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accent

nm (a-ksan ; ne prononcez pas a-san comme font les méridionaux)
  • 1 Terme de grammaire. Élévation de la voix sur une syllabe dans un mot, c'est-à-dire intensité donnée à une syllabe relativement aux autres : cela s'appelle accent tonique.
  • 2Inflexions particulières à une nation, aux habitants de certaines provinces. Accent anglais, italien. Accent gascon. On connaît à son accent de quelle province il est. L'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise. [La Bruyère, 8] L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le coeur, comme dans le langage. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales]
  • 3 Absolument. Prononciation des personnes de province par rapport au parler de la capitale. Pour bien parler il ne faut pas avoir d'accent ; cette phrase veut dire qu'il faut donner l'accent consacré par le bon usage parmi ceux qui parlent bien. Il a perdu, conservé son accent.
  • 4Accent oratoire ou pathétique, inflexion de la voix par rapport aux sentiments ou aux pensées. Je trouve qu'il prend toujours l'accent le plus convenable à son sujet. Il avait dans les morceaux pathétiques un accent de tristesse. J. J. Rousseau a fait confusion entre l'accent oratoire et l'accent proprement dit, en écrivant : Se piquer de n'avoir point d'accent, c'est se piquer d'ôter aux phrases leur énergie, Ém. I.
  • 5Langage, chant, dans le style élevé et la poésie. Les accents de la passion, de la colère. De tristes accents. J'entends vos divins accents. Écoute les accents de sa mourante voix. [Corneille, Médée] Ce sont les accents de la nature qui causent ce plaisir : c'est la plus douce de toutes les voix. [Montesquieu, L'esprit des lois] Ces accents de la mort sont la voix de Ninus. [Voltaire, Sémiramis] Son aspect, ses accents Ont fait trembler mon bras, ont fait frémir mes sens. [Voltaire, Oreste, IV, 5] Aux accents de l'airain sonnant, les homicides.... [Chénier M. J. Ch. IX, V, 2] .... des clairons les belliqueux accents Pour la première fois font tressaillir mes sens. [Delavigne, Le paria] Enfin sa bouche flétrie Ose prendre un noble accent. [Béranger, Judas.]
  • 6Petite marque qui se met sur une syllabe, soit pour en indiquer la prononciation, soit pour la caractériser grammaticalement.

REMARQUE

La grammaire française a trois espèces d'accents : l'accent aigu, l'accent grave, l'accent circonflexe.

1. L'accent aigu se met sur tous les é fermés qui terminent la syllabe, ou qui sont seulement suivis d'un s, signe du pluriel : bonté, vérité, assemblée, les procédés, les prés émaillés. Mais on écrira sans accent l'e fermé de nez, de berger, parce qu'ici ce n'est point l'e qui termine la syllabe.

2. L'accent grave se met sur tous les è ouverts qui terminent la syllabe : pèle, règle, prophète, il mène ; ou qui sont suivis d'un s qui achève le mot : procès, succès, décès, après. Exceptions : ces, les, mes, tes, ses.... j'appelle, terre, coquette. En effet, dans ces trois derniers mots, le redoublement de la consonne donne à la voyelle un son ouvert et rend inutile l'accent grave. Il faut remarquer que l'è est toujours ouvert lorsqu'il termine la syllabe et qu'il est suivi d'une consonne et d'un e muet : il espère, il pèse, modèle. Sont exceptées les phrases interrogatives : aimé-je, dussé-je, veillé-je, etc. où l'e est fermé comme dans bonté. On a excepté aussi, du moins pour l'écriture, sacrilége, sortilége, collége, qu'on écrit par un accent aigu ; mais la prononciation usuelle met un accent grave et dit comme s'il y avait sacrilège, sortilège, collège. C'est un cas où l'Académie devrait intervenir. Dans plusieurs mots l'accent grave ne sert que de distinction grammaticale : à préposition et il a ; des article partitif et dès préposition ; où adverbe de lieu et ou conjonction ; là adverbe de lieu et la article féminin.

