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bouche

nf (bou-ch')
  • 1Cavité située à la face et par où les aliments sont introduits dans le corps. Mettre à quelqu'un les morceaux à la bouche. Emplir la bouche. Porter une coupe à sa bouche. Une bouche fendue jusqu'aux oreilles. Ouvrir la bouche. La bouche ouverte. Bouche amère. Bouche sèche. David reproche aux païens des dieux qui ont une bouche et n'ont point de parole. [Fontenelle, Histoire des oracles] La bouche pleine, osez-vous bien Chanter l'amour qui vit de rien ? [Béranger, Chansons]

    Faire venir l'eau à la bouche, se dit d'un aliment appétissant, qui en effet fait venir la salive à la bouche ; et, au figuré, de toute espérance qui nous flatte. L'eau leur vient à la bouche. [La Fontaine, Vill.]

    Bonne bouche, saveur agréable dans la bouche. Cela fait ou donne bonne bouche. Laisser quelqu'un sur la bonne bouche, le laisser sur quelque chose de bon ou d'agréable. Vous n'en tâterez plus et je vous laisse sur la bonne bouche. [Molière, George Dandin]

    Garder pour la bonne bouche ou pour faire bonne bouche, réserver pour la fin ce qu'on croit être le meilleur ou le plus agréable. Cela est ainsi dit à cause des douceurs que l'on met sur la table au dessert.

    Avoir mauvaise bouche, avoir un mauvais goût dans la bouche. L'excès de la boisson donne mauvaise bouche.

    Au figuré, demeurer sur la mauvaise bouche, rester avec un échec, un affront, etc. L'empereur [d'Autriche], fort embarrassé des avantages que les Turcs avaient remportés, ne voulait point de paix sur la mauvaise bouche. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] M. le duc d'Orléans ne voulait pas demeurer sur sa mauvaise bouche d'Italie, et voyait peu d'apparence d'y faire rentrer son armée. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Flux de bouche, abondance inaccoutumée de salive ; et figurément, bavardage ; on dit présentement d'ordinaire flux de paroles.

    Familièrement. Manger de la viande de broc en bouche, aussitôt qu'on l'a tirée de la broche.

  • 2Partie extérieure de la bouche, les coins et les lèvres. Il avait le sourire sur la bouche. Une bouche pincée, une bouche à lèvres minces et qui se tient fermée.

    Faire la petite bouche, serrer les lèvres pour paraître avoir une petite bouche ; et, figurément, faire le difficile, le dédaigneux. Faire ici de la petite bouche Ne sert de rien. [La Fontaine, Cal.] Les Pontchartrain ne firent pas la petite bouche de l'honneur qu'ils recevaient. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Fig. Faire la bouche en coeur, faire des minauderies, affecter des manières doucereuses.

