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achever

vt (a-che-vé. La syllabe che est muette quand la syllabe qui suit est sonnante ; elle prend l'accent grave quand la syllabe qui suit est muette)
  • 1Mener à terme. Achevons notre entretien. César acheva de subjuguer la Gaule. Quelques-uns achèvent de se corrompre par de longs voyages, et perdent le peu de religion qui leur restait. [La Bruyère, 16] Achevez de vous convaincre par cette méthode d'étudier, que c'est la paresse des hommes qui.... [La Bruyère, 14] Voici ce qui glacera le coeur, ce qui achèvera d'éteindre la voix, ce qui répandra la frayeur dans toutes les veines.... [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 2Rendre complet. Et ce qui achève notre impuissance à connaître les choses. [Pascal, édit. Cousin.] Laisse-les, je te prie, achever leur repas. [La Fontaine, Fables] Il fixa l'année à 365 jours et borna chaque mois à 30 jours ; à la fin de chaque douzaine de mois il ajoutait cinq jours pour achever l'année. [Fénelon, Thalès.] Puisqu'en un même jour l'ardeur d'un même zèle Achève le destin de son amant et d'elle. [Corneille, Horace] .... dis-lui que je cours achever sa vengeance. [Corneille, La mort de Pompée] Comme si je vivais, achevez l'hyménée. [Corneille, Horace] .... laissons-les sans nous achever leurs querelles. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Arrêtez, n'achevez pas ce souhait étrange. [Molière, La princesse d'Élide] Je voulais que ton zèle achevât en secret De confondre un amour qui se tait à regret. [Racine, Bérénice] L'amour achèverait de sortir de mon coeur. [Racine, Andromaque] Je tremble qu'Athalie, à ne vous rien cacher, N'achève enfin sur vous ses vengeances funestes. [Racine, Athalie] Heureux si, sur son temple achevant ma vengeance, Je puis convaincre enfin sa haine d'impuissance. [Racine, ib. III, 3] Rigoureuse fortune, achève ton courroux. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Le dessein en est pris, je le veux achever. [Racine, Andromaque] Vérité que j'implore, achève de descendre. [Racine, Esther] Ma vengeance s'étonne et craint d'être achevée. [Quinault, Agripp. V, 2] On croit faire grâce à des malheureux quand on n'achève pas de les opprimer. [Fléchier, Oraisons funèbres] Ah ! Madame, empêchez qu'on n'achève le crime. [Voltaire, La méroppe française] Il vit pour achever le malheur de Zamore. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] J'ai tout Calot hormis une seule estampe, qui n'est pas, à la vérité, de ses bons ouvrages ; au contraire, c'est une des moindres, mais qui achèverait Calot. [La Bruyère, 43]
  • 3 Absolument. Parle, achève, ô mon Dieu ! Ce sont là de tes coups. [Voltaire, Zaïre] Heureux si sa fureur, qui me prive de toi, Se fait bientôt connaître en achevant sur moi ! [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes]
  • 4Venir au terme de. Oedipe en achevant sa triste destinée. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Hécube près d'Ulysse acheva sa misère. [Racine, Andromaque] J'aurais loin de Jocaste achevé mon destin. [Voltaire, Œdipe] Qu'il m'aime ou me haïsse, il est temps d'achever Des jours que sans horreur je ne puis conserver. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] Il est certain que la lune n'achève par jour que cinq cent quarante mille lieues. [La Bruyère, 16]
  • 5Porter le dernier coup, le coup mortel à quelqu'un qui est déjà blessé. Et nos soldats trahis ne l'ont pas achevé ! [Corneille, Horace] Il faut donc l'achever [la raison]. [Pascal, édit. Cousin.]
  • 6Figurément et familièrement, consommer la ruine, le désappointement, les contrariétés de quelqu'un. Notre maison de Paris m'assomme, et Livry m'achève. [Sévigné, 34] Vienne encore un procès, et je suis achevé. [Corneille, Le menteur] Souvent, pour m'achever, il survient une pluie. [Boileau, Satires] On dit de même : il ne lui manquait plus que cela pour l'achever.
  • 7 Terme de manége. Achever un cheval, le dresser entièrement.

    S'ACHEVER, vpron Devenir achevé, terminé. Sa vie s'achevait en paix. Cet hymen m'est fatal, je le crains et souhaite ; Et je meurs s'il s'achève ou ne s'achève pas. [Corneille, Le Cid] Pour briser en vainqueur cet hymen s'il s'achève. [Corneille, Sertorius] Dès qu'elle [la trêve] a commencé, faut-il qu'elle s'achève ? [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] Ou plutôt leur hymen me servira de loi ; S'il s'achève, il suffit.... [Racine, Iphigénie en Aulide] Notre paix qui s'achève Rompt de tous nos soldats le repos et la trêve. [Mairet, Asdr. IV, 4] Cet horrible attentat ne s'achèvera pas. [Voltaire, Tancrède] Que ce rêve est brillant ! mais hélas ! c'est un rêve. Il commençait alors ; maintenant il s'achève. [Lamartine, Méditations poétiques] Il n'y a point au monde un si pénible métier que celui de se faire un grand nom : la vie s'achève que l'on a à peine ébauché son ouvrage. [La Bruyère, 2]

SYNONYME

ACHEVER, TERMINER, FINIR. Faire en sorte qu'une chose soit faite et non plus à faire, et qu'un arrêt y soit mis. Achever c'est, il est vrai, mener à terme, mais avec idée que la chose menée à terme est parfaite et accomplie. Terminer, c'est simplement y mettre un terme, qu'elle soit parfaite ou non, complète ou non, finie ou non. Finir, c'est non-seulement la terminer, mais la mener jusqu'au bout ; seulement elle peut n'être pas achevée, c'est-à-dire n'avoir pas reçu toute la perfection qu'elle comporterait. Mon livre est terminé ; des circonstances m'ont obligé de n'y pas donner tout le développement que j'avais conçu. Mon livre est fini, mais j'ai besoin de le corriger. Mon livre est achevé, je l'imprime. Comme on le voit par ces exemples, il y aura beaucoup de cas où il importera peu de prendre un de ces termes pour l'autre.

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8 vi Achever, prendre fin (emploi vieilli). Si le quatrième [acte] peut commencer chez cette princesse, il n'y peut achever. [Corneille, 3e discours.]

REMARQUE

Pour l'achever de peindre, locution familière qui signifie pour mettre le comble à sa mésaventure, à son désappointement. C'est une phrase toute faite, contre laquelle J. J. Rousseau a péché, disant : " Jugez, madame, comme me voilà joli garçon : et pour achever de me peindre..., Lett. à Mme de Warens, 23 octobre 1737. " Il fallait : pour m'achever de peindre. Cette locution est déjà dans Rabelais, comme on peut voir à l'historique.

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