renommée

• 1Connaissance d'un nom parmi un public plus ou moins étendu. Bonne renommée. Mauvaise renommée. Et la gloire et la renommée Ne sont que songe et que fumée, Et ne vont point jusques aux morts. [Voiture, Oeuv. t. II, p. 206] Ne montrez à la cour que votre renommée. [Corneille, Nicomède] À quelque prix qu'on mette une telle fumée, L'obscurité vaut mieux que tant de renommée. [Corneille, Horace] Le soin que nous prenons de notre renommée.... [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Qu'heureux est le mortel qui, du monde ignoré, Vit content de soi-même en un coin retiré ; Que l'amour de ce rien qu'on nomme renommée N'a jamais enivré d'une vaine fumée ! [Boileau, Epîtres] Mes malheurs font encor toute ma renommée. [Racine, Bajazet] Louis XIV, jeune encore et avide de renommée, qu'il prenait pour la véritable gloire, se préparait à faire la guerre à la Hollande. [D'alembert, Éloges, Despréaux.] Pour jouir de ce bonheur qu'on cherche tant et qu'on trouve si peu, la sagesse vaut mieux que le génie, l'estime que l'admiration, et les douceurs du sentiment que le bruit de la renommée. [D'alembert, Éloges, Sacy.] Nous marchions vers cette petite ville [Athènes], dont le territoire s'étendait à quinze ou vingt lieues, et qui balance dans l'univers la renommée de l'empire romain. [Chateaubriand, Itinéraires de Paris à Jérusalem]

  Terme de palais. Rétablir quelqu'un en sa bonne fâme et renommée.

• 2La voix publique Nous avons appris l'événement par la renommée. La renommée accuse juste en contant ce que vous valez. [Molière, Les précieuses ridicules] J'eus soin de vous nommer.... Des gouverneurs que Rome honorait de sa voix ; Je fus sourde à la brigue et crus la renommée. [Racine, Britannicus] La vérité s'accorde avec la renommée, Madame, Osmin a vu le sultan et l'armée. [Racine, Bajazet] Toujours la renommée Avec le même éclat n'a pas semé mon nom. [Racine, Bérénice]

  Terme de palais. Enquête de commune renommée, sorte d'enquête de voix publique pour constater certains faits. Si le défaut d'inventaire porte sur un mobilier échu à la femme, celle-ci ou ses héritiers sont admis à faire preuve, soit par titres, soit par témoins, soit même par commune renommée, de la valeur de ce mobilier. [Code Napoléonien]

• 3Être mythologique et allégorique représenté sous la figure d'une femme embouchant la trompette (en ce sens il s'écrit avec une r majuscule). Peindre, sculpter plusieurs Renommées. Lorsque d'un pied léger la prompte Renommée, Semant partout l'effroi, vient au chantre éperdu Conter l'affreux détail de l'oracle rendu. [Boileau, Le lutrin]

  En cette acception, on s'en sert dans plusieurs phrases de style oratoire et poétique, mais sans y mettre l'r majuscule. La renommée publie ses victoires. Le vol de la renommée. Sur les ailes de la renommée. Mais on croit trop ici l'aveugle renommée, Son infidèle voix vous a mal informée. [Voltaire, Adélaïde du Guesclin] Mon cher ami, vous savez que la renommée a cent bouches, et que, pour une qui dit vrai, il y en a quatre-vingt-dix-neuf qui mentent. [Voltaire, Correspondance] La renommée a publié de ses cent bouches les victoires qu'il [Amazan] remporta sur les trois rois avec ses Espagnols, ses Vascons et ses licornes. [Voltaire, La princesse de Babylone]

  PROVERBE

  Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée, il vaut mieux avoir l'estime publique que d'être riche (voir CEINTURE).