bienheureux, euse

• 1Qui a la félicité, le bonheur. Je le trouve bienheureux de vous avoir vue. [Sévigné, 15] Ô bienheureux mille fois L'enfant que le Seigneur aime. [Racine, Cant.] Allez, et soyez ce bienheureux époux. [Racine, Mithridate] Ô ciel ! je serais ce bienheureux coupable ! [Racine, ib. II, 6]

  Il se dit des choses. Ce bienheureux moment n'est pas encor venu. [Corneille, Polyeucte] Et ce soin bienheureux n'a rien qui vous déplaise. [Corneille, Agésilas] Du don qu'il me fait Voudrez-vous retarder le bienheureux effet ? [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Et je croyais toucher au bienheureux moment. [Racine, Bajazet] Dans la solitude de Ste-Fare, autant éloignée des voies du siècle que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde. [Bossuet, Oraisons funèbres]

• 2Dans le style religieux, qui jouit de la béatitude éternelle. On les eût pris pour ces enfants du ciel, pour ces esprits bienheureux, dont la nature est de s'aimer. [Bernardin de Saint-pierre, Paul et Virginie]

  Par extension. Du séjour bienheureux de la divinité Je descends dans ce lieu par la grâce habité. [Racine, Esther]

  Substantivement, ceux qui sont admis à jouir de la béatitude éternelle, et, en particulier, ceux que l'Église, par un acte solennel qui précède la canonisation, reconnaît et déclare avoir été admis à jouir de la béatitude éternelle. Celui qui obtient les honneurs de la béatification porte le titre de Bienheureux.

  Familièrement. Avoir l'air d'un bienheureux, avoir l'air vénérable, recueilli ; et aussi avoir une figure joyeuse, épanouie. Se réjouir comme un bienheureux, se livrer à la joie, aux divertissements.