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attendre

vt (a-tan-dr'), j'attends, tu attends, il attend, nous attendons ; j'attendais ; j'attendis ; j'attendrai ; j'attendrais ; que j'attende ; que j'attendisse ; attendant ; attendu
  • 1Demeurer pour la venue de quelqu'un ou de quelque chose. Qu'attendez-vous pour vous sauver ? L'armée attend impatiemment son général. Le vaisseau attend un vent favorable. Attendre les bêtes à la chasse. Attendre l'arrivée d'une lettre. Il attendait le beau temps. J'attends votre commodité. Mais attendons la fin. [La Fontaine, Fables] Il n'attend qu'un prétexte à s'éloigner de lui. [Racine, Andromaque] L'ingrat qui ne m'attend que pour m'abandonner. [Racine, Iphigénie en Aulide] La bonté de Dieu nous attend à repentance. [Bossuet, Asc. 3] Ne vous a-t-il pas attendu assez longtemps à pénitence ? [Massillon, Rech.] On attend tous les jours que M. de Luxembourg batte les ennemis. [Sévigné, 300] [Elle] Attend l'ordre d'un père à choisir un époux. [Corneille, Le Cid] Qu'attendez-vous à vous soumettre ? [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Qu'attendez-vous, chrétiens, à vous convertir, et pourquoi désespérez-vous de votre salut ? [Bossuet, Oraisons funèbres] Sur cette terre déserte Qu'attends-tu ? je n'y suis pas ! [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

    Familièrement et par ironie. Attendez-moi sous l'orme, se dit d'un rendez-vous où l'on n'a pas dessein d'aller, d'une chose que l'on ne veut pas faire. Attendez-moi sous l'orme ; Vous m'attendrez longtemps. [Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 22]

    Faire attendre une chose à quelqu'un, la lui retenir, différer de la lui donner. Une circonstance essentielle à la justice que l'on doit aux autres, c'est de la faire promptement et sans différer ; la faire attendre, c'est injustice. [La Bruyère, 12] De ces Égyptiens qui la mirent ici, Trufaldin qui la garde est en quelque souci, Et trouvant son argent qu'ils lui font trop attendre, Je sais bien qu'il serait très ravi de la vendre. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

  • 2Compter sur, espérer ; quelquefois, craindre. On ne pouvait attendre aucun secours du sénat. N'attendre son salut que de sa valeur. Je n'attends rien que de moi-même. On attend beaucoup de vous. Ce service, monseigneur, n'est pas le seul qu'on attend de vous. [Bossuet, Oraisons funèbres] S'il nous ouvre aujourd'hui le sein de l'enfer, c'est pour nous y montrer un réprouvé que nous n'y attendions point. [Massillon, Car. Mauvais riche.] Concurrent malheureux à cette place insigne, Votre orgueil l'attendait ; mais en étiez-vous digne ? [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée] Quels honneurs dans sa cour, quel rang pourrais-je attendre ? [Racine, Britannicus] Les apôtres attendaient que leur maître délivrerait Israël du joug des nations, et qu'il les ferait asseoir eux-mêmes sur douze trônes terrestres. [Massillon, Car. Fausse confiance.] N'attendez-pas que je recueille ici toutes ses actions dont une partie est presque incroyable. [Fléchier, Panég. II, p. 366] N'attendez pas ici que j'éclate en injures. [Racine, Bérénice] Attendez tout aussi de ma reconnaissance. [Corneille, Sertorius] Elle qui de vous seul attend son diadème. [Corneille, La mort de Pompée] Les Juifs n'attendent rien d'un méchant tel que toi. [Racine, Esther] Dans un âge si tendre Quel éclaircissement en pouvez-vous attendre ? [Racine, Athalie] Attendant tout de sa bonté pour les malheureux. [Massillon, Prière.] Il n'y a rien à attendre de la tradition des saints. [Bossuet, 3e écrit.]

