous serez quittes envers nous. [Genlis, Théât. d'éduc. la Cloison, sc. 19]

    Il s'est dit aussi des obligations accomplies, satisfaites. Ta gloire est dégagée, et ton devoir est quitte. [Corneille, Le Cid]

    Fig. Tenir quitte, dispenser. Dis-lui que rien ne presse, et que je l'en tiens quitte. [Fagan, Rendez-vous, sc. 15]

    Ironiquement, je l'en tiens quitte, se dit de quelqu'un dont les services ou les politesses sont à charge ou suspects.

  • 2Délivré, débarrassé. Te voilà donc bientôt quitte d'un grand souci ? [Corneille, Le menteur] Prétendez-vous.... en demeurer quitte à si bon marché ? [La Fontaine, Berc.] Mais quitte des ennuis où m'enchaîne la vie. [Corneille Th. Ariane] Quand il [M. Cassini] était quitte de ses devoirs, il retournait à ses plaisirs, c'est-à-dire aux observations célestes. [Fontenelle, Cassini.] Quand elles [les maîtresses] meurent, alors le désir meurt avec l'objet, l'on rentre dans son bon sens, et l'on est quitte de mourir. [Comte de Caylus, Acad. de ces dames et de ces messieurs, Oeuv. t. XII, p. 72, dans POUGENS.] Me voilà quitte d'un cruel entretien. [Genlis, Théât. d'éduc. Zélie, II, 5]

    Être quitte pour, en être quitte pour, n'avoir à souffrir, à supporter que.... pour. Octave aura donc vu ses fureurs assouvies.... Rempli les champs d'horreur, comblé Rome de morts, Et sera quitte après pour l'effet d'un remords ! [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] J'en voudrais être quitte pour dix pistoles. [Molière, L'impromptu de Versailles] Il faudrait.... ne pas croire qu'on en fût quitte pour dire.... [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Mme de Caylus a été quitte de la rougeole pour la peur. [Maintenon, Lettres]

    Absolument et familièrement, quitte pour, quitte à, à charge de. Quitte pour être grondé. Quitte à être grondé. J'irai toujours mon chemin, quitte à changer quand on changera. [Sévigné, 236] Miss Temple.... fit voeu en elle-même d'en avoir le coeur net, quitte pour ne plus lui jamais parler après. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 3Adverbialement. Terme de jeu. Jouer à quitte ou à double, jouer à quitte ou double, jouer quitte ou double, jouer une dernière partie par laquelle celui qui a déjà perdu sera acquitté ou payera double.

    Absolument. Dans le même sens, quitte ou double.

    Fig. Jouer à quitte ou à double, à quitte ou double, et, plus ordinairement aujourd'hui, jouer quitte ou double, risquer tout. Ce remède se peut mettre en comparaison avec la poudre du bonhomme ; il est même un peu violent, mais aussi on joue à quitte ou à double. [Sévigné, 338] Vendôme, à qui deux assauts avaient déjà mal réussi, joua à quitte ou à double, et ordonna un troisième assaut. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Être quitte à quitte, ne se devoir plus rien de part et d'autre, au jeu, dans les affaires, dans les comptes. Nous sommes quitte à quitte. Nous voilà quitte à quitte.

    Fig. Faire quitte à quitte, être quitte à quitte, ou, absolument, quitte à quitte, se rendre la pareille, s'être rendu la pareille. Hélas ! tant qu'il [le cardinal Mazarin] vécut, nous fûmes quitte à quitte ; Il ne fit rien pour moi, je ne fis rien pour lui. [Cailly, dans RICHELET] Argan : Tu m'as fait égosiller. - Toinette : Et vous m'avez fait, vous, casser la tête ; l'un vaut bien l'autre : quitte à quitte, si vous voulez. [Molière, Le malade imaginaire] Est-il vrai que la Simiane s'est séparée de son mari, sous prétexte de ses galanteries ? quelle folie ! je lui aurais conseillé de faire quitte à quitte avec lui. [Sévigné, 8 mai 1676]

    Fig. Nous voilà quitte à quitte, se dit lorsqu'on a reçu quelque déplaisir de quelqu'un, et qu'on lui a rendu la pareille. Adieu, lui dit-il, quitte à quitte. [Piron, Le nez et les pincettes, conte en vers]

    On dit dans le même sens : partant quitte. Voilà l'argent que vous m'avez prêté, partant quitte.

    PROVERBE

    Quitte à quitte et bons amis.
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