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cheval

nm (che-val)
  • 1Animal domestique de la famille des solipèdes, qu'on emploie à tirer ou à porter. Cheval de charrette, de carrosse, de main, de bataille. La bouche d'un cheval. Panser, étriller, ferrer, seller, brider un cheval. Un cheval fin, ardent, plein de feu, souple, léger à la main, obéissant. Cheval qui porte bien sa tête. Un cheval vicieux, ombrageux, pesant à la main. De rage et de douleur le monstre bondissant Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant. [Racine, Phèdre] J'ai vu, seigneur, j'ai vu votre malheureux fils Traîné par les chevaux que sa main a nourris. [Racine, ib.] Sous les pieds des chevaux cette reine foulée. [Racine, Athalie] On commença la course des chariots, que l'on distribua au sort ; le mien se trouva le moindre pour la légèreté des roues et pour la vigueur des chevaux. [Fénelon, Télémaque] Lâchant les rênes à ses chevaux fumants de sueur. [Fénelon, ib.] Mes chevaux s'animèrent et se mirent peu à peu en haleine. [Fénelon, ib.] Hippomaque poussant trop ses chevaux, le plus vigoureux s'abattit. [Fénelon, ib.] Mes chevaux, mieux ménagés que les siens, étaient en état de le devancer. [Fénelon, ib.] Malheureux, laisse en paix ton cheval vieillissant, De peur que, tout à coup efflanqué, sans haleine, Il ne laisse en tombant son maître sur l'arène. [Boileau, Epîtres]

    Cheval de relais, cheval tout préparé dans les postes pour prendre la place de celui qui vient de faire une traite. On avait préparé des chevaux de relais, sur lesquels ils furent sur-le-champ conduits à Leipsic, où on les enferma étroitement. [Voltaire, Histoire de Charles XII] Il en est ainsi de poste en poste dans le royaume ; vous changez de jurisprudence en changeant de chevaux. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard]

    Cheval de service, dans le langage de la féodalité, cheval dû par le vassal au seigneur.

    Tirer un criminel à quatre chevaux, écarteler un criminel, en attachant un cheval à chacun de ses membres.

    Fig. N'avoir ni cheval ni mule, être fort gueux.

    Chercher quelqu'un à pied et à cheval, faire toutes les diligences pour le trouver.

    C'est un cheval échappé, c'est un jeune homme qui n'écoute ni autorité ni conseil. Athamare est un jeune cheval échappé, amoureux comme un fou. [Voltaire, Correspondance]

    C'est un vrai cheval à la besogne, c'est un homme dur à la peine, grand travailleur. Mon esclave travaille comme un cheval, je le nourris mal, je l'habille de même. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard]

    Fig. et familièrement. Cheval de carrosse, cheval de bât, gros cheval, ou, simplement, cheval, homme rude, grossier, intraitable. C'est un vrai cheval. C'était [le chevalier de Nogent] une manière de cheval de carrosse qui était de tout temps ami de Saint-Pouange. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Comment, grand cheval de carrosse ! [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

    Fig. C'est le cheval de bât, se dit d'un homme chargé, dans une maison, dans une communauté, de la grosse besogne.

    Dans le pas d'un cheval, c'est-à-dire facilement, sans peine, sous les pieds. Croit-il que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d'un cheval ? [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Cinquante mille francs, c'est un joli denier ; et, comme on dit, ça ne se trouve pas tous les jours dans le pas d'un cheval. [Ch. de Bernard, le Gendre, § 6]

    Aux enseignes des hôtelleries, un tel loge à pied et à cheval, c'est-à-dire un tel donne le logement aux hommes et aux chevaux.

    Fig. C'est son cheval, son grand cheval de bataille, c'est l'argument dont il s'appuie, l'idée à laquelle il est attaché. La cérémonie est le cheval de bataille de la noblesse campagnarde. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Monter sur ses grands chevaux, prendre les choses avec résolution, avec hauteur, se gendarmer ; locution venue de ce que les chevaliers allant en guerre et chevauchant sur de petits chevaux montaient, pour combattre, sur de grands chevaux. Je vous vois montée sur vos grands chevaux. [Sévigné, 537] Dessus ses grands chevaux est monté mon courage. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] Voyant qu'elle montait sur ses grands chevaux. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Elle monta sur ses grands chevaux au lieu de se justifier. [Hamilton, ib. 11]

    Brider son cheval par la queue, s'y prendre à contre-sens dans une affaire.

    Fièvre de cheval, fièvre violente.

    Médecine de cheval, médicament très fort.

    Familièrement. Écrire à quelqu'un une lettre à cheval, écrire une lettre où on le gourmande vertement.

  • 2Homme de cheval, un cavalier. Une troupe de gens de cheval. Soit de gens de cheval ou soit de gens de pied. [Régn. Sat. X] Il n'y avait point de meilleurs hommes de cheval que les Égyptiens. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Du Plessis, écuyer de la grande écurie et le premier homme de cheval de son siècle. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Les Romains tireront de leurs alliés 700 000 hommes de pied, et 70 000 de cheval. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]

    Monter à cheval signifie quelquefois apprendre à monter à cheval. Il a monté à cheval sous un tel.

