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reprocher

vt (re-pro-ché)
  • 1Objecter à quelqu'un une chose ou blâmable, ou fâcheuse. Et le surnom de bon me va-t-on reprochant, D'autant que je n'ai pas l'esprit d'être méchant. [Régnier, Satires] Que lui peut-on reprocher [à Charles 1er], sinon la clémence ? [Bossuet, Oraisons funèbres] Ne pourrons-nous pas enfin espérer que les jaloux de la France n'auront pas éternellement à lui reprocher les libertés de l'Église toujours employées contre elle-même ? [Bossuet, Oraisons funèbres] Saint Paul, tout grand apôtre qu'il était, et quoique sa conscience ne lui reprochât rien, ne se croyait pas pour cela justifié. [Bourdaloue, Jugem. dern. 1er avent, p. 85] Les dieux toutes les nuits.... Me venaient reprocher ma pitié sacrilége. [Racine, Iphigénie en Aulide] Et que reproche aux Juifs sa haine envenimée ? [Racine, Esther] Celse reprochait à Origène que les chrétiens variaient continuellement dans leurs écrits ; qu'ils changeaient le texte de l'Évangile suivant leurs besoins. [Dumars. Oeuv. t. VII, p. 30]

    Reprocher à quelqu'un une personne, lui reprocher de favoriser, d'employer cette personne. Sans doute M. Cassini, étranger et circonspect comme il était, ne se fût pas chargé d'un neveu dont il n'eût pas beaucoup espéré, et qui lui aurait été plus reproché que tout autre qu'il eût mis à la même place. [Fontenelle, Maraldi.] Clotaire lui reprocha [à Brunehaut] la mort de dix rois. [Montesquieu, L'esprit des lois] On reprochait à Racine d'avoir mis les principes du jansénisme dans le rôle de Phèdre. [Voltaire, Correspondance]

    Fig. Lorsque en proie aux besoins qui pèsent sur leurs têtes, Le cri de leur douleur vous reproche vos fêtes. [Delille, Pitié]

    Reprocher un service, un bienfait à quelqu'un, les lui rappeler pour l'accuser de les avoir oubliés. Ne reproche donc plus à mon âme indignée Qu'en perdant tous les miens tu m'as seule épargnée. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Elle [Mme de Montespan] m'a reproché ses bienfaits, ses présents, ceux du roi. [Maintenon, Lettres]

    Familièrement. Reprocher les morceaux à quelqu'un, faire sentir à quelqu'un qu'il mange trop et paraître y avoir regret. On me reprochait chaque jour ma nourriture, on me la refusait souvent. [Genlis, Mme de Maintenon, t. I, p. 72, dans POUGENS]

    Reprocher que, avec le verbe à l'indicatif. Vous reprochez à ma triste mémoire, Que par sa propre main [d'Auguste] mon père massacré Du trône où je le vois fait le premier degré. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]

  • 2Se reprocher, reprocher soi-même, se faire des reproches. Mlle de Guise n'a rien à se reprocher que la mort de son neveu : elle n'a jamais voulu qu'il ait été saigné ; la quantité du sang a causé le transport au cerveau. [Sévigné, 73] Ne parlons pas des corruptions qu'on a honte d'avoir à se reprocher. [Bossuet, Oraisons funèbres] Toute l'indulgence de l'amour propre n'empêche point qu'on ne se reproche du moins une partie de ce qu'on a à se reprocher. [Fontenelle, Bonh.] L'illustre auteur de Phèdre avait assez d'épigrammes satiriques à se reprocher, pour qu'on doive se faire un scrupule de lui imputer en ce genre des péchés qu'il n'a pas commis. [D'alembert, Éloges, Gasp. Abeille, note 3] On n'est jamais pleinement malheureux quand on n'a rien à se reprocher. [Mme de Tencin, Oeuv. t. V, p. 63, dans POUGENS]

    Se refuser. L'avare se reproche le nécessaire.

  • 3 Terme de procédure. Reprocher des témoins, alléguer des raisons pour les récuser. Il reprocha tous les témoins.

    Par extension. Moi.... Qui reproche souvent mes yeux et mes oreilles. [Régnier, Satires]

REMARQUE

Pascal a dit : reprocher de ce que : Paul Émile reprochait à Persée de ce qu'il ne se tuait pas. [Pascal, Pensées] Cela n'est pas usité.

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