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connaître

vt (ko-nê-tr'), je connais, tu connais, il connaît, nous connaissons ; je connaissais ; je connus, nous connûmes ; je connaîtrai ; connais, connaissons ; que je connaisse, que nous connaissions ; que je connusse, que nous connussions ; connaissant ; connu
  • 1Savoir ce qu'est une personne ou une chose. Le loup qui la connaît, malin et défiant. [Régnier, Satires] Si vous m'aviez connu, vous l'auriez su prévoir. [Corneille, Sertorius] Après qu'on eut bien contesté, Répliqué, crié, tempêté, Le juge, instruit de leur malice, Leur dit : Je vous connais de longtemps, mes amis. [La Fontaine, Fables] Elle confesse humblement que, de ce jour seulement, elle commence à connaître Dieu, n'appelant pas le connaître que de regarder encore tant soit peu le monde. [Bossuet, Oraisons funèbres] Heureuse de connaître et d'aimer celui qui se connaît et s'aime éternellement [Dieu], l'âme a voulu, comme lui, faire elle-même sa félicité. [Bossuet, Oraisons funèbres] .... Pour un enfant qu'ils ne connaissent pas. [Racine, Athalie] Nourri dans le sérail, j'en connais les détours. [Racine, Bajazet] Ne connaissez-vous pas la voix de votre époux ? [Racine, Esther] Si, dès mes premiers ans, heurtant tous les mortels, L'encre a toujours pour moi coulé sur tes autels [de la chicane], Daigne encor me connaître en ma saison dernière. [Boileau, Le lutrin] Je lui dirais bientôt : je connais tous vos pères, Je sais qu'ils ont brillé dans ce fameux combat Où sous l'un des Valois Enghien sauva l'État. [Boileau, Satires] Je ne le connais plus que pour votre assassin. [Racine, Iphigénie en Aulide] Il devait me connaître, Il devait respecter un coeur tel que le mien. [Voltaire, Tancrède] Un vieux conteur de voyage, Qui vous dit d'un air ingénu Ce qu'on n'a ni vu ni connu. [Voltaire, Goût.]

    Se faire connaître, dire son nom, dire qui on est. Si le mari ne s'était fait connaître, Elle en allait enfiler encor plus. [La Fontaine, Mari confess.] La première fois que je vis M. Rebours, je me fis connaître à lui.... je lui demandai permission de le revoir de temps en temps. [Pascal, Lettres]

    Se faire connaître, appeler sur soi l'attention, montrer de quoi l'on est capable. Mes pareils à deux fois ne se font point connaître Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître. [Corneille, Le Cid]

    Se faire connaître, venir à la connaissance, en parlant des choses. Mais si la vérité par toi se fait connaître. [Voltaire, Zaïre]

    Ne vouloir pas être connu, garder l'incognito.

    Familièrement. Ne connaître ni Dieu, ni diable, n'avoir point de religion.

    Absolument. Ô âme, vous connaissez et vous aimez, c'est là ce que vous avez de plus essentiel, et c'est par là que vous ressemblez à votre auteur, qui n'est que connaissance et qu'amour. [Bossuet, Oraisons funèbres]

  • 2Avoir des relations d'affaires ou de société avec quelqu'un. Connaissez-vous beaucoup de monde en cette ville ?

    Familièrement. Je ne le connais ni d'Ève ni d'Adam, je ne le connais aucunement.

    Je ne connais autre, c'est l'homme que je connais le plus.

    Ne plus connaître quelqu'un, ne plus vouloir l'aborder ou en être abordé. Il ne me connaît plus depuis que je suis dans l'adversité. Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. - Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue. [Corneille, Horace]

  • 3 Terme de l'Écriture. Connaître une femme, avoir avec elle un commerce charnel. Joseph n'avait point connu Marie quand elle enfanta son fils premier-né. Nouveau Test. St Matthieu, ch. I] Nicoclès faisait gloire de n'avoir jamais connu d'autre femme que la sienne pendant tout le temps de son règne. [Rollin, Histoire ancienne] Adam connut sa femme ève, qui conçut et enfanta Caïn. [Voltaire, Phil. IV, 21]

    On dit aussi connaître charnellement.