    Mettre quelqu'un à cheval, lui enseigner l'équitation. C'est un tel écuyer qui a mis ce jeune homme à cheval.

    En termes de manége, cheval de deux coeurs, celui qui ne se manie que par contrainte. Cheval dans la main, celui dont l'encolure, la tête et le corps sont dans un parfait équilibre. Cheval entier à une main, celui qui refuse de tourner d'un côté. Cheval de pas, celui qui va un grand pas fort à l'aise.

  • 3À cheval, loc. adv. Sur un cheval. Se promener à cheval. Montrez-lui comme il faut.... Passer les jours entiers et les nuits à cheval. [Corneille, Le Cid] Pour les faire monter à cheval. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] M. le Chantre sera toujours prêt à monter à cheval. [Bossuet, Lett. abb. 72] Sortis, il me demande : êtes-vous à cheval ? [Régnier, Satires]

    Elliptiquement, à cheval, messieurs ! c'est-à-dire montez à cheval.

    Par analogie, à califourchon, jambe deçà, jambe delà. Il était à cheval sur le haut du mur.

    Terme de guerre. Être à cheval sur un fleuve, sur une rivière, sur une route, avoir des troupes placées sur l'une et l'autre rive, sur l'un et l'autre côté de la route.

    Fig. Être à cheval sur quelque chose, n'en pas démordre, s'en prévaloir, y revenir sans cesse. être à cheval signifie aussi être solidement établi.

    Fig. Être mal à cheval, être mal dans ses affaires.

    Il se tient mieux à table qu'à cheval, se dit d'un écornifleur.

  • 4 nm pl. Terme de guerre. Cavaliers. Il avait dix mille hommes de pied, avec deux mille chevaux. C'était vous, intrépide Nemours, qui meniez ces fameux chevaux aux combats. [Chateaubriand, Les Natchez]

    Les grands chevaux, nom qui était donné aux quatre principales familles de la noblesse de Lorraine. Les petits chevaux, la noblesse inférieure de Lorraine.

  • 5Cheval fondu, jeu d'enfants dans lequel l'un saute par-dessus l'autre qui a le corps plus ou moins fléchi.
  • 6Cheval de bois, figure de bois sur laquelle on apprend à voltiger. [Il] fait crever les courtauds en chassant aux forêts, Court le faquin, la bague, escrime des fleurets, Monte un cheval de bois.... [Régnier, Satires]

    Anciennement. Cheval de bois, pièce de bois qui, taillée en arête et mise sur des tréteaux, servait à une punition de soldat. Ce soldat, ayant fait un faute, fut mis pendant deux heures sur le cheval de bois.

    Cheval de Troie, cheval de bois renfermant des guerriers dans ses flancs, au moyen duquel les Grecs prirent la ville de Troie.

    Les courtisans du cheval de bronze, s'est dit jadis à Paris des filous et personnes de mauvaise vie qui se tenaient sur le pont Neuf auprès de la statue d'Henri IV, pour y attraper quelqu'un.

  • 7Cheval de frise, en termes de guerre, grosse poutre carrée, traversée par trois rangs de pieux de bois, dont les bouts sont armés de pointes de fer, ainsi dite parce que cet engin a d'abord été employé dans la Frise.

    Cheval de frise ou patte de coq, espèce de support dans une fabrique de poteries.

  • 8 Terme d'astronomie. Un des noms vulgaires de la constellation de Pégase.

    Petit Cheval, constellation de l'hémisphère septentrional.

  • 9Cheval-vapeur ou simplement cheval, unité conventionnelle dont on se sert pour évaluer la force motrice des machines à vapeur, et qui équivaut à une force capable d'élever un poids de 75 kilogrammes à la hauteur d'un mètre dans l'unité de temps ou seconde.
  • 10Dans les carrières de marbre, on appelle cheval de terre, un espace où le marbre manque et qui se trouve rempli d'une masse de terre.

    Trou rempli de terre qu'on trouve quelquefois dans un bloc.

  • 11 Terme de zoologie. Cheval cerf, nom d'un mammifère observé en Chine et qui paraît être l'antilope gnus (ruminants) dite vulgairement gnou.

    Cheval du Cap, nom donné par quelques voyageurs au cheval quaccha, qui est le couagga de Buffon.

    Cheval marin, cheval de rivière, hippopotame, et plusieurs poissons.

    Cheval du bon Dieu, grillon.

    Cheval marin, animal fabuleux, qu'on représente avec le devant d'un cheval et le derrière d'un poisson.

  • 12 Terme de métier. Siége sur lequel l'ouvrier s'assoit pour façonner l'ardoise.

PROVERBES

Cheval de foin, cheval de rien ; cheval d'avoine, cheval de peine.

Fermer l'écurie quand les chevaux sont dehors, c'est-à-dire prendre des précautions quand le mal est arrivé.

Il fait toujours bon tenir son cheval par la bride, c'est-à-dire il fait bon être maître de ses affaires, de son bien.

