chambre
- 1Une pièce d'une maison, et principalement celle qui est affectée à l'usage particulier d'une personne, pour y coucher, travailler. Chambre à coucher, de parade, parquetée, carrelée, haute, basse, en galetas, à feu, vide. Meubles, robe, pot de chambre.
Et seule dans ma chambre enfermant mes regrets
. [Corneille, Polyeucte]De princes égorgés la chambre était remplie
. [Racine, Athalie]Chambre, pièce isolée qui se loue et qu'on dit par opposition à appartement, boutique, cabinet. Chambre meublée, garnie, à louer.
Travailler en chambre, se dit d'un ouvrier qui travaille chez lui sans avoir de boutique.
Garder la chambre, ne pas sortir de chez soi.
Je gardais la chambre
. [Bossuet, Lett. abb. 11]Il y a quatre jours qu'il fait un orage continuel ; toutes nos allées sont noyées ; nos charpentiers gardent la chambre
. [Sévigné, 85]Il a gardé plus de quinze jours sa chambre
. [Sévigné, 395]Un mal subit qui le force à garder le lit.... - Garder le lit, Basile ! il a bien fait d'envoyer ; je vais le voir à l'instant. - Quand je dis le lit, monsieur, c'est la chambre que j'entends
. [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]Valet de chambre, femme de chambre, homme, femme attachés au service personnel. Mettre à la chambre, faire valet de chambre, femme de chambre.
C'est une fille que j'ai mise à la chambre
. [Molière, La comtesse d'Escarbagnas]Familièrement, mettre une fille en chambre, louer un logement pour l'y retirer et l'entretenir.
Fig. et familièrement, mettre, tenir quelqu'un en chambre, l'obséder, le circonvenir pour le retenir au jeu et le duper, etc.
Pièce où un homme se livre à ses occupations de bureau ou d'esprit. Aujourd'hui on dit cabinet.
Soit que dans la chambre il médite
. [Malherbe, II, 3]Une haute capacité qu'ils doivent à la chambre et au loisir d'une mauvaise fortune
. [La Bruyère, XI]Chambre noire, pièce non éclairée, et aussi dans les monastères, pièce sombre pour mettre en pénitence, ou pour se recueillir dans la retraite.
Chambre, dans le sens d'étage, inusité aujourd'hui.
Ils [les savants] sont toujours logés à la troisième chambre, Vêtus au mois de juin comme au mois de décembre
. [La Fontaine, Fables]Terme d'ancienne législation. Chambre étoffée, meubles attribués à une femme après la mort de son mari.
- 2Musique de chambre, celle qui est faite pour être jouée dans les salons, à la différence de la musique d'église ou de théâtre qui doit être exécutée devant une assistance très nombreuse et déploie par conséquent des ressources bien plus étendues. La musique de chambre comprend les morceaux de chant à une, deux, trois ou quatre voix, avec ou sans accompagnement, et plus spécialement encore les morceaux de musique instrumentale où les parties ne sont pas doublées ; tels sont les duos, trios, quatuors, quintettes, etc. tandis que les symphonies et les concertos, avec accompagnement d'orchestre, où il y a de dix à vingt premiers violons, autant de seconds, autant de basses, etc. sont des pièces de concert et non de la musique de chambre. Avant l'invention de l'opéra, la musique se divisait en musique d'église ou sacrée et en musique de chambre. Il y avait encore celle qui servait à la danse, et l'on dansait généralement aux sons de chansons rhythmées que les Italiens appelaient ballate. Nous avions en France les chansons à danser ; celles-ci étaient des espèces de rondes avec un refrain que l'on répétait après chaque couplet. La musique de chambre se composait d'abord de madrigaux ou de chansons à 4, 5, 6 voix, quelquefois même davantage ; chaque partie était écrite ou imprimée sur de petits cahiers que l'on distribuait aux exécutants suivant le caractère de leurs voix ; les madrigaux et les chansons se chantaient souvent à la fin des repas. Plus tard, et avant que l'on écrivît de la musique uniquement destinée aux instruments, ceux-ci jouaient seuls les diverses parties destinées aux voix ou les doublaient, suivant leur diapason ; c'est pourquoi sur certains recueils de madrigaux imprimés en Italie au XVIe siècle on trouve ces paroles : da suonare e da cantare, pour jouer et pour chanter. Un peu avant le milieu du XVIIe siècle, la cantate fut inventée ; les cantates étaient des espèces de scènes détachées dans lesquelles se succédaient des récitatifs et des airs ; elles étaient écrites pour une voix avec une basse chiffrée ou non chiffrée, qui servait pour l'accompagnement du clavecin ; il y en avait aussi à deux voix. Les cantates de Porpora et d'Alexandre Scarlatti ont joui d'une grande célébrité ; celles de Clérambault ont eu de la vogue en France au commencement du XVIIIe siècle ; mais depuis longtemps ce genre de composition a cessé d'être en usage. Aujourd'hui on entend généralement par musique de chambre celle qui est exprimée par la définition mise en tête de l'article, Note de M. , FARRENC, sur l'histoire de la musique de chambre.
- 3La chambre, pris absolument, signifie la chambre du roi, et par extension, les officiers de la chambre. Huissier, musique de la chambre. La chambre est entrée.