  • 3La bouche considérée comme organe de la parole. Parole bien digne de sortir de la bouche d'un si grand homme. Je le tiens de sa propre bouche. Dire tout ce qui vient à la bouche. Le front, les yeux mentent souvent, et la bouche plus souvent encore. La menace à la bouche. Dire quelque chose de bouche, non de coeur. Exercé dans la philosophie grecque qu'il ne professait que de bouche. Ouvrir la bouche, parler. Ne pas ouvrir la bouche. Il n'en a pas ouvert la bouche, il n'en a pas parlé. Être dans la bouche de tout le monde, dans toutes les bouches. Ces mots sont, cette parole est dans la bouche de tout le monde. Dire quelque chose de bouche, le dire de vive voix, par opposition à par écrit. De votre bouche, ô ciel ! puis-je l'apprendre ? [Racine, Britannicus] Jamais rien de plus vrai n'est sorti de ma bouche. [Racine, Iphigénie en Aulide] Même le nom d'Esther est sorti de sa bouche. [Racine, Esther] Nous fûmes étonnés de la sagesse qui parlait par sa bouche. [Fénelon, Télémaque] La sentence fut prononcée par la bouche du prophète Élie. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] La bouche obéit mal lorsque le coeur murmure. [Voltaire, Tancrède] Laissez parler, seigneur, des bouches plus timides. [Racine, Iphigénie en Aulide] Des satisfactions si sensibles, que je ne te les pourrai dire de bouche. [Pascal, Lettres] Vous pourrez vous concerter avec lui de bouche. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] Que sais-je si le coeur a parlé par la bouche ? [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Vous vous condamnez par votre propre bouche. [Massillon, Laz.] Que mon coeur démentait ma bouche à tout moment. [Racine, Andromaque] Mais d'en ouvrir la bouche elle n'osa. [La Fontaine, Court.] Dès qu'il ouvrit la bouche. [Sévigné, 445] Les rois n'osent ouvrir la bouche devant lui. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Alexandre vit dans la bouche de tous les hommes, sans que sa gloire soit effacée ou diminuée depuis tant de siècles. [Bossuet, Oraisons funèbres] On me ferme la bouche. [Racine, Iphigénie en Aulide] Ah ! l'on s'efforce en vain de me fermer la bouche. [Racine, Britannicus] Cela ferme la bouche. [Sévigné, 320] Vous fermerez la bouche à tous ceux qui défendront la vérité. [Pascal, Les provinciales] Il a trouvé le secret de vous fermer la bouche. [Pascal, Les provinciales] Elle avait de quoi fermer la bouche aux médisants. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Cela ferme la bouche à tout. [Molière, L'avare] Il ferma la bouche aux semi-pélagiens. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] C'était leur fermer la bouche par l'autorité du souverain. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Voilà une réponse qui ferme la bouche. [Bossuet, Avert. 6]

    Elliptiquement. Bouche close, bouche cousue, c'est-à-dire gardez le silence sur ce point. Adieu ! bouche cousue, au moins ! Gardez bien le secret, que le mari ne le sache pas ! [Molière, George Dandin]

    Avoir souvent un mot à la bouche, le répéter sans cesse. Nous avons sans cesse la paix à la bouche. [Bossuet, Trin. 2] Pourquoi a-t-il toujours à la bouche qu'il faut mourir ? [Bossuet, Pâq. 1] La parole de Dieu que nous avons toujours à la bouche. [Bossuet, Démons, 2] On a sans cesse l'État dans la bouche. [Massillon, Obst.] Avoir toujours en bouche angles, lignes, fossés. [Corneille, Le menteur] Le blasphème à la bouche. [Corneille, Polyeucte] Nous n'avons en la bouche Que le nom de Marie et le nom de Louis. [Malherbe, VI, 6]

    Aller, passer, voler de bouche en bouche, circuler rapidement dans le public, devenir célèbre. Ces mots : guerre aux tyrans, volent de bouche en bouche. [Delavigne, Les vêpres siciliennes]

    Familièrement. Être fort en bouche, parler avec hardiesse et même insolence.

    Avoir la bouche pleine d'une chose, en parler avec emphase.

    La déesse aux cent bouches, la Renommée. Le monstre composé de bouches et d'oreilles [la Renommée]. [Boileau, Le lutrin]

    Dans sa bouche, dans leur bouche, selon lui, selon eux. Le Tartuffe, dans leur bouche, est une pièce qui offense la piété. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    Ouvrir la bouche à quelqu'un, le faire parler. Le vôtre [intérêt] toutefois m'ouvrira seul la bouche. [Corneille, Nicomède]

    Le pape ouvre la bouche aux cardinaux nouvellement créés, se dit de la cérémonie que le pape fait pour autoriser les cardinaux à parler dans les consistoires.

    Par extension, bouche se dit des discours ou des écrits. Le Saint-Esprit l'explique par la bouche de saint Paul. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Les principes que l'antiquité nous a enseignés par la bouche de saint Augustin. [Bossuet, Réfut.]