3. L'accent circonflexe s'emploie : 1° lorsque la voyelle est longue, et surtout lorsqu'il y a suppression de lettre, comme dans les mots âge, bâiller, tête, épître, côte ; 2° sur l'avant-dernier e de quelques mots en ême, comme extrême, blême ; 3° sur l'i des verbes en aître, en oître, dans tous les temps où i est suivi de t : naître, paraître, accroître, il naît, il paraîtra, nous accroîtrons ; 4° sur o qui précède les finales le, me, ne, comme dans pôle, rôle, dôme, fantôme, trône. On en fait également usage à la première et à la deuxième personne du pluriel du prétérit défini de l'indicatif, et à la troisième personne du singulier de l'imparfait du subjonctif : nous aimâmes, vous aimâtes, vous reçûtes, qu'il fût, qu'il eût, qu'il aimât, qu'il reçût. Dans cet emploi l'accent circonflexe indique la suppression d'une lettre ou la longueur de la voyelle comme dans lâche, apôtre ; tantôt il indique seulement la longueur de la syllabe, sans suppression de lettre, comme dans pôle, trône ; tantôt enfin il indique seulement la suppression d'une lettre sans que la voyelle soit allongée, comme dans hôpital, où l'o n'est pas long. Dans certains cas, l'accent circonflexe ne sert non plus que de distinction grammaticale : du, article composé pour de le, et dû, participe passé du verbe devoir, anciennement deu ; tu, pronom personnel, et tû, participe passé du verbe taire, anciennement teu ; sur, préposition, et sûr, adjectif, anciennement seur. Ces accents, qui servent de signes dans l'écriture, sont très différents dans le grec et dans le français, qui pourtant les a pris du grec. Les accents aigu, grave et circonflexe, dans le grec, servent uniquement à noter la syllabe qui a l'accent tonique, et désignent des nuances de cette intonation. En français, l'accent tantôt dénote la prononciation de quelques voyelles, tantôt indique la suppression d'une lettre, tantôt est employé à distinguer l'un de l'autre deux mots qui, ayant des acceptions très différentes, s'écrivent, sauf cet accent, de même.

Il y a, comme on voit, quatre sortes d'accents qu'il ne faut pas confondre, et que l'on confond souvent : 1° l'accent tonique, qui est l'élévation de la voix sur une syllabe d'un mot : dans donne, l'accent tonique est sur la pénultième ; dans amour, il est sur la dernière. Dans la langue française l'accent tonique n'occupe jamais que l'une de ces deux places. Dans le latin, l'accent tonique est en général sur la pénultième syllabe, si cette syllabe est longue, et sur l'antépénultième, si la pénultième est brève. C'est l'accent latin qui a déterminé la forme des mots français d'origine. La syllabe qui avait l'accent en latin l'a conservé en français : présbyter, prêtre, frágilis, frêle, ánima, âme. Le français, quoi qu'on en ait dit, a un accent très marqué : l'accent, en chaque mot, se trouve sur la dernière syllabe, si elle n'est pas terminée par un e muet, et sur l'avant-dernière, si la dernière est terminée par un e muet Dans le parler, les mots non accentués s'appuient sur les mots accentués et ne font qu'un avec eux ; ainsi dans ce vers tout monosyllabique de Racine : Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur ; il y a cinq accents, un sur jour, un sur pas, un sur pur, un sur fond et un cinquième sur coeur, de sorte que pour l'oreille il n'y a vraiment que cinq mots. Le vers français, comme le vers italien, anglais ou allemand, est fondé sur l'accent aussi bien que sur le nombre des syllabes. Dans le vers alexandrin, il faut deux accents : l'un à la sixième syllabe, et l'autre à la douzième ; dans les vers de dix syllabes, il en faut deux aussi : l'un à la quatrième et l'autre à la dixième syllabe. 2° L'accent provincial, qui est l'intonation propre à chaque province et différente de l'intonation du bon parler de Paris, prise pour règle. 3° L'accent oratoire, qui est l'inflexion donnée aux mots conformément aux affections de l'âme de celui qui parle ou qui lit. 4° L'accent, signe grammatical servant dans l'orthographe à différents usages.

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ACCENT. - HIST. XVIe s. Ajoutez : L'accent ou ton en prononciation est une loi ou regle certaine pour elever ou abaisser la prononciation d'une chacune syllabe. [Meigret, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 104]

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