Vous savez bien qui vous nommâtes à la place de Visconti ; ce fut un noble, un vicomte, un gentilhomme de la chambre
. [Courier, Lettres de France et d'Italie]Maître de chambre, premier officier de la maison du pape ou d'un cardinal.
- 4Dans les vaisseaux, certains espaces où couchent les principaux officiers, où se tient le conseil, etc. La chambre du capitaine. La chambre des passagers.
- 5Assemblée qui entre en partage de la puissance législative. Il y avait sous la monarchie constitutionnelle la chambre des pairs et la chambre des députés. Dans les états généraux, le clergé, la noblesse et le tiers état formaient trois chambres. Convoquer, dissoudre une chambre. Siéger à la chambre. Chambre des représentants. Chambre des seigneurs.
En Angleterre, chambre des communes ou chambre basse, assemblée des députés des comtés et des bourgs, qui représente la petite noblesse et le corps du peuple. Chambre haute ou chambre des pairs, assemblée des pairs anglais.
Chambre étoilée, en Angleterre, juridiction tirée, pour les accusations politiques, de la chambre des lords.
- 6Lieu où se réunit une assemblée qui porte le nom de chambre.
Chambre du conseil, pièce où les juges se retirent pour délibérer ; et, par suite, l'assemblée du tribunal qui statue sans publicité sur certaines affaires.
- 7Nom de diverses juridictions spécifiées par une seconde désignation. Chambres de l'édit ou mi-parties, chambres instituées par l'édit de Nantes et composées par moitié de catholiques et de protestants. Chambre des comptes, chambre qui a été remplacée par la cour des comptes. Chambre de justice ou chambre ardente, commission nommée pour connaître des malversations de deniers publics, etc. Plus anciennement, on nommait chambre ardente deux tribunaux qui prononçaient la peine du feu, l'un dans les cas d'hérésie, l'autre dans les crimes d'empoisonnement. Chambre aux deniers, bureau qui tenait la comptabilité de la bouche du roi.
Chambre ecclésiastique, chambre qui connaissait des dîmes.
Chambre apostolique, juridiction romaine où se traitent les affaires qui regardent le trésor et le domaine du pape.
Chambre impériale, cour de justice qui se tenait à Wezlar, depuis la ruine de Spire, et où l'on jugeait, par appel, tous les différends des princes et des villes de l'empire germanique.
Nom des sections de certains tribunaux. Chambres de la cour de cassation, des cours d'appel. Chambre d'accusation. Chambre civile. Chambre correctionnelle. Chambres réunies, réunion de toutes les sections (ou de plusieurs) d'une cour. Président de chambre. Chambre des vacations, chambre installée pour fonctionner en place des diverses chambres pendant les vacances.
Les chambres des anciens parlements.
Les présidents et doyens des conseillers de chaque chambre furent avertis de se trouver chez eux le 5 mai
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Grand chambre ou chambre du plaidoyer, première et principale chambre de chaque parlement où se tenaient les lits de justice
- 8Nom d'assemblées chargées de la discipline d'un corps, ou réunies en vue de certains intérêts. Chambre de commerce, d'assurance. Chambre des notaires, des avoués, des huissiers, des commissaires priseurs. Chambre syndicale, littéraire.
- 9En quelques villes on nomme chambre ce qu'à Paris on nomme cercle.
Chambre de rhétorique, au XVe siècle, dans les Pays-Bas, réunion de personnes pour se livrer à des travaux littéraires.
- 10 En termes d'optique, chambre noire, obscure (voir NOIR, adj.), chambre claire (voir CAMERA LUCIDA).
- 11Vide, cavité. Il se forme souvent des chambres à la fonte quand la matière coule mal ; le tir en produit aussi quelquefois dans les bouches à feu.
Qu'ils se fassent montrer les deux chambres ou concavités qui y sont [dans le coeur]
. [Descartes, Discours de la méthode]Chambre d'un mortier, d'un obusier, d'une mine, la cavité où se met la charge.
Fig. En jouant sur le sens de chambre et de vide. Il y a bien des chambres à louer dans sa tête, il est un peu fou.
Terme d'anatomie. Chambre antérieure de l'oeil, l'espace compris entre la cornée et la partie antérieure de l'iris ; chambre postérieure, l'espace compris entre la partie postérieure de l'iris et la face antérieure du cristallin.
Terme de ponts et chaussées. Chambre des portes, la partie d'une écluse dans laquelle les portes se meuvent.
Chambre de plomb, vaste pièce dans laquelle on fabrique l'acide sulfurique.
Chambre de vapeur, espace compris entre la paroi supérieure de la chaudière et la surface du liquide.
- 12Vide qu'on pratique dans une selle, un bât ou un collier de cheval.
Ouverture à la base d'une enclume.
Fente du peigne du tisserand par où passent deux fils.
Creux dans la verge de plomb où le vitrier insère les carreaux de vitre.
- 13 Terme de chasse. Endroit de la forêt où le cerf se repose pendant le jour.
Sorte de piége à loups.
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Des concavités dites chambres d'emprunt, d'où ont été extraites les terres employées à la construction des chaussées du chemin de fer. [Gazette des tribunaux]
Que les fièvres d'accès dont.... le requérant a subi les atteintes ont été en partie causées par les eaux stagnantes réunies dans les chambres d'emprunt creusées à peu de distance de son habitation pour y prendre les terres destinées aux remblais du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée. ib. 3e col.]
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