  • 4Savoir, avoir appris, s'apercevoir. Je n'ai pas connu cet accident. Vous connaissez mon malheur, mes peines. Surpris de cette réponse, je connus bien que.... [Pascal, Les provinciales] J'ai connu que notre nature.... [Pascal, dans COUSIN] Ils connaissent que la gloire ne peut s'accorder qu'avec le mérite. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Les pilotes connaissaient que l'île était inaccessible. [Fénelon, Télémaque] Je connais que ces mages sont très utiles. [Voltaire, Babouc.]
  • 5Être devenu habile en. Il connaît les mathématiques, le grec, le latin. Il connaît toutes les ruses du métier. C'est un homme qui connaît bien la guerre. Je ne parle point de ce que je ne connais pas. Racine, c'est-à-dire l'homme qui après Virgile, a le mieux connu l'art des vers. [Voltaire, Mariamne, préface.]

    Familièrement. C'est un homme qui ne connaît rien, c'est un ignorant, il est étranger à tout.

    Absolument. S'instruire, s'éclairer. Le désir de connaître.

    Terme de manége. Connaître les éperons, les jambes, la bride, etc. se dit d'un cheval qui comprend les divers mouvements de son cavalier.

  • 6Discerner. Connaître le bien et le mal. Il ne connaît pas sa main droite de sa main gauche. À connaître un pourpoint d'avec un haut-de-chausse. [Molière, Les femmes savantes]

    Fig. Le fer ne connaîtra ni le sexe ni l'âge. [Racine, Esther]

  • 7Distinguer, reconnaître. Il me connut à la voix. Je ne l'ai vu qu'une fois, mais je le connaîtrais entre mille. Le chien connaît bien son maître. Si c'était lui-même, il pourrait me connaître. [Corneille, Le menteur]

    Absolument. Votre enfant embellit ; elle rit, elle connaît. [Sévigné, 21]

    Fig. Je ne le connais plus, ce n'est plus le même homme. Vous avez fait d'Idoménée le plus sage des rois, je ne le connais plus ni lui ni son peuple. [Fénelon, Télémaque] Ami, depuis deux jours je ne la connais plus. [Racine, Athalie]

  • 8Apprécier, juger. Je vous connaissais mal. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] J'ai mal connu César.... [Corneille, La mort de Pompée] Mon bras.... Ingrat, va me punir de t'avoir mal connu. [Voltaire, Brutus] J'ai mal connu les dieux ; j'ai mal connu les hommes, J'en attendais justice, ils la refusent tous. [Voltaire, La méroppe française]

    Connaître son monde, bien juger les gens à qui l'on a affaire.

  • 9Admettre. Ils ne connaissent de bonheur que dans la vertu. Mais ici mon pouvoir ne connaît pas le sien. [Racine, Mithridate]
  • 10Ressentir, être sujet à. On ne connaît point l'hiver à la Martinique. Au sortir du berceau, j'ai connu les revers. [Voltaire, Tancrède] Antoine, tu le sais, ne connaît point l'envie. [Voltaire, La mort de César] Les dieux qui vengent le parjure, Sont témoins si ma bouche a connu l'imposture. [Voltaire, La méroppe française]
  • 11Se soumettre. L'Angleterre ne connaît point la loi salique. Une armée romaine ne connaissait que la discipline. Il connaîtra des supérieurs. Je ne connais de maître que vous. Une liberté qui ne connaît aucune règle. [Bossuet, Pensées, 33]

    Il ne connaît plus rien, sa passion l'emporte. Quand il s'agit de ses intérêts, il ne connaît ni parents ni amis, il n'a pas plus de considération pour eux que s'ils lui étaient étrangers.

  • 12Ne connaître que, ne considérer que, tenir exclusivement à. Ne connaître que son devoir, que la règle. Ne connaître que ses intérêts. Je ne connais qu'une chose, c'est d'agir franchement.

    Familièrement. Je ne connais que cela, c'est la seule chose à faire. Il faut que vous obéissiez, je ne connais que cela.

  • 13 vi Terme de procédure. Connaître de, avoir caractère pour juger ou faire des actes d'instruction en certaines causes. Ce tribunal, ce juge connaît des matières civiles, criminelles. Le roi voulut connaître de l'affaire. [Vaugelas, Q. C. liv. X, dans RICHELET] Quelque bruit que fît le nonce d'abord, de ce qu'on ne prenait pas des ecclésiastiques pour connaître d'une matière ecclésiastique. [Pascal, Les provinciales] Ils obtinrent un arrêt du conseil, qui défendit au parlement de connaître de cette affaire. [Pascal, ib.] Le préteur qui connaissait des crimes dont on l'accusait [Pison]. [Perrot, Tac. 123]

    Par extension. S'il s'agit enfin d'un point de fait, nous en croirons les sens, auxquels il appartient naturellement d'en connaître. [Pascal, Les provinciales] L'autorité y est inutile ; la raison seule a lieu d'en connaître. [Pascal, Vide.]

