triomphateur

• 1Général romain qui entrait en triomphe à Rome après une grande victoire ; un esclave le suivait, qui lui rappelait la fragilité des choses humaines. Ce prince [le czar] n'avait pas besoin de l'esclave des triomphateurs romains ; il savait assez lui seul prescrire de la modestie à son triomphe. [Fontenelle, Pierre Ier.] On mettait à Rome un anneau de fer au doigt des triomphateurs, le jour de leur triomphe, afin de les faire souvenir qu'ils étaient hommes. [Saint-foix, Ess. Paris. Oeuv. t. IV, p. 224] Les triomphateurs exposaient dans Rome les vaincus aux regards des peuples. [Voltaire, Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand] Tibère âgé de cinquante-trois ans : il porte le costume des triomphateurs, la couronne de laurier, la toge.... [Mongez, Mém. inscr. et belles-lettres. t. VIII, p. 394]

  Par extension. Le czar, qui avait combattu en personne et qui était le vrai triomphateur, moins par sa qualité de souverain que par celle de premier instituteur de la marine. [Fontenelle, Pierre Ier.]

  Fig. Après tout, ce n'est qu'une nouvelle mode d'ajuster des lauriers sur la tête des triomphateurs. [Voltaire, Correspondance]

  Adj. Ces arcs triomphateurs, ces dépouilles des rois. [Delille, L'imagination]

• 2 Par extension, celui qui a gagné des batailles. Alors ces malheureux vaincus rappelleront à leur compagnie leur superbe triomphateur ; et du creux de leur tombeau sortira cette voix qui foudroie toutes les grandeurs : vous êtes devenu semblable à nous. [Bossuet, Oraisons funèbres] Et toute la France traite d'empoisonneur [à propos de la mort du fils de François Ier] le vainqueur de Soliman, le libérateur de la chrétienté, le triomphateur de Tunis, le grand homme de l'Europe [Charles-Quint]. [Voltaire, Pyrrh. hist. 37]

  Au fém. Vos ennemis ne seront parvenus qu'à faire graver sur vos médailles : triomphatrice de l'empire ottoman. [Voltaire, Correspondance]

  Fig. Nos vaisseaux, Heureux triomphateurs et des vents et des eaux. [Delille, Énéide]

• 3Celui qui triomphe. Que dirons-nous de ces lâches courtisans qui sont les triomphateurs et n'ont pas été les victorieux, qui jouissent, dans l'oisiveté, des peines et des sueurs des grands capitaines ? [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour]