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roide ou raide

adj. (roi-d' ou rè-d'. La prononciation rè-d' a presque entièrement fait disparaître la prononciation roi-d')
  • 1Qui ne plie pas quand on veut le fléchir. Roide comme une barre de fer. Il a eu des rhumatismes, et son bras est resté tout roide. Un tas d'anguilles toutes sèches et roi des de froid sur le rivage. [Descartes, Météor. I] Morel, le laquais de César, prend dans ses bras ce petit paysan, en disant : il est bien roide, je le crois mort. [Genlis, Veillées du château t. I, p. 139, dans POUGENS] Des rangées circulaires de soldats étendus raides morts marquèrent les bivouacs. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Ce linge est tout roide d'empois, il est empesé trop roide, il est trop ferme, trop dur, parce qu'on y a mis trop d'empois.

    Terme d'histoire naturelle. Se dit d'une partie qui, bien que grêle ou mince, oppose de la résistance à la flexion.

    Être tué roide, tomber roide mort, demeurer roide mort sur la place, être tué, mourir tout d'un coup. Ils [les Hollandais, au passage du Rhin] font une décharge où M. de Longueville est tué tout roide ; on lui a trouvé cinq coups de mousquet. [Pellisson, Lettres historiques] Et non moins bon archer que mauvais raisonneur, Roide mort étendu sur la place il le couche. [La Fontaine, Fables] Le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier et à pleurer : Taisez-vous, mon enfant, lui dit-il ; voyez, en lui montrant M. Turenne roide mort ; voilà ce qu'il faut pleurer éternellement ; voilà ce qui est irréparable. [Sévigné, 203] Il [le duc de Nemours] tira le premier, apparemment comme l'offensé, et voulut ensuite fondre l'épée à la main sur M. de Beaufort qu'il avait manqué, et qui le tua roide de trois balles dans l'estomac. [Saint-foix, Ess. Paris, Oeuv. t. III, p. 254, dans POUGENS]

  • 2Qui est fort tendu. Cette corde est roide, n'est pas assez roide.
  • 3Qui manque de souplesse, de grâce. Une attitude roide. Des mouvements roides. Mme d'Aubigné toute honteuse, Mlle de Mérode toute roide, Mlle de la Barge tout endormie. [Maintenon, Lettres]

    Se tenir roide, se tenir le corps droit sans fléchir d'aucun côté.

    Fig. et familièrement. Se tenir roide, tenir bon dans une résolution. Quoi que j'aie pu lui dire, il s'est tenu roide.

    Se tenir roide, signifie encore montrer une rigidité excessive. Ce sera donc à Auguste, monsieur, à qui j'adresserai mon Aristippe, ou à quelque autre homme de ce siècle-là, puisque les gens de celui-ci se tiennent si roides sur le point d'honneur. [Guez de Balzac, Correspondance]

    Dans le langage des arts d'imitation. Des contours roides. Des draperies roides.

  • 4 Fig. Qui ne se relâche pas de ses idées, de ses prétentions, de ses principes. Il est sûr qu'il ne se trouve plus de ces âmes vigoureuses et raides de l'antiquité. [Fontenelle, Montaigne, Socrate.] Il fut étrange que M. de Rohan se montrât si raide pour la récusation [du premier président]. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Messieurs les hidalgos étant ordinairement roides en fait d'alliance, et gens à observer les longues et les brèves. [Lesage, Histoire d'Estevanille Gonzalez, surnommé le garçon de bonne humeur]

    Substantivement. Sa société [du P. Tellier, jésuite] pour l'ardeur de son naturel et son roide avait été obligée de le renvoyer en France. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Il se dit des choses en un sens analogue. [Suivant les réformés] il n'y en avait jamais eu [de libre arbitre] ni parmi les hommes ni parmi les anges.... jamais les stoïciens n'avaient fait la fatalité plus roide et plus inflexible. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Les idées qu'on y prend [dans la vie retirée] sont plus roides et inflexibles, faute d'être traversées, pliées par celles des autres. [Fontenelle, Méry.] Les principes les plus raides de sa secte [stoïcienne]. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]

  • 5Difficile à monter, escarpé. Une côte roide. Il entre dans cette grotte souterraine, et descend un escalier excessivement roide. [Genlis, Veillées du château t. I, p. 543, dans POUGENS]
  • 6Qui a un mouvement rapide et fort. Les pigeons ont l'aile fort roide. Le cours de cette rivière est roide.

    Fig. et familièrement. Faire ce jeune homme si vite capitaine, cela était un peu raide.

    Par extension. Cela est raide, se dit de quelque chose, parole ou acte, qu'il est difficile d'accepter.

  • 7Adverbialement. Vite, vivement, avec force. La Rancune se mit à pisser si largement et si roide, que le bruit seul du pot de chambre eût pu réveiller le marchand. [Scarron, Le Roman comique]

    Raide comme balle, très rapidement, sans hésiter.

    Terme de vénerie. Découpler raide, découpler les chiens d'un relais, aussitôt que l'animal est passé, sans attendre la meute.

    Fig. et familièrement. On a mené cette affaire bien roide, on l'a poussée fort vivement.

    Dans le même sens. On a mené cet homme bien roide. Je le mène un peu roide. [Regnard, Le retour imprévu]

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