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ruer

vt (ru-é), je ruais, nous ruions, vous ruiez ; que je rue, que nous ruions, que vous ruiez
  • 1Jeter avec impétuosité (sens qui a vieilli). Elle sauva le ciel et rua le tonnerre Dont Briare mourut. [Malherbe, II, 12] Ah ! je devais du moins lui jeter son chapeau, Lui ruer quelque pierre, ou crotter son manteau. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]
  • 2Ruer de grands coups, frapper de grands coups (locution qui a vieilli).
  • 3 vi Lancer une pierre. Il gage qu'il ruera plus loin que vous (emploi vieilli).

    Ruer à tort et à travers, frapper de tous côtés dans une foule.

  • 4Se dit d'un cheval, d'un mulet, etc. qui lance avec force les pieds de derrière en l'air. Il suffit de relever fortement la tête de l'animal pour l'empêcher de ruer. L'archevêque a de grandes pensées ; mais plus il est vif, plus il faut s'approcher de lui comme des chevaux qui ruent. [Sévigné, 19 janv. 1689] M. Durnol s'emporta, il donna un grand coup de pied à l'enfant, qui lui dit en pleurant : ah ! je conviens que l'âne de Balaam parlait, mais il ne ruait pas. [Voltaire, Mél. litt. Lettre de Cubstorf.]

    Par extension. Les Hollandais racontent que le casoar se sert de ses pieds pour sa défense, ruant et frappant par derrière comme un cheval selon les uns, et selon les autres.... [Buffon, Oiseaux]

    Ruer à la botte, se dit de la défense du cheval qui cherche, avec l'un de ses pieds postérieurs, à frapper la jambe du cavalier au moment où il la ferme, ou lorsqu'il monte à cheval.

    Ruer en vache, se dit d'un cheval qui porte le pied de derrière jusqu'à la jambe de devant, et en frappe, comme font les vaches, la personne occupée à cette jambe de devant.

    Fig. Voilà une chose qui ne mord ni ne rue, se dit d'une chose qui ne peut faire ni bien ni mal.

  • 5Se ruer, vpron Se jeter impétueusement sur quelqu'un ou sur quelque chose. Cependant on fricasse, on se rue en cuisine. [La Fontaine, Fables] Le loup, prêt à se ruer sur la bergerie, voit les bergers armés et les chiens en garde ; tout affamé qu'il est, il se retire pour cette fois. [Bossuet, Sermons] Et, chacun vainement se ruant entre deux. [Boileau, Satires] Roguet avec sa colonne se rua brusquement sur le centre et au milieu de leur camp, où il entra pêle-mêle avec eux. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812] Gomorrhe, Sodome.... L'ardente nuée Sur vous s'est ruée, ô peuples pervers. [Hugo, Les orientales]
  • 6 Fig. Être porté, frappé, en parlant de coups. Tous les matins, il [Monseigneur] allait prendre du chocolat chez Mlle de Lislebonne ; là se ruaient les bons coups. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Apparemment que les grands coups s'y ruaient [chez Mme de Maintenon] pour le successeur [de Chamillart]. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

REMARQUE

M. Auguste Barbier a fait ruer monosyllabe : Que faisaient-ils, tandis qu'à travers la mitraille Et sous le sabre détesté La grande populace et la sainte canaille Se ruaient à l'immortalité ? Ïambes, la Curée.

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