    Attendre de, suivi d'un infinitif, espérer, se promettre. N'attendez pas de le trouver sans imperfection. [Fénelon, Télémaque] Cher amant, n'attends plus d'être un jour mon époux. [Corneille, Horace]

  • 3Attendre quelqu'un à.... attendre qu'il s'engage dans une difficulté dont on pense qu'il ne se tirera pas. Il est vrai, cette somme lui est due ; mais je l'attends à cette petite formalité ; s'il l'oublie, il n'y revient plus et il perd sa somme. [La Bruyère, 14] Il ne faut plus qu'un pas, mais c'est où je l'attends. [Racine, Bajazet] Ne vous mettez pas en peine, j'ai des remèdes qui se moquent de tout, et je l'attends à l'agonie. [Molière, Le médecin malgré lui] Les comédiens m'ont dit qu'ils l'attendaient sur la réponse. [Molière, L'impromptu de Versailles]
  • 4Attendre de, différer. Si vous attendez de vous convertir à la mort, vous mourrez dans votre péché. [Massillon, Car. Impénit.] Ils attendent de n'être plus propres au monde pour être propres au royaume de Dieu. [Massillon, Étienne.] Pour juger de ce qu'il est, attendez de savoir ce qu'il a fait. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]
  • 5Être réservé à, menacer. Les indignes traitements qui attendent les vaincus. Est-ce donc là ce qui vous attend ? De nouveaux outrages vous attendaient dans votre gloire. [Massillon, Indig.]
  • 6 Fig. Un coup n'attendait pas l'autre, les coups se succédaient sans interruption. La valeur n'attend pas le nombre des années. [Corneille, Le Cid]
  • 7Attendre un cheval, en retarder l'éducation jusqu'à ce qu'il ait acquis de la force.

    Attendre du vin, attendre qu'il soit à point. Attendre des fruits, attendre qu'ils soient mûrs.

  • 8 vi Attendez ici un moment. J'attendis longtemps sans rien voir venir. Pour ne pas attendre et pour arriver justement en ce temps-là. [Voiture, Lettres] Espérer, attendre, c'est vivre ? Que sert de compter et de suivre Des jours qui n'apportent plus rien ? [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

    Faire attendre quelqu'un, le retarder, lui faire perdre son temps. Il fait attendre ses créanciers. Préparez tout, je ne ferai pas attendre.

    Se faire attendre, tarder à venir, au propre et au figuré. Il ne se fit pas attendre. Ses bienfaits ne se feront pas attendre.

  • 9Attendre à, différer jusqu'à. Il attend à la belle saison, au printemps. Faudra-t-il sur sa gloire attendre à m'exercer Que ma tremblante voix commence à se glacer ? [Boileau, Epîtres] Il y a des hommes qui attendent à être dévots que tout le monde se déclare impie ou libertin. [La Bruyère, 16] César résolut d'attendre à se déterminer, qu'il fût sûr du parti qu'embrasseraient Lépidus et Plancus. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] On attend à se convertir à l'heure de la mort. [Fléchier, Sermons de morale] Gardez-les pour son père [les cendres de Pisistrate], mais attendez à les lui donner quand il aura assez de force pour les demander. [Fénelon, Télémaque] À me chercher lui-même attendrait-il si tard ? [Racine, Bajazet] Le feu demeure caché dans les veines des cailloux, et il y attend à éclater jusqu'à ce que le choc d'un autre corps l'excite. [Fénelon, Traité de l'existence de Dieu] Il n'attendit pas à la mort à consacrer à Jésus-Christ une partie de ses richesses. [Fléchier, Oraisons funèbres]
  • 10Attendre après, avoir besoin d'une personne, d'une chose. Apporte-lui ce livre ; il attend après. Ce n'est pas avoir du respect pour le ministre que de le faire attendre après vous. [Bossuet, Ord.]
  • 11En attendant, loc. adv. Jusqu'à tel moment. En attendant il s'est reposé.