    Avoir le coeur sur la bouche, parler comme on pense. Mais moi qui suis sensible à tout ce qui vous touche, Qui, mauvais courtisan, ai le coeur sur la bouche. [Rotrou, Antigone]

    Fig. À pleine bouche, ouvertement. Saint Clément expliquait à pleine bouche leur apathie. [Bossuet, Nouv. myst. 17] Jésus-Christ s'est expliqué à pleine bouche. [Bossuet, Inst. 1]

  • 4La bouche considérée comme recevant les aliments. Provisions, munitions de bouche. Le moyen le plus convenable est de les mener [les enfants] par leur bouche. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Friande assez pour la bouche d'un roi. [La Fontaine, Rem.]

    Prendre sur la bouche, se retrancher de la nourriture par économie.

    Être sur sa bouche, être gourmand.

    Être sujet à sa bouche, même sens. ....Ma compagne de couche Fut, comme son papa, fort sujette à sa bouche. [Scarron, Dom Japhet d'Arménie]

    S'ôter les morceaux de la bouche, se priver de manger suffisamment, et, plus généralement, se priver du nécessaire. Il s'ôte les morceaux de la bouche pour faire une petite pension à sa vieille mère.

    Les officiers, le service de la bouche ou, simplement, la bouche, les gens préposés au service de la table du roi. Servez, disais-je, à messieurs de la bouche, Versez, versez, messieurs du gobelet. [Béranger, Damoclès.]

    Avoir bouche à cour ou en cour, avoir droit de manger à quelqu'une des tables chez le roi. Il fallut établir des tables [à Marly] comme à Versailles, pour le bas étage de ce qui y avait bouche à cour. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Familièrement. Traiter quelqu'un à bouche que veux-tu, lui faire faire excellente chère ; et fig. Être à bouche que veux-tu, avoir tout en abondance.

    Fig. Gourmand ou plutôt gourmet. Fine bouche. C'est une fine bouche.

    Personne à nourrir. On fit sortir de la place assiégée toutes les bouches inutiles.

  • 5En parlant du cheval, on dit la bouche. La bouche est l'ensemble des parties sur lesquelles agit le mors. Bonne bouche ou belle bouche, celle qui reçoit du mors une impression modérée ; bouche sensible ou tendre, celle qui souffre trop de l'action du mors ; bouche égarée, celle qui présente ce défaut porté à l'extrême ; bouche dure ou forte, celle qui résiste à la main du cavalier ; bouche fraîche, celle qui écume lorsque l'animal est bridé. Bouche à pleine main, se dit d'un cheval qui a l'appui ferme sans peser, sans battre à la main. Bouche en action, se dit d'un cheval qui mâche son mors. Assurer la bouche d'un cheval, l'accoutumer à souffrir le mors.

    Ce cheval est fort en bouche, il n'obéit point au mors. Il n'a ni bouche ni éperon, il est fort en bouche et dur à l'éperon. Tout ainsi qu'un cheval qui a la bouche forte. [Régnier, Satires]

    Fig. et familièrement. N'avoir ni bouche ni éperon, être stupide et insensible. Bocchoris était comme un beau cheval qui n'a point de bouche, son courage le poussait au hasard, et la sagesse ne modérait point sa valeur. [Fénelon, Télémaque]

    On dit de même la bouche d'un âne, d'un mulet, d'un chameau, d'un éléphant.

    En histoire naturelle, bouche se dit, chez tous les animaux, de l'ouverture par où les aliments sont introduits, excepté chez ceux où elle a la forme de bec.uverture. La bouche d'un volcan, d'un four, d'un canon. Bouche à feu, un canon, un mortier, un obusier, etc. Bouche de chaleur, ouverture pratiquée sur les côtés d'une cheminée, d'un poêle ou d'un mur, et qui sert à faire passer dans les appartements la chaleur d'une cheminée, d'un poêle ou d'un calorifère.