  • 14Se connaître, vpron Savoir qui on est. De tous trois ce désordre en un jour me fait naître Pour me faire mourir enfin sans me connaître. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] De grâce, dites-moi, vous connaissez-vous bien ? [Corneille, Don Sanche] Vos destins sont comblés, vous allez vous connaître. [Voltaire, Œdipe]

    Fig. .... Si jeune encor se connaît-il lui-même ? D'un regard enchanteur connaît-il le poison ? [Racine, Britannicus]

  • 15Se connaître, avoir la connaissance de ce qu'on est, de ses penchants, de ses forces. Connais-toi toi-même. Sous lui [Louis XIV] la France apprit à se connaître ; elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas. [Bossuet, Oraisons funèbres] Je crains de me connaître en l'état où je suis ; De tout ce que tu vois, tâche de ne rien croire ; Crois que je n'aime plus ; vante-moi ma victoire. [Racine, Andromaque] Je ne me suis connu qu'au bout de ma carrière. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

    Ce malade ne se connaît plus, il n'a plus sa connaissance.

    Ne plus se connaître, être hors de soi, s'abandonner sans frein à son emportement. Guide-moi, Dieu puissant, je ne me connais pas. [Voltaire, Zaïre] Alors cette femme ne se connaît plus ; elle se répand en invectives, en menaces. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]

    Ne pas se connaître, méconnaître sa condition, élever trop haut ses visées. Martian se connaîtrait si peu Que d'oser... [Corneille, Othon]

  • 16Se connaître, être de connaissance, être lié. Ils se connaissent l'un l'autre depuis longtemps.

    Fig. Adieu, monde fuyant, nature, humanité, Vaine forme de l'être, ombre d'un météore, Nous nous connaissons trop pour nous tromper encore. [Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses]

  • 17Se connaître à ou en, pouvoir bien juger d'une matière. Il se connaît en livres, en tableaux. Je vois bien que je ne me connais guère en péché. [Pascal, Les provinciales] Je ne me connais pas trop mal en amitié. [Sévigné, 3] ... Je suis quelque peu du métier, à me devoir connaître en un pareil gibier. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Jupiter qui sans doute en plaisirs se connaît. [Sévigné, Prol. Amph.] Ceux qui se connaissent en hommes. [Fénelon, Télémaque] Les femmes se connaissent plus finement à bien faire les choses, parce que l'avantage de plaire leur est naturel. [Le Chevalier de Méré, dans RICHELET] La suite des paroles de M. Jurieu fera bien voir qu'il ne se connaît pas mieux en morale qu'en christianisme. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Le héros [de la satire de Boileau sur la noblesse] était bien choisi et par sa naissance et par sa réputation de se connaître en vers, et par son inclination à favoriser le mérite. [Fontenelle, Dangeau.] Moi, j'en crois ceux qui s'y connaissent, Les anciens préjugés renaissent. [Béranger, Vieux habits.]
  • 18En parlant des choses, être jugé, apprécié. L'arbre se connaît à ses fruits.

    Impersonnellement, il se connaît, on connaît, on voit. Que sa façon est brave et sa mine assurée ! Qu'elle a fait richement son armure étoffer ! Et qu'il se connaît bien, à la voir si parée, Que tu vas triompher ! [Malherbe, II, 12]

REMARQUE

Se connaître à, pour dire être habile dans, ne peut s'expliquer par connaître soi-même. C'est une locution qui a une autre explication ; connaître est ici verbe neutre, signifiant être habile, entendu, et le pronom réfléchi y est joint comme dans plusieurs verbes neutres. Voir au mot APERCEVOIR, Remarque 1, où cela est expliqué. On trouve des exemples de se connaître à dès le XIIIe siècle.

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CONNAÎTRE. - REM. Ajoutez :

2. Au XVIe s. cognoistre se prononçait conoistre, le g ne se faisant pas sentir (voy. LIVET, la Gramm. franç. p. 168).

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