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réminiscence

nf (ré-mi-ni-ssan-s')
  • 1Dans le langage philosophique, synonyme de ressouvenir. Il semblait qu'il n'agît que par réminiscence, Et qu'il eût autrefois fait le métier d'amant, Tant il le fit parfaitement ! [La Fontaine, Fables] Cet assemblage de cercles qui forment la sphère et leurs projections sur différents plans s'imprimaient dans son esprit avec une facilité surprenante, et il semblait que, selon le système de Platon, ce ne fût qu'une réminiscence de ce que son âme avait su autrefois. [Fontenelle, la Hire] Observez que toutes ces manières de penser, par réminiscence, par imagination, par ampliation, par diminution, par abstraction, etc. supposent toujours des impressions antérieures immédiates. [Dumars. Mél. gramm. philos. Oeuv. t. V, p. 331] Il est des souvenirs aussi redoutables que le sentiment actuel ; on s'attendrit par réminiscence ; on a honte de se sentir pleurer, et l'on n'en pleure que davantage. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] La réminiscence est produite par la liaison que conserve la suite de nos perceptions. [Condillac, Conn. hum. II, 1]
  • 2Dans la langue commune, rappel d'un souvenir à peu près effacé ; acte par lequel nous cherchons à ressaisir un souvenir incomplet. Il travailla en vain sa réminiscence durant le chemin, il ne put y retrouver ce qu'il y cherchait. [Scarron, Le Roman comique] Je demanderai à M. Coulmann pourquoi il appelle Réminiscences [titre de ses mémoires] ce qu'il aurait dû intituler Souvenirs ; évidemment le titre d'un ouvrage anglais, des Réminiscences d'Horace Walpole, l'a séduit, mais, en laissant à la charge de l'auteur anglais le mot de Réminiscences pris en ce sens, je nie qu'en français ce mot soit juste : qui dit réminiscences, en effet, dit ressouvenirs confus, vagues, flottants, incertains, involontaires ; un poëte qui, en faisant des vers, imite un autre poëte sans bien s'en rendre compte, et qui refait des hémistiches déjà faits, est dit avoir des réminiscences ; on dirait très bien de quelqu'un dont la tête faiblit et qui ne gouverne plus bien sa mémoire : il n'a que des réminiscences, il n'a plus de souvenirs ; la réminiscence est, en un mot, un réveil fortuit de traces anciennes dont l'esprit n'a pas la conscience nette et distincte ; le titre donné par M. Coulmann à ses Mémoires est donc assez impropre, à moins qu'il n'ait voulu se critiquer légèrement lui-même. [Ste-beuve, Nouveaux lundis, t. IX, p. 36]
  • 3Pensée, expression, motif qui provient d'autrui, et qui, logé dans la mémoire, est employé par nous comme s'il était nôtre. Cet ouvrage est plein de réminiscences. Tout ce qu'il fait est de réminiscence ; il copie Wouvermans et Berghem. [Diderot, Salons de peinture]

SYNONYME

RÉMINISCENCE, RESSOUVENIR. Ces mots annoncent, par la particule initiale re, quelque chose d'éloigné, qui revient de loin, qui a été oublié depuis longtemps, et dont il n'y a que de légères traces dans l'esprit. Mais réminiscence reproduit le latin reminiscentia, et ressouvenir a été formé du français souvenir. C'est pourquoi réminiscence appartient au langage de la philosophie et des arts libéraux, tandis que ressouvenir est du langage ordinaire. Quand réminiscence est employé dans la langue commune, il indique le plus faible, le plus imparfait des souvenirs, celui qu'on ne reconnaît pas même pour une idée qu'on a déjà eue. Le ressouvenir est plus net et plus distinct, on sait au moins, on a la conviction que ce n'est pas une idée nouvelle (LA FAYE).

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