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reléguer

vt (re-lé-ghé. La syllabe lé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je relègue, excepté au futur et au conditionnel : je reléguerai ; je reléguais, nous reléguions, vous reléguiez ; que je relègue, que nous reléguions, que vous reléguiez)
  • 1Confiner en un endroit déterminé, avec conservation des droits civils et politiques, à la différence du banni qui les perdait (Quippe relegatus, non exsul dicor.... Nec mihi jus civis, nec mihi nomen abest, a dit Ovide, Tristes, II, 135). L'empereur ne le fit point condamner [Ovide] par un arrêt du sénat, et il se servit du terme de reléguer, qui, dans le droit romain, était plus doux que le terme bannir. [Rollin, Histoire ancienne]
  • 2Dans le langage général, infliger le confinement en un lieu déterminé. S'il [le mort] est trouvé coupable de crimes qui soient d'un genre à pouvoir être expiés, il est relégué dans le Tartare pour un temps seulement, et avec assurance d'en sortir quand il aura été suffisamment purifié. [Rollin, Histoire ancienne] Le parlement de Paris vient d'être relégué dans une petite ville qu'on appelle Pontoise. [Montesquieu, Lettres persanes] Dépouillé de tous ses biens, qui étaient immenses, il [Basile Galitzin] fut relégué sur le chemin d'Archangel. [Voltaire, Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand]

    Par extension. Ce n'est pas assez de faire une guerre heureuse contre ces barbares [les Turcs].... ce n'est pas assez de les humilier, il faudrait les reléguer pour jamais en Asie. [Voltaire, Correspondance]

  • 3Mettre, tenir à l'écart. Il relégua son fils à la campagne. Pourquoi, de cette gloire exclu jusqu'à ce jour, M'avez-vous, sans pitié, relégué dans ma cour ? [Racine, Britannicus] Les deux princes ne furent pas plutôt en âge de régner, qu'ils reléguèrent Oedipe au fond de son palais. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]

    Fig. Ce n'est pas qu'on y jouât alors [dans la tragédie, chez les anciens] les passions des jeunes gens ; nous avons vu à quel rang on les reléguait [dans la comédie]. [Bossuet, Coméd. 18]

  • 4Fig. il se dit des choses qu'on met à l'écart. Il faut reléguer ces vieilleries au grenier. Il faut reléguer au rang des fables ces majestueux palais destinés à loger les incas dans le lieu de leur résidence et dans leurs voyages. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]
  • 5Se reléguer, vpron Se retirer, se mettre à l'écart. Ses disciples [d'Edesius] l'empêchent d'aller, par une crainte indigne d'un philosophe [la persécution], se reléguer dans le fond d'une forêt. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]
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