Il est bien aisé d'aller à pied quand on tient son cheval par la bride, c'est-à-dire on souffre volontiers de petites incommodités quand on peut s'en délivrer aussitôt qu'on veut.

Des femmes et des chevaux, il n'en est point sans défauts.

Un coup de pied de jument ne fait point de mal au cheval, c'est-à-dire un homme doit prendre galamment les malices que lui font les femmes.

À un cheval hargneux, il lui faut une étable à part, c'est-à-dire il faut se tenir loin des hommes querelleurs, difficultueux, méchants.

Les chevaux courent les bénéfices, et les ânes les attrapent, c'est-à-dire les récompenses ne vont pas à ceux qui les méritent.Je lui ferai voir que son cheval n'est qu'une bête, c'est-à-dire je lui ferai voir qu'il se trompe lourdement. Je voudrais bien qu'elle eût soufflé devant moi et qu'elle s'avisât de traverser ce que j'aurais résolu ; je lui ferais bien voir que son cheval ne serait qu'une bête. [Hauteroche, Crispin médecin]

Qui aura de beaux chevaux si ce n'est le roi ? c'est-à-dire il n'est pas étonnant qu'un homme riche et puissant ait ce qu'il y a de mieux.

Il n'est si bon cheval qui ne devienne rosse, c'est-à-dire l'âge affaiblit les corps, les esprits les plus vigoureux. Et, en sens inverse, jamais bon cheval ne devint rosse.

À jeune cheval vieux cavalier, c'est-à-dire pour conduire un jeune cheval, et figurément, pour diriger des gens inexpérimentés, il faut un homme expérimenté.

Il est bon cheval de trompette, c'est-à-dire le bruit, les menaces ne l'effrayent pas.

Changer son cheval borgne contre un aveugle, changer une chose mauvaise contre une autre plus mauvaise encore.

À cheval donné on ne regarde point à la bouche, à la bride, c'est-à-dire un don est toujours bienvenu.

Il n'est si bon cheval qui ne bronche, c'est-à-dire le plus sage, le plus habile peut commettre des fautes.

Jamais cheval ni méchant homme n'amenda pour aller à Rome, c'est-à-dire on ne se corrige pas en voyageant.

L'oeil du maître engraisse le cheval, c'est-à-dire il faut surveiller ses affaires.

Après bon vin, bon cheval, c'est-à-dire quand on a un peu bu, on est plus hardi.

L'âge n'est que pour les chevaux, c'est-à-dire il ne faut pas s'enquérir de l'âge des personnes. Laissons l'âge à part ; aussi bien, comme on dit, il n'est que pour les chevaux. [Hauteroche, Crispin médecin]

À méchant cheval bon éperon, c'est-à-dire il faut de la fermeté dans les affaires difficiles.

SYNONYME

HOMMES DE CHEVAL, GENS DE CHEVAL. Les gens de cheval, c'est la cavalerie. Cette locution a toujours un sens collectif qui n'appartient pas à hommes de cheval ; c'est pour cela qu'on dit mille hommes de cheval, et qu'on ne peut dire mille gens de cheval.

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13Cheval de cheville, cheval attelé en cheville ; c'est le cheval de tête dans un attelage à deux chevaux ; quelquefois les traits de ce cheval sont simplement passés sur des chevilles fixées à l'extrémité des brancards ou limons. Un charretier, monté sur un cheval de cheville attelé à un tombereau, tomba, en traversant la plaine d'Ivry submergée, dans une fondrière... [Journal officiel]
14 Cheval de retour, se dit, dans l'argot des prisons, du criminel qui, enclin aux récidives, revient toujours à la prison, au bagne, etc. [P. Sarrazin, l'Opin. nationale, Supplément au n° du 28 avr. 1876, Feuilleton]
15Petit cheval, petite machine à vapeur auxiliaire.
Un petit cheval de la force de 12 chevaux nominaux.... à bord du Porcupine le petit cheval permettait de rentrer les dragues à raison de un pied par seconde. [A. Reclus, Rev. maritime et coloniale, juill. 1874 p. 160]

REMARQUE

1. Cheval fondu s'est dit, dans l'ancienne langue, du cheval qui s'est abattu : Le cheval.... joignit les quatre piedz et saillit bien quinze piedz ainsi comme pour saillir en l'eaue ; et quant le cheval trouva de ses piedz la terre dure, qui cuydoit trouver l'eaue, il va cheoir sur ses piedz de coup de meschef et fondit jusques à terre ; et quant le roy vit son cheval fondu, il regarde bas, et lui fut advis qu'il estoit en une rivière. [Perceforest] Cette locution donne la clé du jeu des enfants dit cheval fondu.

2. Parler à cheval, s'est dit, dans le XIVe siècle, pour parler orgueilleusement, rudement : Il a trop esté à repos ; E ! gar comme il parle à cheval, S'Artus estoit ou Parceval ; S'a il grant cuer. Théâtre franç. au moyen âge, Paris, 1839, p. 290] On peut voir, à l'historique, des exemples de cette locution, mais du XVIe siècle.

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