  • 6Embouchure d'un fleuve. Les bouches du Nil. Je [le Gange] me rends par plusieurs bouches dans le sein des mers. [Fénelon, XIX, 82] Jusqu'aux bouches du Tibre un vaisseau m'a conduit. [Chénier M. J. Tibère, I, 1] Vers la bouche du fleuve ils ont osé paraître. [Corneille, Le Cid]
  • 7En physiologie, bouches veineuses, bouches absorbantes, orifices qu'à l'époque où l'on ne connaissait pas encore la propriété physique d'endosmose, on avait supposées dans les membranes pour expliquer l'absorption des liquides mis en contact avec ces membranes.
  • 8 Terme de géologie. Bouche d'Éole, ouverture dans les montagnes, d'où sortent des vents très froids.
  • 9 Terme de féodalité. Un vassal doit la bouche et les mains à son seigneur, c'est-à-dire, avec l'aveu de soumission, il met ses mains dans celles du seigneur.
  • 10 Terme de musique. Ouverture horizontale du bas d'un tuyau d'orgue.
  • 11 Terme de boulangerie. Tirer à la bouche, attirer la braise vers la bouche du four. Bouche de pain, la croûte de dessus.
  • 12 Terme de marine. Bouche ou bosson, rondeur des baux et tillacs, et de tout ce qui n'est ni plat ni uni.

PROVERBES

C'est saint Jean bouche d'or, un saint Jean bouche d'or, c'est-à-dire, c'est un homme beau parleur et qui fait de belles promesses, et aussi c'est un homme qui dit toujours sa pensée avec franchise, par souvenir de saint Jean Chrysostome ou Bouche d'or.

Il dit cela de bouche, mais le coeur n'y touche ; il parle contre sa pensée.

Il arrive beaucoup de choses entre la bouche et le verre, c'est-à-dire il ne faut qu'un moment pour faire manquer une affaire par quelque accident imprévu.

Gouverne ta bouche selon ta bourse, c'est-à-dire ne fais pas pour ta table, et en général pour quoi que ce soit, plus de dépenses que ta fortune ne permet.

REMARQUE

Des grammairiens ont condamné cette locution : il n'a que de mauvaises paroles en bouche, assurant qu'il faut dire : à la bouche. Le fait est que cette dernière façon de parler est aujourd'hui la plus usitée ; mais l'autre n'est condamnable ni quant à la grammaire (car la préposition en est ici aussi bonne que la préposition à) ni quant à l'usage (car on peut voir que de bons auteurs s'en sont servis).

SYNONYME

BOUCHE, GUEULE. C'est en parlant des animaux qu'il y a quelque difficulté à distinguer ces deux mots. L'usage veut qu'on dise la bouche d'un cheval, d'un âne, d'un mulet, d'un chameau, d'un boeuf, et en général des animaux que l'on monte ou que l'on attelle ; mais on dira la gueule d'un chien, d'un chat, du moins dans le langage ordinaire ; car le mot bouche pourra être employé toutes les fois qu'on se rapprochera du langage de l'histoire naturelle qui, elle, ne se sert pas du mot gueule : le lion montrait une gueule menaçante ; mais on pourra dire : la bouche du lion est garnie de dents incisives.

+

BOUCHE.
3Ajoutez :

À demi-bouche, en s'exprimant avec réserve. Les gens de bien qui voyaient les violences de M. le premier président en conçurent de grandes amertumes, et néanmoins, comme il est tout puissant en toute la Normandie, n'osaient parler de son procédé qu'à demi-bouche. [Fr. Garasse, Mémoires, publiés par Ch. Nisard, Paris, 1861, p. 34]

14Bouche de lièvre, merellius cantarellus, champignon.

REMARQUE

Ajoutez :2. Molière a dit dans ma bouche pour : moi parlant : Enfin, ma chère, enfin, l'amour que j'eus pour lui Se voulut expliquer, mais sous le nom d'autrui ; Dans ma bouche, une nuit, cet amant trop aimable Crut rencontrer Lucile à ses voeux favorable. [Molière, Le dépit amoureux] On dirait aujourd'hui par ma bouche.

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