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beaucoup

nm (bô-kou ; le p peut se lier, et il se lie toujours dans le parler soutenu, devant une voyelle : beaucoup en disent du bien. bô-cou-p en disent du bien) pris toujours sans article.
  • 1Proprement un beau coup, c'est-à-dire une belle quantité, une grande ou belle chose, un grand nombre. C'eût été beaucoup d'avoir mérité son estime. Celui qui possède beaucoup. Homme qui sait beaucoup. Beaucoup de sang répandu. Beaucoup de gens. Il a beaucoup d'autorité sur moi. Joindre beaucoup d'honneur à bien peu de rudesse. [Corneille, Nicomède] C'était beaucoup pour moi, ce n'était rien pour vous. [Racine, Britannicus] On lui promit beaucoup, c'est tout ce que j'ai su. [Racine, Esther] Il comptait pour beaucoup de l'avoir auprès de lui. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] N'eût [Il] voulu pour beaucoup en être soulagé. [La Fontaine, Fables] Toutes vos lettres me font plaisir et beaucoup, mais non pas toutes autant que la dernière. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    C'est beaucoup, c'est faire beaucoup, se dit quelquefois par ironie, pour à peine, à grand' peine. C'est beaucoup qu'il daigne vous parler. C'est beaucoup s'il vous regarde. C'est faire beaucoup que de réussir à lui plaire.

    À beaucoup près, locution par inversion qui est pour près à beaucoup, c'est-à-dire s'en manquant beaucoup pour être près, et qui signifie : avec une grande différence, avec une grande distance ; en plus si la phrase est affirmative, en moins si elle est négative. Il n'est pas, à beaucoup près, aussi riche qu'on le dit. Je suis son aîné, à beaucoup près.

    De beaucoup, en quantité notable. Son dernier état deviendra de beaucoup pire que le premier. [Massillon, Inconst.]

    Il s'en faut de beaucoup exprime une différence de quantité. Il s'en faut de beaucoup que vous ne m'ayez payé tout ce que vous me devez. Le pays n'est pas peuplé à proportion de son étendue, il s'en faut de beaucoup. [Voltaire, Hist. de Russ. I, 2]

    Il s'en faut beaucoup, exprime une différence de qualité. Il s'en faut beaucoup qu'il soit aussi sage que son frère. Il s'en faut beaucoup que cette étoffe soit aussi bonne que l'autre. Il s'en fallait beaucoup, avant Pierre le Grand, que la Russie fût aussi puissante. [Voltaire, Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand] L'auteur n'est pas l'ami du comte Lally, il s'en faut beaucoup. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Il s'en faut beaucoup que nos commerçants nous donnent l'idée de cette vertu dont nous parlent nos missionnaires ; on peut les consulter sur les brigandages des mandarins. [Montesquieu, L'esprit des lois] Il s'en faut beaucoup que Don Garcie soit une pièce indigne d'estime. [Auger, édit. de Mol.]

  • 2Plusieurs. Beaucoup d'entre eux. Beaucoup en ont parlé, mais peu l'ont bien connue. [Voltaire, La Henriade]
  • 3Avec l'art. le. Le beaucoup. Séparer le peu d'avec le beaucoup. [Bayle, Dict. hist. Chrys. Rem. O.]
  • 4Pris adverbialement. Grandement. Il ne parlait pas beaucoup. Je l'aime beaucoup. Je m'appliquais beaucoup à l'étude. Chemin beaucoup plus facile. J'aimerais beaucoup mieux. Je vous suis beaucoup obligé. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Leur savoir à la France est beaucoup nécessaire. [Molière, Les femmes savantes]

REMARQUE

1. L'usage ne permet guère qu'on joigne point à beaucoup ; et c'est pécher que de dire : je n'en ai point beaucoup ; dites : je n'en ai pas beaucoup.

2. Beaucoup employé pour plusieurs doit être le sujet du verbe : beaucoup s'en plaignaient. Ou bien, s'il est régime, il doit être précédé de en : j'en connais beaucoup qui prétendent....

3. Quand beaucoup se joint à un comparatif, si on le met après l'adjectif, il faut intercaler de avant beaucoup : il est beaucoup plus diligent que son frère ; ou il est plus diligent de beaucoup que son frère.

4. Beaucoup, suivi de la préposition de, veut que le substantif qui suit n'ait point d'article : il a beaucoup d'instruction, et non de l'instruction ; il fait beaucoup de fautes, et non des fautes.

5. Beaucoup, d'après sa formation, est un substantif employé comme nom de quantité, quand il est sujet de verbe ou complément, puisqu'il n'y a que les noms qui puissent remplir cette fonction ; et employé comme adverbe quand il modifie un verbe ou un adjectif.

+

BEAUCOUP. - REM. Ajoutez :

6. Au XIVe siècle on a dit grant cop : un grant boais [bois] où il y a grant cop des larrons, Rev. critique, 5e année, 2e sem. p. 386.

7° Beaucoup pour beaucoup de gens a été employé par Corneille : Saint Polyeucte est un martyr dont, s'il m'est permis de parler ainsi, beaucoup ont plutôt appris le nom à la comédie qu'à l'église, Abrégé du mart. de S. Poly. Vaugelas dit que beaucoup ne doit pas être ainsi employé seul ; malgré cet arrêt, la tournure condamnée, qui est commode, est restée en usage.

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