    En attendant que, loc. conjonct. Jusqu'à ce que. En attendant qu'il vienne. Les poëtes disent quelquefois attendant que. Il satisfera, sire, et vienne qui voudra, Attendant qu'il l'ait su, voici qui répondra. [Corneille, Le Cid] Le sort de nos guerriers réglera notre sort ; Cependant tout est libre attendant qu'on le nomme. [Corneille, Horace]

    S'ATTENDRE, v. réfl.

  • 12Différer jusqu'à ce qu'on soit réuni. Nous nous sommes attendus, et nous sommes partis ensemble.
  • 13Compter sur, espérer ou craindre. Tous s'attendent à retourner dans leur patrie. Attends-toi à essuyer des contrariétés sans nombre. Il s'attend bien à ce qui doit arriver. Plutôt qu'on ne s'y attendait. Au moment qu'ils s'y attendaient le moins. L'erreur la plus pernicieuse est de nous attendre que Dieu nous attendra. [Bourdaloue, Carême, II, Grâce, 243] Je sais ce qu'il faut croire de ce pays-là ; je ne m'attends pas du tout à m'y amuser. [Staël, Corinne, ou l'Italie] Ils ne s'attendaient pas, lorsqu'ils me virent naître, Qu'un jour Domitius dût me parler en maître. [Racine, Britannicus]

    S'attendre à quelqu'un, compter sur quelqu'un. Ne t'attends qu'à toi seul : c'est un commun proverbe. [La Fontaine, Fables] Toi donc, qui que tu sois, ô père de famille, T'attendre aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est erreur. [La Fontaine, ib. XI, 3] Après ce coup, Narcisse, à qui dois-je m'attendre ? [Racine, Britannicus]

    Avec la préposition de et un infinitif. Cassius s'était bien attendu de trouver une opposition générale à sa proposition, de la part des grands de Rome. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] On lui donne une pompe funèbre où l'on s'attendait de lui dresser un triomphe. [Fléchier, Oraisons funèbres] Ulysse en fit autant : On ne s'attendait guère De voir Ulysse en cette affaire. [La Fontaine, Fables] Mes transports aujourd'hui s'attendaient d'éclater. [Racine, Bérénice]

    Des grammairiens ont prétendu que ce vers de Racine était fautif et que la faute avait été commandée par la nécessité d'éviter l'hiatus ; mais on voit par les exemples que la préposition de était alors aussi usitée dans ce sens que à, et que, aujourd'hui, parler ainsi, ce serait non pas pécher contre la grammaire, mais user d'une tournure dont on peut dire seulement qu'elle est présentement moins usitée.

PROVERBES

On l'attend comme les moines font l'abbé ; c'est-à-dire en se mettant à table et commençant toujours à dîner.

Il ennuie à qui attend.

Tout vient à point à qui sait attendre, c'est-à-dire avec de la patience on finit par trouver une occasion favorable.

Vous ne perdrez rien pour attendre ; le retard sera un avantage, ou, dans un sens contraire, vous recevrez le châtiment qui vous est dû.

Il faut attendre le boiteux [le messager] ; c'est-à-dire, pour être sûr d'une nouvelle, il faut en avoir la confirmation.

Qui s'attend à l'écuelle d'autrui a souvent mal dîné, c'est-à-dire il ne faut pas compter sur autrui.

REMARQUE

1. S'attendre que régit l'indicatif quand le sens est affirmatif : Je m'attends qu'il viendra. Il régit le subjonctif quand le sens est négatif : Ne vous attendez pas que je le fasse.

2. S'attendre, avec le sens d'espérer, compter, serait inintelligible si on ne connaissait pas à attendre un autre sens que celui qu'il a aujourd'hui. Ce verbe signifiait aussi faire attention, ce qui en est le sens propre. S'attendre, c'est donc s'appliquer à, tendre son esprit à, et de là la signification dérivée dont il s'agit.

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ATTENDRE. - REM. Ajoutez :

3. Dans s'attendre, au sens d'espérer, de compter, le participe passé aux temps composés s'accorde : elle s'est attendue, ils se sont attendus, elles se sont attendues à ce qui devait arriver. S'attendre est tendre soi à, d'où espérer, compter. Cette analyse montre que le participe doit s'accorder.

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