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étoffe

nf (é-to-f')
  • 1Nom général des tissus de soie, de laine et d'autres matières dont on fait des habits et des ameublements. Il était fort obligeant, fort officieux ; et, comme il se connaissait fort en étoffes, il en allait choisir de tous côtés, les faisait apporter chez lui et en donnait à ses amis pour de l'argent. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] L'étoffe me sembla si belle que j'en ai voulu lever un habit pour moi. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Je tâte votre habit ; l'étoffe en est moelleuse. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Ils [les Spartiates] ne pouvaient s'imaginer que ce même homme [Alcibiade] eût jamais eu chez lui de cuisinier, qu'il eût porté de fines étoffes de Milet. [Rollin, Histoire ancienne]

    Fig. Ne pas épargner, ne pas plaindre l'étoffe, employer une plus grande quantité de matière qu'il ne fallait.

    En un sens contraire, rogner sur l'étoffe.

    Tailler en pleine étoffe, se donner ses coudées franches, prendre autant qu'on veut, faire ce qu'on veut. Vous taillerez en pleine étoffe ; Vite un congrès.... [Béranger, Chansons]

    Terme de peinture. Se dit des vêtements d'un portrait et de ceux des figures d'un tableau de genre. Draperie se dit pour les tableaux d'histoire.

  • 2Se dit de toutes les matières qui entrent dans la fabrication des chapeaux.

    Terme de mégissier. Solution de sel marin et d'alun, dans laquelle on fait chauffer les peaux jusqu'à ce qu'elles en soient bien imprégnées.

  • 3Morceau d'acier commun dont les couteliers forment les parties non tranchantes de leurs ouvrages.

    Mélange d'étain et de plomb dont les facteurs d'orgues font des tuyaux.

    Composition à l'usage des potiers d'étain.

  • 4 Fig. Matière, matériaux, sujet. L'étoffe me manque quelquefois pour remplir mes lettres. [Sévigné, 446] Ce que vous me mandez est l'étoffe de dix épigrammes. [Sévigné, 320] Je retouche la première édition [du Dictionnaire], j'y fais des additions qu'il faut enchâsser le mieux qu'on peut et lier avec la vieille étoffe. [Bayle, Lett. à Marais, 27 sept. 1700]
  • 5Valeur et qualités des personnes et des choses. J'ai bien un avis d'autre étoffe. [Régnier, Épîtres] Le barbon rapporte quantités d'histoires de pareille étoffe sur la foi de Callisthène. [Guez de Balzac, Le Barbon] Bourgeois, artisans et autres gens de telle étoffe. [D'ablancourt, Lucien, t. I, dans RICHELET] Un sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales] Nous avons commencé la Morale [les Essais de morale de M. Nicole], c'est de la même étoffe que Pascal. [Sévigné, 56] Il y a des gens d'une certaine étoffe ou d'un certain caractère, avec qui il ne faut jamais se commettre. [La Bruyère, V] Une femme qui fuit le monde en enrageant, Parce qu'on n'en veut plus, et se croit philosophe, Qui veut être méchante et n'en a pas l'étoffe. [Gresset, Le méchant]

    Il y a en lui l'étoffe d'un grand écrivain, il est capable de devenir grand écrivain.

    Absolument. Ce qu'il faut pour atteindre à un certain point. Il y a bien des gens à qui l'étoffe manque. [Sévigné, 432] La gourmandise est le vice des coeurs qui n'ont point d'étoffe. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Il se chargea, s'il me trouvait de l'étoffe, de chercher à me placer. [Rousseau, Les confessions] Leurs subtiles pensées marquent des esprits sans étoffe. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Se dit de la condition, de la naissance. La maréchale de Rochefort était d'une autre étoffe [que Mme de Villars] et de la maison de Montmorency. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Être de mince étoffe, être d'une condition ou d'une valeur fort médiocre. Ton oeil ne peut se détacher, Philosophe De mince étoffe, Du vieux coq de ton vieux clocher. [Béranger, Bohémiens.]

  • 6 Au pl. Terme d'imprimerie. Proprement, le matériel d'une imprimerie, et, par une extension naturelle, l'intérêt que l'imprimeur en doit tirer et qu'il calcule en dehors des prix de composition, de mise en pages et de tirage, etc.

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7 Au pl. Dans l'exploitation du bois de flottage, les étoffes, l'ensemble des perches, rouettes, chantiers, etc. nécessaires pour former les trains. Mémoires de la Société centrale d'Agriculture, 1873, p. 264]

REMARQUE

Au sens de valeur et qualités des personnes et des choses, J. J. Rousseau a employé étoffe au pluriel : Comme si, commençant cette étude [celle de l'histoire grecque et romaine], vous y eussiez cherché d'autres êtres que les hommes, et que ce ne fût pas assez d'y en trouver de meilleurs dans leurs étoffes que ne sont nos contemporains, Lett. à Deleyre, 3 juin 1764.

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